ASCENSEUR ÉMOTIONNEL
LES HÉRAULTAIS DOMPTENT TOULON ET DÉCROCHENT UN TROISIÈME SUCCÈS CONSÉCUTIF QUI LEUR PERMET DE REMONTER À LA QUATRIÈME PLACE. UNE DÉMONSTRATION DE FORCE IMPRESSIONNANTE.
Un duel alléchant, Nemani Nadolo (cheville, blessé durant le « captain run » samedi) contre Joshua Tuisova avorté, un essai de Johan Goosen (blessé à la cheville sur cette action, fracture soupçonnée, deux à trois mois d’absence) marqué d’entrée de jeu après un geste magnifique de Serfontein refusé… Puis enfin, la rédemption de Timoci Nagusa brisée net après son essai et un coup de pied manqué (ischios, trois semaines minimum). Dimanche au GGL Stadium, toute émotion positive était immédiatement refrénée par un fait de jeu négatif. Un ascenseur émotionnel déconcertant, qui aurait pu entraîner la chute libre d’un MHR, privé à la pause après ces multiples péripéties, de ses trois facteurs X jusqu’alors si précieux. Et pourtant, l’inverse s’est produit.
Dans l’adversité et face aux difficultés, cette équipe a confirmé qu’elle avait bien une âme. Pour décrocher son « match référence », dixit Jan Serfontein ; après lequel elle court depuis le début de saison. Vern Cotter : « Tout le monde a répondu présent et les joueurs se sont donné un coup de main les uns aux autres. Et j’ai vraiment trouvé cet état d’esprit très positif. »
SOLIDARITÉ DÉFENSIVE EXEMPLAIRE
Et comme un symbole, c’est dans les pas d’un excellent Louis Picamoles, nommé homme du match et auteur d’un essai (son cinquième), que les Cistes ont « marché » sur Toulon. Illustration parfaite : c’est le ballon « gratté » par le leader des Bleu et Blanc (19e) après une touche « suicidaire » du RCT devant ses cinq mètres, qui amena la superbe double sautée de Ruan Pienaar, décisive sur l’essai de Benjamin Fall. Une action révélatrice également d’une force héraultaise retrouvée depuis Perpignan et confirmée face aux Varois : la défense.
Hormis sur l’essai de Daniel Ikpefan où trois locaux ont raté leurs plaquages, le MHR a fait preuve d’une solidarité défensive impressionnante. Efficaces et agressifs sur chacune de leur intervention, les Bleu et Blanc ont étouffé l’attaque varoise pour la rendre (quasi) impuissante malgré une redoutable densité physique : « Pendant soixante-dix minutes nous avons mis une belle agressivité en étant forts et solidaires sur notre défense », ajoute Picamoles.
Très performants sur le jeu au sol où ils ont récupéré au total trois pénalités, les coéquipiers de Kélian Galletier hyperactif, ont aussi réussi à contrer la majorité des tentatives de mauls adverses et à voler également deux munitions à l’alignement rouge et noir, sur des pénaltouches à cinq mètres de la ligne d’en-but héraultaise. Seule ombre au tableau, ce relâchement des dix dernières minutes qui coûta aux Héraultais un second bonus offensif après celui laissé face à l’Usap… Mais c’est aussi un retour défensif venu de nulle part de Gabriel N’Gandebe dans le temps additionnel, qui priva les visiteurs d’un potentiel bonus défensif.
MEILLEURE PRESTATION OFFENSIVE
Le MHR a livré dimanche sans contestation possible, sa meilleure prestation offensive de la saison. Malgré la sortie prématurée de leur leader d’attaque, Goosen, ils ont parfaitement su se réorganiser pour ne pas perdre le fil de leur rugby. Grâce notamment à un Alexandre Dumoulin qui a tenu son rang à l’ouverture, un poste où il n’avait joué que cinq minutes l’an passé (et n’avait plus été titulaire depuis ses vingt ans) et surtout, à un Jan Serfontein des grands soirs.
Joueurs comme jamais, les locaux n’ont pas hésité à relancer de leurs camps et à multiplier les temps de jeu pour trouver de l’avancée et de la continuité. Une première cette année, à l’instar du grand nombre de passes après contacts effectuées et de l’alternance montrée dans les choix tactiques. Là où le jeu au pied est souvent trop utilisé… Montpellier a ainsi prouvé qu’il pouvait être dangereux sans ses armes fatales, un constat qu’il était jusqu’alors impossible à faire. Collectivement, les Héraultais montent en puissance depuis leur prise de conscience face à Toulouse, en enchaînant un troisième succès consécutif qui leur permet de remonter à la quatrième place du classement. Et s’il a perdu deux éléments clés face à Toulon, le MHR a envoyé un signal fort à ses concurrents avant le début de la coupe d’Europe (privé de trois numéros dix samedi prochain : Goosen, Cruden et Steyn) : le « rouleau compresseur » héraultais, magnifié par un pack à nouveau redoutable, a repris sa marche en avant malgré les coups du sort. « Maintenant il faut savourer cette belle victoire sans pour autant s’en satisfaire », conclut le capitaine. Quel ascenseur émotionnel… ■