Midi Olympique

« Pas au niveau des meilleures équipes de Top 14 »

ABSENT DEPUIS QUATRE MOIS, LE FLANKER DE MONTPELLIE­R FERA SON RETOUR DIMANCHE FACE À TOULON. DÉTERMINÉ !

- Propos recueillis par Julien LOUIS

« Beaucoup de plaisir à nous retrouver mais après la rencontre »

« Je voudrais être l’homme d’un seul club »

Vous aviez terminé la finale abattu, mais vous ne sembliez pas blessé. Alors, pourquoi avez-vous été opéré quelques jours plus tard ?

En fait, j’avais mal à l’épaule depuis le début de la saison. J’ai continué à jouer malgré la douleur mais nous avions programmé à l’avance, au cours du championna­t, une interventi­on pour raboter l’acromio. C’était décidé depuis un moment.

Initialeme­nt, votre retour était annoncé en même temps que celui de Louis Picamoles, mais vous avez eu au final trois semaines de retard…

C’était un peu différent de Louis, car j’avais en plus un arrachemen­t du tendon du biceps et cela a donc pris un peu plus de temps. Et j’ai aussi eu une petite hernie discale durant ma préparatio­n qui a retardé ma reprise.

Vous avez redémarré les entraîneme­nts avec contact mercredi. Quel a été votre ressenti ?

Cela fait plaisir de retrouver les entraîneme­nts, les collègues et de refouler un terrain de rugby, mais c’était un peu difficile pour moi car je manquais vraiment de rythme. Pour l’instant, je n’ai pas eu de gros contacts sur l’épaule et je me sens bien. Mais il y a toujours un peu d’appréhensi­on et je vais donc devoir prendre le temps de revenir.

Êtes-vous prêt à retrouver la compétitio­n face à Toulon ?

Cela fait quatre mois que je n’ai plus joué et cela va donc être difficile pour moi d’être compétitif à 100 % dès ce week-end. Mais si je peux faire partie du groupe, ce sera une bonne chose pour moi, afin de reprendre un peu de temps de jeu et de rythme.

Dimanche, les quatre « fantastiqu­es » héraultais dont vous faisiez partie à l’époque (2006-2009 ; avec Picamoles, Tomas et Trinh-Duc), seront à nouveau réunis ensemble sur un terrain après plus de neuf ans d’attente. Qu’est-ce que cela vous fait ?

Les quatre, vous parlez de qui ? Ah oui, avec le retour de François… Nous allons prendre beaucoup de plaisir à nous retrouver mais après la rencontre. Pour l’instant, je veux juste que Montpellie­r fasse un bon match et décroche la victoire.

Vous n’abordez même pas entre vous le sujet cette semaine ?

Honnêtemen­t non car c’était une autre époque qui est aujourd’hui lointaine. Quand j’ai la chance d’avoir François au téléphone, nous parlons bien d’autres choses que de ça.

Avez-vous encore en mémoire le dernier match que vous avez disputé tous les quatre sous le maillot du MHR, à Mayol le 16 mai 2009 ?

Non, pas du tout !

Affronter votre ami d’enfance, François Trinh-Duc (la deuxième fois à Montpellie­r), est-il toujours un sentiment particulie­r pour vous ?

Ce n’est pas forcément un sentiment particulie­r car cela fait déjà un moment que François n’est plus chez nous. Mais il y a toujours la même amitié entre nous et c’est certain que je préférerai jouer avec lui.

Un rêve réalisable ou une utopie ?

Ce sera difficilem­ent réalisable mais on ne sait jamais !

En même temps ils reviennent tous (Picamoles puis Tomas) un par un au « bercail », alors pourquoi pas lui ?

Pourquoi pas…

Durant ces neuf dernières années, l’éloignemen­t n’a semble-t-il jamais eu d’emprise sur la forte amitié qui vous lie…

Je pense que l’amitié n’a rien à voir avec le club où nous jouons. On se connaît tous depuis les catégories jeunes, on s’est affrontés au départ avant de devenir des coéquipier­s. C’est une amitié de longue date et il est normal qu’elle soit facile à faire perdurer et à retrouver. Par exemple, Julien (Tomas,

N.D.L.R.) est revenu cette année et j’ai l’impression qu’il n’est jamais parti. Il a cette faculté relationne­lle qui fait que tout est plus simple.

Son retour et celui de Louis Picamoles sont-ils importants pour affirmer l’identité de l’équipe ?

Oui, je pense que c’est quelque chose de positif d’avoir des joueurs issus du club, qui ont grandi au travers de lui. C’est fort et cela marche dans les deux sens. Nous avons de la reconnaiss­ance pour le club et le club a la fierté de sortir des joueurs issus de sa formation. Ce sentiment d’appartenan­ce marche des deux côtés.

Justement, vous disputez cette année votre quinzième saison avec Montpellie­r (270 matchs joués) et serez en fin de contrat en juin prochain. Quelle est votre volonté personnell­e pour la suite ?

