PABLO UBERTI, LE PRÊT A PORTÉ
ALIGNÉ FACE AU CLUB QUI LE PRÊTE, LE JEUNE LANDAIS S’EST PARFAITEMENT ACQUITTÉ DE SA TÂCHE EN JOUANT LE RÔLE DE CHAÎNON QUI MANQUAIT AU CENTRE DE L’ATTAQUE ISÉROISE. DE QUOI SE FAIRE REGRETTER…
Àquoi bon disposer d’une conquête fiable en mêlée et d’ailiers supersoniques, si c’est pour ne jamais s’en servir pour les servir ? Voilà, en creux, autour de quelle question philosophique a tourné la réflexion des entraîneurs du FCG, cette semaine. « Cela fait partie des mea culpa que nous avons eus au sein du staff après le match de Lyon, confirmait l’entraîneur Dewald Senekal. L’objectif, c’était de tenter plus de choses, et d’arrêter de taper dans un mur. À Gerland, j’ai le souvenir d’une séquence de 19 temps de jeu pendant laquelle nous étions allés chercher à 15 reprises le défi direct… Ce qu’on voulait, c’était trouver des solutions pour parvenir à mettre davantage nos ailiers en valeur. » Parmi lesquelles s’est imposée une évidence : celle de relancer au centre de l’attaque Pablo Uberti au détriment d’un Taleta Tuuoa dont l’association avec Taufa, pour solide qu’elle soit, n’était pas vraiment la plus complémentaire… Un choix dicté par les contingences stratégiques donc, mais salé par un contexte des plus étonnants, puisque Uberti demeure par contrat un joueur de l’UBB, seulement prêté au FCG ! « Ça fait bizarre de jouer contre lui, dans d’autres sports, ce serait même impossible, souriait le capitaine bordelais Jefferson Poirot. Je suis en tout cas content de voir qu’il se sent bien à Grenoble, où je pense qu’il va s’épanouir. » « C’est la politique du club que de prêter les jeunes talents dont on pense qu’ils n’auront pas beaucoup de temps de jeu chez nous, pour qu’ils puissent s’exprimer, lâchait le manager girondin Rory Teague. J’imagine qu’il avait à coeur de remporter ce match. Même si nous avons perdu, je suis au moins content pour lui, car il a montré de très belles choses. »
ENTENTE PARFAITE AVEC KILIONI
Le manager bordelais a, pour le moins, le sens de la litote. Car à l’évidence, Pablo Uberti joua un rôle majeur ans la victoire des siens, à savoir celui du chaînon qui manquait depuis quelques semaines à l’attaque du FCG. La meilleure preuve ? Elle réside dans ces deux interventions sur des attaques en première main après mêlée, qui virent le centre isérois manoeuvrer dans un classicisme parfait pour ménager à son arrière Gaëtan Germain des intervalles gagnants sur des « sautées un » toutes simples, préludes aux essais de Fifita et Fourcade. « Si les choses simples marchent, pourquoi s’en priver ? s’amusait Uberti. C’est un style de jeu que j’affectionne et contre l’UBB, c’est passé. Mais rien ne dit que cela fonctionnera dans un autre match, face à un autre adversaire. »
Certes. Sauf que la combinaison avait déjà marqué face à Toulouse, pour un remarquable essai de Kilioni. De quoi souligner l’entente parfaite entre le centre et son ailier, des plus palpables sur l’essai que le duo offrit à Adrien Latorre après un superbe échange en bout de ligne. « J’aime beaucoup évoluer aux côtés de Pablo car dès qu’il a le ballon, c’est un joueur qui a tendance à rechercher les extérieurs, à faire jouer après lui, confiait Kilioni. Pour un ailier, c’est génial. » « Avec sa vitesse et son intelligence, Pablo est naturellement capable d’aller chercher les extérieurs, savourait Senekal. On l’a vu aujourd’hui : au lieu de se rassurer sur des crochets intérieurs, nos joueurs ont visé l’épaule extérieure, ont cherché à faire la passe de plus. C’était très intéressant. »
« LES TROIS MINUTES LES PLUS LONGUES DE MA CARRIÈRE »
Des louanges qui ne faisaient toutefois pas tourner la tête du jeune Landais, encore tout retourné par une fin de match irrespirable. « Ces trois dernières minutes étaient insoutenables, les plus longues de ma carrière, tellement j’avais à coeur de gagner contre l’UBB… J’ai essayé d’aborder cette rencontre comme si c’était un match ordinaire, en faisant abstraction du contexte, même si on le garde toujours dans un coin de la tête. Je ne l’ai pas pris comme une pression, plutôt comme une motivation supplémentaire. » Une approche en tous points gagnante, et qui a assurément fait naître quelques regrets dans le camp adverse. De quoi augurer d’un retour en Gironde à l’issue de la saison ? « Pour l’avenir, je ne me projette pas, jurait Uberti. J’essaie de vivre les choses comme elles viennent. » Une perspective pour laquelle Rory Teague semblait toutefois s’être forgé une conviction. « À ce que je sache, son prêt ne dure qu’un an, non ? » lançait malicieusement l’Anglais. C’est ce qu’il paraît, oui. En tout cas, celui-ci a d’ores et déjà bel et bien porté ses fruits… ■