Midi Olympique

« JE VEUX FAIRE DU RUGBY»

- Par Marcel RUFO

Mes pensées s’envolent souvent vers Pompadour. Pierrot Villepreux m’a fait l’honneur, il y a quelques années, de participer au stage qu’il organise et anime avec ses élèves et amis au bénéfice de jeunes de tous horizons pratiquant le rugby. Il a été, le Pierrot, honoré, en septembre, par le World Rugby hall of game, entrant de ce fait parmi les légendes du rugby. Lui, qui en toute modestie transmet et transmet encore. Il faudrait, sans doute, que ceux qui ne voient le jeu que sur le plan de l’économie, des recettes et des retombées publicitai­res repensent aux valeurs, bien loin du pognon qui font que les enfants et les adolescent­s, filles et garçons, disent un jour à leurs parents : « Je veux jouer au rugby. » Bien sûr il y a les traumatism­es mais de tous temps on saignait du nez, du crâne et on s’explosait les arcades soucillièr­es. Mais, oserais-je dire que c’étaient des blessures initiatiqu­es et que l’on garde, amoureusem­ent, quelques cicatrices des combats d’antan. Même pas mal ! Et je retourne en mêlée ! Bien sûr, les neurologue­s ont raison d’imposer des protocoles préventifs. On peut jouer longtemps, « à toucher » quand on est petits et montrer par l’évitement que l’on a du talent. Une statistiqu­e passionnan­te serait la courbe des adhésions, des inscriptio­ns aux différents clubs. Quel jeu pratiqué, quelle alliance avec les parents ? Qu’en est-il des adhésions à Toulouse, La Rochelle ou Lyon ? Ça augmente ? Ça diminue ? La propositio­n de faire carrière ou d’éprouver du plaisir ? Les enfants, les ados que je rencontre dans ma pratique me parlent tous de foot, évidemment ! De hand mais de moins en moins de tennis et de rugby. Tiens, l’autre jour, à cause des « Dragons » et leur historique victoire, un garçon passionné de rugby à treize, que l’on salue bien bas. Mais, au risque de se répéter, quel club aura l’intelligen­ce de faire jouer les juniors en ouverture, puis les espoirs, avec le regard aiguisé des connaisseu­rs pour les talents prometteur­s et puis « la rafale » l’ancienne réserve, les besogneux fous d’amour pour leurs clubs. On peut se rejouir des commentair­es des commentate­urs après le match. Après avoir zappé de façon addictive pour ne rien rater de toutes les parties mais rien ne vaut l’odeur du stade, on perçoit même le parfum du baume du tigre, du dolpic disparus comme l’éponge magique des soigneurs d’antan. On se souvient des odeurs des combats passés. Et puis, la bière, en pression, bien sûr, pas de pub les gars ! Avec les amis, les joueurs et ceux que l’on ne connaît pas. Comme les politiques, les jeunes ne sont pas des électeurs. On peut, on doit aider le rugby des villages, superbe réserve électorale, mais ce sont les jeunes pratiquant­s qui sont l’avenir et s’ils diminuent le risque est majeur de régression puis de disparitio­n car la chance c’est un enfant qui dit : « Je veux jouer au rugby. » Et qui un jour recevra le maillot frappé du Coq par un aîné glorieux. Ce jourlà, les statistiqu­es auront prouvé leur utilité. Sinon gaffe au désamour, au déferlemen­t de la nostalgie. Allez ! Chaque fois qu’un enfant rejoint la famille du rugby, il nous ressuscite. Comme si nous retournion­s à Pompadour, comme si nous décidions, une fois pour toutes, de jouer au rugby.

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