Midi Olympique

« Qu’on me laisse ma chance ! »

LE GÉANT SUD-AFRICAIN DE 25 ANS DEVRAIT ÊTRE APPELÉ PAR JACQUES BRUNEL MERCREDI, POUR DISPUTER LES TESTS DE NOVEMBRE. EN EXCLUSIVIT­É, IL SE CONFIE.

- Propos recueillis par Julien LOUIS

Jacques Brunel pourrait vous appeler mercredi pour la première fois, en équipe de France. Avezvous déjà eu le sélectionn­eur au téléphone ?

Non, je n’en ai pas entendu parler et je n’ai jamais eu le sélectionn­eur au téléphone.

Vraiment ?

Non, promis ! Par contre, je sais qu’il discute avec Vern (Cotter) pour lui dire les choses que je dois faire un peu mieux, pour me donner de meilleures chances. Et Vern me parle de cela. C’est tout.

Avez-vous toujours la volonté de porter, un jour, le maillot bleu ?

Comme je le répète depuis mon arrivée en France, c’est un grand rêve pour moi de découvrir « demain » le rugby internatio­nal. Ma famille et moi sommes bien intégrés en France et nous voulons donc rester ici. La prochaine étape est de jouer pour l’équipe de France. J’espère… Je ne rêve même de rien d’autre puisque, pour la suite de ma carrière, je suis très bien à Montpellie­r.

Avez-vous fait la demande de passeport et toutes les démarches nécessaire­s pour obtenir la nationalit­é française ?

J’ai passé mon entretien de naturalisa­tion mardi dernier. J’ai lu toute la documentat­ion et je n’attends aujourd’hui plus que le passeport. Je ne sais pas exactement combien de temps cela va prendre. Peut-être entre deux et trois mois… Cela fait maintenant presque quatre ans que je suis arrivé en France et j’ai donc pu faire la demande de passeport en tant que sportif profession­nel après trois ans.

Connaissez-vous la Marseillai­se ?

(Sourire) Maintenant, oui puisque c’était nécessaire pour mon entretien de naturalisa­tion. C’est bon, je la connais.

Justement, comment s’est déroulé cet entretien ?

J’ai un peu stressé avant ! Mais cela s’est bien passé et j’ai discuté vingt minutes avec le mec. Il m’a demandé si je connaissai­s la politique de votre pays, son président, son Premier ministre. Mais aussi la devise de la France, la révolution, la prise de la Bastille, l’histoire du drapeau. Plein de choses comme ça.

Racontez-nous votre apprentiss­age.

En fait, la préfecture m’a donné des livres de soutien pour que j’apprenne votre histoire et votre culture. Et j’ai donc beaucoup travaillé pour atteindre ce but. Mon premier fils est né en France, la saison passée. Je le répète, ma famille et moi sommes bien intégrés et nous savons déjà que nous voulons rester en France après ma carrière de rugby. Pour nous, il était donc important de faire tout ce qui était possible pour devenir Français.

Votre probable convocatio­n ne va pas aller sans polémique. En avez-vous conscience ?

Je voudrais seulement qu’on me laisse ma chance ! Je ne suis pas parfait mais je me suis donné à 100 % pour m’intégrer. Je ne parle pas encore parfaiteme­nt votre langue mais j’essaye vraiment et je compte bien progresser. Devenir Français est une grande chose pour moi, pas seulement pour rejoindre la sélection.

Qui est « Paul Willemse le Français » ?

J’espère qu’on va bientôt le découvrir (il sourit). Plus sérieuseme­nt, je discute chaque semaine avec de plus en plus de Français et je me fais de nouvelles relations. Si ça peut vous rassurer, j’adore votre charcuteri­e, surtout le saucisson.

Vos fromages, aussi ! Chez vous, j’ai surtout découvert une vie plus tranquille… En Afrique du Sud il y a beaucoup de problèmes. Ce n’est pas le cas ici, même si je sais que vous pensez le contraire ! Mon petit garçon, qui porte un prénom français (Paul, comme lui, N.D.L.R.) m’a fait découvrir l’importance de la famille et la chance que j’ai de pouvoir en profiter. Sa naissance a changé ma façon de penser. Elle a marqué une nouvelle étape de ma vie et dès que j’aurai reçu mon passeport, ce pays sera aussi le mien !

Question piège : savez-vous contre quelle sélection le XV de France va-t-il débuter sa tournée de novembre ?

Ah oui, le premier match sera face à l’Afrique du Sud ! (il sourit) C’est le seul que je connais, car il représente un grand rêve pour moi. Si je peux jouer le premier match contre mon pays natal, ce sera vraiment top. Je n’ai pas peur d’être visé. Je pense juste que c’est une bonne occasion de leur montrer que je pourrais leur manquer !

Vous avez encore été très en vue face à Édimbourg, samedi. Pensez-vous être revenu à votre meilleur niveau ?

Après mes vacances cet été, j’ai entendu Bernard Laporte dire qu’il y avait une possibilit­é, pour moi, d’être sélectionn­é avec l’équipe de France si je faisais les démarches administra­tives nécessaire­s. À mon retour ici, j’ai pris la décision de faire tout ce que je pouvais pour réaliser mon rêve. À commencer par retrouver des standards physiques de haut niveau. J’ai donc perdu douze kilos, pour redescendr­e à 130 kg (pour 2,01 mètres). C’était mon poids à mon arrivée au club en 2015 et c’est à ce moment-là que j’ai réalisé ma meilleure saison. J’ai aussi bossé pour augmenter ma vitesse de déplacemen­t. En fait, j’ai surtout changé d’état d’esprit car j’avais un réel objectif en tête. Avant, si je jouais vraiment bien, il n’y avait pas d’espoir pour moi d’intégrer le XV de France. Aujourd’hui, c’est possible…

Que pourriez-vous apporter au XV de France en deuxième ligne, où des jeunes comme Lambey, Iturria ou Gabrillagu­es se sont récemment révélés ?

Difficile de répondre précisémen­t. Je ne demande qu’une chose : laissezmoi juste une chance de montrer ce que je peux apporter à la sélection.

Si mercredi lors de l’annonce du groupe France, votre rêve se concrétise, savez-vous déjà comment vous allez réagir ?

Pas du tout ! On verra s’il y a une bonne nouvelle ou pas. Je ne veux pas y penser avant, pour ne pas me porter malheur…

« Je ne suis pas parfait mais je me suis donné à 100 % pour m’intégrer [...] Devenir Français est une grande chose pour moi, pas seulement pour rejoindre la sélection » Paul WILLEMSE

Deuxième ligne de Montpellie­r

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