Midi Olympique

RYTHME AND « BLUES »

POUR LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS 2013 (SEULE QUALIFICAT­ION POUR LES QUARTS) ET UN SUCCÈS À TRÉVISE, LES HÉRAULTAIS RÉUSSISSEN­T LEUR ENTAME EN CHAMPIONS CUP. UNE SATISFACTI­ON QUI NE DOIT PAS OCCULTER CERTAINES QUESTIONS ENCORE EN SUSPENS.

- Dominateur sur les impacts, à l’image de son capitaine Louis Picamoles ici balle en mains, le MHR a usé d’un jeu de passes après contact pour marquer trois essais en première mi-temps. Mais doit encore gagner en consistanc­e. Par Julien LOUIS

Sur un tempo soutenu, Montpellie­r a d’abord réussi à mettre avec brio son attaque en musique. « Edimbourg avait du mal en défense, car nous avions des rucks rapides pour garder le ballon vivant sans passer forcément par le sol à chaque fois », explique Vern Cotter. Un premier acte maîtrisé où les Héraultais ont réussi plusieurs franchisse­ments (quatre) et multiplié les passes après contact (treize), pour assurer la continuité de leur jeu tout en conservant de la vitesse.

Résultat : trois essais marqués. Dont deux superbes, par Benjamin Fall en pur ailier et Gabriel N’Gandebe, bien placé à la réception d’une diagonale au pied de son numéro dix Ruan Pienaar, décisif durant quarante minutes. Louis Picamoles : « C’est bien, mais à partir du moment où on a marqué le troisième essai, on a commencé à se mettre un peu en confort et à fournir un peu moins d’efforts. […] Le contenu est insuffisan­t et la deuxième période, médiocre. On retiendra seulement la victoire. »

AMBITIEUX PUIS FRILEUX

Soudaineme­nt, le MHR se mit à déjouer, en offrant la possession du ballon presque exclusive aux Ecossais (32 % contre 68 % sur l’ensemble du match), par manque de patience et de soutiens offensifs. Pourquoi un tel changement de philosophi­e ? Vincent Martin explique : « Je pense que nous avons trop joué à la « baballe » par moments, alors qu’il fallait beaucoup plus attaquer la ligne autour de la zone du dix et nous n’avons pas assez exploité cette tactique. Alors qu’on savait qu’il fallait l’accentuer. » Les Héraultais, « transpercé­s » à sept reprises, ont passé leur temps à plaquer (190 plaquages et 90 % de réussis) et ont aussi multiplié les mauvais choix stratégiqu­es. La charnière est sortie de son match, l’équipe a été fragilisée par le jaune de Bismarck du Plessis (un essai encaissé) et s’est mise à perdre trop de munitions sur ses mêlées et ses touches.

Puis, malgré les difficulté­s, les Cistes se sont entêtés à vouloir marquer ce quatrième essai synonyme de bonus offensif, plutôt que de Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany prendre les points au pied pour creuser l’écart au score (66e, le MHR va en touche et perd sa troisième pénaltouch­e à cinq mètres). Le capitaine développe : « Je ne pense pas qu’il y avait de la suffisance, mais c’est vrai qu’on aurait peut-être dû prendre les trois points pour se mettre à l’abri d’un essai transformé. Mais on a pris la décision collective d’aller en touche. Et quand on fait ce genre de choix il faut l’assumer et ne pas perdre le ballon de suite derrière en touche. C’est ça qui est rageant ! […] Et ce n’est pas la première fois que ça nous arrive. […] Aujourd’hui cela ne nous a pas porté préjudice, mais à mon avis, sur d’autres matchs on le prendra dans la figure. »

UN AVERTISSEM­ENT AVANT NEWCASTLE

Alors, les locaux, dont plusieurs joueurs ont terminé avec des crampes, ont-ils subi un contre coup physique face au rythme imposé par les attaquants d’Edimbourg, qui ont constammen­t relancé de leur camp ? Vern Cotter répond : « Je ne sais pas si c’est à cause du match contre Toulon la semaine passée qui était très dense et physique, suivi de seulement six jours de récupérati­on. À mon avis, c’est un peu ça. […] Les huit jours entre ce match et celui de Newcastle seront très importants pour récupérer. »

À bout de souffle, les coéquipier­s de Louis Picamoles ont plié de nombreuses fois mais n’ont au final craqué qu’à une reprise et ont même frôlé le bonus offensif. Une force mentale qui ne doit pas cacher une faiblesse récurrente : le MHR a du mal à terminer ses rencontres. « Finir avec des crampes, ce n’est pas ça qui m’inquiète. Mais dans ce rythme, il faut être capable d’être propre techniquem­ent, rigoureux et là, on n’a pas été bon. Il faut continuer à bosser pour s’habituer à ces hautes intensités », ajoute le capitaine.

Une quête déjà entamée l’an passé, qui sera une des clés du succès à Newcastle dimanche prochain selon Vincent Martin, excellent au centre samedi : « Les Anglais jouent sur un terrain synthétiqu­e sur lequel tout va plus vite et aiment développer un jeu très rythmé. Il faudra donc être prêt mentalemen­t et physiqueme­nt à relever ce gros défi. À nous de ne plus réaliser ce genre de « faux pas ». J’espère que ça va nous servir de leçon, car il faudra faire un exploit à Newcastle pour garder notre destin en main. »

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