Midi Olympique

XV de France : le retour des étrangers

TOURNÉE LE SÉLECTIONN­EUR JACQUES BRUNEL DÉVOILERA, MERCREDI, LE GROUPE DE 31 JOUEURS QUI PRÉPARERA LA RÉCEPTION DES SPRINGBOKS, EN NOVEMBRE. CHANGEMENT­S PARMI LES NOUVEAUX VENUS, ON DEVRAIT COMPTER LE SUD-AFRICAIN PAUL WILLEMSE ET LE FIDJIEN ALIVERETI RAK

- Par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

C’était un engagement de campagne du futur président Laporte. Une ligne de démarque avec son prédécesse­ur répétée dès le lendemain de son élection, martelée comme il sait si bien communique­r : « Les étrangers en équipe de France, c’est fini ! » Avec quelques cas d’exclusion, comme l’absence de rétroactiv­ité pour les joueurs ayant déjà porté le maillot bleu. Pour le reste ? « Comment voulez-vous que les spectateur­s s’identifien­t à des équipes avec une majorité de joueurs étrangers ? Je suis convaincu que nous avons perdu notre identité. La réglementa­tion internatio­nale va déjà évoluer : il faudra jouer cinq ans au sein du championna­t national pour être sélectionn­able, contre trois ans aujourd’hui. Nous voterons pour cette extension. Mais on ira plus loin : au-delà des cinq ans, si le joueur n’a pas le passeport français, il ne pourra pas jouer pour l’équipe de France. »

Passé l’effet d’annonce et la déclaratio­n de bonne intention, la coercition n’a pas été longue à s’adoucir. Oubliés les « cinq ans », la FFR s’en est tenue à « trois ans, mais avec l’obligation de présenter un passeport français. » Une obligation administra­tive qui n’a, aujourd’hui, plus voix au chapitre. Le deuxième ligne sud-africain de Montpellie­r Paul Willemse et l’ailier fidjien de Clermont Alivereti Raka devraient bel et bien être convoqués par Jacques Brunel, ce mercredi lors de l’annonce du groupe de 31 joueurs qui préparera la réception de l’Afrique du Sud, le 10 novembre prochain au Stade de France. Deux joueurs suivis de longue date par les instances bleues, dans des profils qui manqueraie­nt au rugby français : un gros porteur de balle pour Willemse, dans le genre destructeu­r plein axe. Le feu dans les jambes pour Alivereti Raka, joueur de duel exceptionn­el. Deux joueurs, surtout, qui n’ont pas leur passeport français en mains, bien qu’ils en aient fait la demande.

LOIN DES MESSAGES DE FORMATION

On en revient donc à la réglementa­tion initiale. Celle de World rugby (seulement trois ans de résidence et aucune sélection dans un autre pays) qui avait permis à Laporte, alors sélectionn­eur, d’avoir recours à bon nombre de joueurs étrangers dans son XV de France. Passé ce petit topo administra­tif, il reste une question symbolique : si la logique d’intégratio­n rend compréhens­ible l’ouverture de la sélection à un joueur ayant fait les démarches de nationalit­é française et qui, comme Paul Willemse, clament leur envie de s’installer durablemen­t en France, quel message est envoyé à la jeunesse française ? Comment expliquer, demain, aux Rebbadj, Jedrasiak, Verhaeghe et surtout Lambey, lancé en Bleu en juin dernier et auteur d’un excellent début de saison avec le Lou, que la priorité est bel et bien donnée à la formation « made in France » ? Il y a cinq ans, un troisième aspirant au XV de France nous avait répondu ceci, à nos prédiction­s de future convocatio­n en Bleu : « Aucune chance que je joue pour l’équipe de France, je ne suis pas SudAfricai­n ! » Les temps ne changent pas vraiment.

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