LA PASSION LAMBEY
VAINQUEUR DU RACING 92 CHEZ LUI, LE LOU DE FÉLIX LAMBEY CONFIRME SON BON DÉBUT DE SAISON. ET LE DEUXIÈME LIGNE, SON ASCENSION. REPORTAGE ET PORTAIT
La dernière image de Lionel Beauxis lors de cette rencontre ne révèle rien de la performance de l’international français. Perclus de crampes, on le voit quitter la pelouse synthétique de la Paris La Défense Arena à la 65e minute. Et forcément, sortie de son contexte, la scène n’est pas glorieuse à l’heure d’un rugby où la préparation physique tient lieu de matière principale. À bientôt 33 ans, Beauxis, rappelé en équipe de France lors du dernier Tournoi des 6 Nations par le sélectionneur Jacques Brunel après six années de disette, ne devait pas débuter cette rencontre. Il ne doit sa titularisation qu’à la blessure aux adducteurs de Jonathan Wisniewski, la veille de la rencontre. Mais il en faut plus pour déstabiliser celui qui compte 24 sélections chez les Bleus. Surtout, pour sa première apparition avec le numéro dix dans le dos cette saison, il ne pouvait pas rêver meilleur contexte : match à l’extérieur, stratégie minimaliste basée sur la conquête, la défense et l’occupation du terrain. À croire que le staff technique du Lou avait construit ce match en pensant à lui…
100 % FACE AUX PERCHES, DÉCISIF SUR LE SEUL ESSAI DU LOU
Évidemment, l’exagération, c’est comme pour mieux souligner combien Lionel Beauxis s’est approprié le sort de la rencontre. Non seulement l’ouvreur du Lou a inscrit quatorze des dix-neuf points de son équipe, affichant au passage 100 % de réussite face aux perches, mais il a surtout prouvé qu’on pouvait encore largement compter sur la qualité de son jeu au pied. En clair, il a fait à peu près ce qu’il a voulu du ballon dès lors qu’il s’agit de taper dedans. Une diagonale Dès la première action de la partie, il a donné le ton. Près de trois minutes interminables de jeu au pied, c’est long. Lui s’est régalé. « Ce n’était pas à nous de faire le jeu, a-t-il commenté.
COUPABLE SUR L’ESSAI DE SIMON ZEBO
On a fait une première mi-temps quasi parfaite quand on joue à l’extérieur. On savait qu’ils démarraient très fort chez lorsqu’ils jouent à domicile. On a eu su gérer ça. On s’est appuyé sur l’occupation du terrain et une grosse défense au milieu. Et on a réussi à prendre le score, ce qui les a obligés de jouer encore plus. »
Mais résumer Lionel Beauxis à son jeu au pied serait réducteur et mensonger. Un exemple ? C’est lui qui est à l’origine de l’unique essai de son équipe. Une feinte de passe, une brèche, il n’en faut parfois pas beaucoup plus à ce faux lent pour se frayer un chemin dans la défense adverse. La suite, c’est du timing et un soutien efficace de Toby Arnold et Liam Gill. En une mitemps, la « Beaux » a quasiment éteint le Racing 92.
Toutefois, la seconde période s’est révélée plus difficile pour celui qui est passé par Toulouse ou le Stade français de la grande époque. Le poids des ans ? « Mes adducteurs me font chier depuis le début de saison, a-t-il soupiré à l’issue de la rencontre. C’était ma première titularisation de la saison. » Avant cela, il n’y avait eu que deux apparitions d’une petite vingtaine de minutes. Ceci expliquant cela. Deux coups de pied mal ajustés et un plaquage raté coupable sur l’essai de Simon Zebo. « Mais, ça n’a rien à voir avec son âge, sourit le manager lyonnais Pierre Mignoni. Il lui manque juste un peu de temps de préparation. » « C’est parce que je m’engage trop, a ironisé l’intéressé avec un large sourire. Parce que sinon je me sens plutôt en forme. » Ça tombe bien, Jacques Brunel était présent dans les tribunes de la Paris la Défense Arena. Toutefois, même si la « Boucherie Ovalie » n’a jamais cessé de croire en « Yionel » et qu’elle poursuit son lobbying aussi drôle que pertinent, pas sûr que le sélectionneur ne rappelle Beauxis pour la tournée d’automne. En attendant, le Lou peut remercier sa défense et « Yionel » Beauxis. ■