DÉFAILLANCE CHRONIQUE
LIGUE NORMANDIE PRÉSIDENTS DÉMISSIONNAIRES ET ABSENCES DE CADRES TECHNIQUES ONT RÉVÉLÉ LES DYSFONCTIONNEMENTS D’UNE LIGUE QUI CHERCHE À SE RELANCER.
Les principaux dirigeants de la Fédération se rendront le 19 octobre à Thuit-Signol au siège de la Ligue normande pour évaluer la situation de ce territoire qui depuis le départ de la saison, montre des signes inquiétants de dysfonctionnement. Il y a un mois, la démission du président de la Ligue Dominique Barthélémy, qu’il avait posé sur la table sans donner aux clubs aucune justification, avait fini de semer le trouble. « Je n’avais pas mesuré à quel point ce poste était chronophage et je ne pouvais pas l’assumer », nous a-t-il confiés en début de semaine dernière après un long silence, quelques jours avant de faire parvenir finalement un courriel explicatif à tous les clubs. Chronophage, sans doute, la fonction, reprise dans l’urgence par le président de l’Aigle Jacky Vimbert, demandait un engagement sans faille pour remettre sur pied ce territoire parti à vaux l’eau. La démission de Dominique Barthélémy n’était qu’une manifestation supplémentaire des dysfonctionnements de tous les rouages. Le département de la Seine-Maritime, le plus important de la Ligue qui concentre près de 50 % des licenciés, ne possède plus de président depuis la démission du titulaire Pascal Fereol. Personne ne s’est encore désigné pour le remplacer. Ce comité départemental n’a plus de tête. À quoi il faut ajouter les départs de quatre cadres techniques, les démissions de trois d’entre eux s’étant additionnées au départ en retraite de Roger Barrou-Dagues. « Avec la constitution des Ligues, on nous disait qu’on allait nous recevoir pour discuter de notre avenir, et nous n’avons jamais été reçus. On nous a négligés », expliquait l’un d’entre eux. Si bien que la Ligue qui a fonctionné pendant un long moment sans aucun cadre technique, n’a pas été
en mesure d’assurer aucune de ses missions. « On ne parlait plus de rugby, on ne parlait plus de rien, puisqu’il n’y avait plus rien à faire », raconte un membre du comité directeur démissionnaire. Les clubs s’arrangeaient entre eux pour organiser leurs plateaux d’école de rugby. Et heureusement, le projet rouennais qui entraîne tout le monde dans son sillage, a entretenu la flamme de la formation. Greg Bouly, salarié de Rouen Normandie et responsable de la commission sportive de la ligue, et Samy Tazaoui, salarié du Havre, utilisent leur créneau pour maintenir un trait d’union entre les clubs. En somme, les missions de « service public » dévolues à la Ligue, ont été assurées par le « privé ». « Tout ceci est la conséquence d’une longue dégénérescence, avance le secrétaire général Jean-François Dreyer. Le troisième mandat de Jean-Claude Gosselin a sans doute été le mandat de trop. Nous avons ronronné plutôt que de rénover notre façon de fonctionner. Le décès de son remplaçant Patrick Le Hiress a jeté un trouble ensuite. Et nous n’avons pas reçu réponse de la Fédération à notre demande de pouvoir embaucher rapidement des cadres techniques de club. Le tout a créé cette situation que nous avons essayé de gérer comme on a pu. »
UN TERRITOIRE PRIORITAIRE ?
Depuis ces défaillances en cascade, les responsables normands ont essayé de colmater les brèches. Ils avaient embauché dans l’urgence au mois de septembre Mickael Guyot pour disposer au moins d’un cadre technique. La mise à disposition du cadre d’état Guillaume Coméat a aussi produit son effet, mais sans pouvoir répondre évidemment à toutes les exigences de ce territoire en friche. Le 19 octobre, entre les responsables Normands et les élus fédéraux, la possibilité de pouvoir embaucher de façon anticipée les fameux cadres techniques de clubs, que Bernard Laporte s’était engagé à mettre à disposition des ligues, sera au centre des débats. « Il nous en faut cinq », comptait Jean-François Dreyer, au sortir d’une réunion avec les élus du conseil régional portant sur un autre sujet. À l’initiative de l’ancienne équipe dirigeante, la Normandie veut organiser un grand tournoi international de rugby à 7, le « Dday Tournoi », auquel seraient invitées toutes les Nations qui ont participé au débarquement. Ils ont reçu un accord de principe des élus régionaux. Un grand projet, « un projet fédérateur pour tous les clubs », dit Jean-François Dreyer, pour lequel les dirigeants normands ont un an devant pour construire un dossier solide de demande de subvention. Le premier projet mis en chantier depuis longtemps.