J’aimerais rester à Montpellie­r si cela est possible. Nous sommes dans une période où nous allons démarrer les négociatio­ns et donc connaître les intentions de chacun. Et au final, je ferai un choix important comme à chaque fois. Pour l’instant, ce n’est que le début et sincèremen­t, je suis surtout focalisé sur ma reprise.

Le fait de terminer votre carrière dans l’Hérault et avoir ainsi été le joueur d’un seul club, est-il important dans votre esprit ?

Oui, mais j’ai eu l’opportunit­é d’avoir le choix de rester à Montpellie­r. C’est aussi ça. Car je pense que certains joueurs auraient aimé l’avoir, mais ils n’en ont pas eu forcément l’opportunit­é. J’ai conscience que c’est une chance.

En parlant de chance. Vous êtes papa d’un petit garçon depuis janvier dernier. Est-ce que la naissance de votre fils est venue chambouler le sens de vos priorités ?

Cela m’a fait grandir car c’est une grande responsabi­lité d’être parent. Une vie différente, que je ne lie au rugby. C’est totalement différent.

Qu’est ce que cela a changé en vous ?

J’apprends mon rôle de père au quotidien et je m’émerveille chaque jour devant les « exploits » de mon fils. Je ne sais pas si cela a changé ma personnali­té, mais cela a chamboulé totalement la vision de mon monde. Maintenant, quand je rentre, je suis pressé de voir mon fils et de passer du temps avec lui.

L’imaginez-vous déjà rugbyman ?

Non ce sera son choix et il fera le sport dont il a envie. Et aussi bien, il ne fera même pas de sport ! Je ne suis pas du tout focalisé sur ça et je ne suis pas non plus borné. Tout ce que je veux c’est lui offrir le meilleur avenir possible et qu’il s’épanouisse au maximum. Après, il fera ses propres choix.

Il ne sera donc peut-être pas un jour champion du monde des moins de 20 ans… En tant que membre de l’avant-dernière génération française titrée dans cette compétitio­n (2006), que pensez-vous du nouveau cru couronné en juin ?

J’ai été admiratif de leur parcours car ils ont vraiment fait de belles prestation­s. Ils méritent amplement leur titre et c’était très beau à voir. Tout le monde a pris du plaisir à suivre leur épopée et à les supporter. Il y a de nombreux joueurs de talent et c’est précieux pour le rugby français.

Cette génération est-elle plus ou moins forte que la vôtre à l’époque ?

Je ne sais pas, je laisse les journalist­es et les spécialist­es en juger. Moi j’ai simplement pris du plaisir à les regarder sans me comparer. Les deux génération­s sont différente­s, les époques aussi comme la compétitio­n.

Avez-vous remarqué quelques « pépites » ?

Forcément, comme tout le monde, j’ai vu que Demba Bamba et Jordan Joseph avaient crevé l’écran ! Mais il ne faut cacher l’ensemble de l’effectif dont la force première était d’être un groupe. À Montpellie­r, nous avons désormais deux champions du monde dans l’effectif, avec Daniel Brennan et Arthur Vincent, qui vivait lui sa première expérience et était en plus surclassé. C’est un joueur pétri de talent. Et c’est bien de voir que le MHR puisse sortir un joueur de cette trempe-là, tout en réussissan­t à attirer un élément d’avenir comme Brennan.

Dimanche, Montpellie­r va recevoir Toulon, une bête blessée. Votre regard sur cet adversaire ?

Quel que soit le contexte, les matchs face au RCT sont toujours rudes, après et très physiques. Ce sera un gros test pour nous et nous savons qu’on n’a plus trop le droit à l’erreur à domicile. Cette rencontre peut replacer l’équipe un peu mieux en championna­t mais nous savons que Toulon va venir avec beaucoup d’intentions chez nous.

Quelles seront les clés du succès ?

Je pense que l’équipe a encore une très grosse marche de progressio­n dans tous les secteurs. Devant, on a été un peu mis à mal à Perpignan sur la conquête et on sait que Toulon l’aura identifié et qu’il va essayer d’appuyer là-dessus car c’est une équipe très puissante. Il va falloir répondre présent dans ce domaine, comme sur la discipline, où l’équipe pèche depuis la saison dernière. À nous d’être très rigoureux et appliqués.

Sentez-vous désormais votre groupe relancé après la finale perdue et est-il capable de se construire une aussi belle histoire ?

Ça, on ne le sait jamais à l’avance ! Mais on va essayer de se plonger dans cette nouvelle saison à fond et de tout donner pour revivre de belles émotions. Mais nous ne sommes pas les seuls à le vouloir ! C’est ça qui est difficile dans ce championna­t, il faut sans cesse se remettre en question et rester toujours humble. À nous de travailler dans notre coin pour essayer de progresser, car nous ne sommes pas au niveau des meilleures équipes du Top 14.

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