« JE VEUX FAIRE DU RUGBY»
Mes pensées s’envolent souvent vers Pompadour. Pierrot Villepreux m’a fait l’honneur, il y a quelques années, de participer au stage qu’il organise et anime avec ses élèves et amis au bénéfice de jeunes de tous horizons pratiquant le rugby. Il a été, le Pierrot, honoré, en septembre, par le World Rugby hall of game, entrant de ce fait parmi les légendes du rugby. Lui, qui en toute modestie transmet et transmet encore. Il faudrait, sans doute, que ceux qui ne voient le jeu que sur le plan de l’économie, des recettes et des retombées publicitaires repensent aux valeurs, bien loin du pognon qui font que les enfants et les adolescents, filles et garçons, disent un jour à leurs parents : « Je veux jouer au rugby. » Bien sûr il y a les traumatismes mais de tous temps on saignait du nez, du crâne et on s’explosait les arcades soucillières. Mais, oserais-je dire que c’étaient des blessures initiatiques et que l’on garde, amoureusement, quelques cicatrices des combats d’antan. Même pas mal ! Et je retourne en mêlée ! Bien sûr, les neurologues ont raison d’imposer des protocoles préventifs. On peut jouer longtemps, « à toucher » quand on est petits et montrer par l’évitement que l’on a du talent. Une statistique passionnante serait la courbe des adhésions, des inscriptions aux différents clubs. Quel jeu pratiqué, quelle alliance avec les parents ? Qu’en est-il des adhésions à Toulouse, La Rochelle ou Lyon ? Ça augmente ? Ça diminue ? La proposition de faire carrière ou d’éprouver du plaisir ? Les enfants, les ados que je rencontre dans ma pratique me parlent tous de foot, évidemment ! De hand mais de moins en moins de tennis et de rugby. Tiens, l’autre jour, à cause des « Dragons » et leur historique victoire, un garçon passionné de rugby à treize, que l’on salue bien bas. Mais, au risque de se répéter, quel club aura l’intelligence de faire jouer les juniors en ouverture, puis les espoirs, avec le regard aiguisé des connaisseurs pour les talents prometteurs et puis « la rafale » l’ancienne réserve, les besogneux fous d’amour pour leurs clubs. On peut se rejouir des commentaires des commentateurs après le match. Après avoir zappé de façon addictive pour ne rien rater de toutes les parties mais rien ne vaut l’odeur du stade, on perçoit même le parfum du baume du tigre, du dolpic disparus comme l’éponge magique des soigneurs d’antan. On se souvient des odeurs des combats passés. Et puis, la bière, en pression, bien sûr, pas de pub les gars ! Avec les amis, les joueurs et ceux que l’on ne connaît pas. Comme les politiques, les jeunes ne sont pas des électeurs. On peut, on doit aider le rugby des villages, superbe réserve électorale, mais ce sont les jeunes pratiquants qui sont l’avenir et s’ils diminuent le risque est majeur de régression puis de disparition car la chance c’est un enfant qui dit : « Je veux jouer au rugby. » Et qui un jour recevra le maillot frappé du Coq par un aîné glorieux. Ce jourlà, les statistiques auront prouvé leur utilité. Sinon gaffe au désamour, au déferlement de la nostalgie. Allez ! Chaque fois qu’un enfant rejoint la famille du rugby, il nous ressuscite. Comme si nous retournions à Pompadour, comme si nous décidions, une fois pour toutes, de jouer au rugby.