MOINS LOURD, PLUS FORT !
CET ÉTÉ, JUDICAËL CANCORIET A DÉCIDÉ DE S’ASSÉCHER DE SIX KILOS. IL RACONTE CE CHOIX, SES RAISONS, SES DIFFICULTÉS ET SES RÉPERCUSSIONS SUR SON JEU.
L’éclosion de Judicaël Cancoriet, le grand public l’avait prise comme une gifle, au printemps 2017. Si vite, si haut. Champion de France à 21 ans, titulaire qui plus est. Excellent sur les matchs de phase finale, tant qu’à faire. Le gamin de Sarcelles, pioché dans l’inépuisable vivier de talents massicois et venu s’installer en famille à Clermont en 2015, franchissait les marches du rugby pro quatre à quatre. Ensuite, tout est allé très vite. Premières sélections, premières pressions. Et premières déceptions.
Comme la quasi-intégralité de ses coéquipiers clermontois, Judicaël Cancoriet a livré une saison 2017-2018 beaucoup plus terne. Moins d’impact en défense, moins d’activité dans le jeu et d’agressivité dans les rucks, moins de puissance sur la ligne d’avantage. Moins d’un peu tout, en fait. Un constat que le joueur assume. « La saison dernière a été dure à vivre, sur un plan collectif mais aussi individuel. J’essaye de relever la tête, d’avancer. » Il le fait bien, avec un début de saison d’une tout autre tenue. Et une nouveauté : le joueur a décidé, cet été, de se délester de plusieurs kilos.
DE 118 KG À 112 KG
L’idée est venue du staff, l’entraîneur Franck Azéma et le préparateur Sébastien Bourdin en tête. Qui sont allés à la rencontre du joueur. « J’y avais déjà pensé, de mon côté. Quand ils me l’ont proposé, nous sommes donc rapidement tombés d’accord. La réflexion portait sur mon jeu et ses faiblesses à corriger, sur l’évolution globale du rugby et de mon poste en particulier. Aujourd’hui, nous ciblons la capacité à répéter des tâches, à haute intensité. La qualité des déplacements, aussi. » Concrètement, entre la fin de la tournée néozélandaise, qu’il avait entamée avec les Bleus avant de la finir avec les Barbarians, et la reprise avec l’ASM, Judicaël Cancoriet a tombé six kilos. Pour passer en quatre semaines de 118 kg à 112 kg. « Avec la reprise des entraînements au club, puis le stage à l’Insep, je suis même descendu à 110 kg. Mais ça devenait trop. J’ai donc travaillé pour reprendre. » Et stabiliser, aujourd’hui, à 112 kg.
Pour y parvenir, pas de recette miracle : du sport, bien sûr. Et un contrôle nutritionnel drastique. Pendant ses vacances, Cancoriet a donc suivi le programme de préparation individuelle transmis par le club. « Mais dans mon optique de perte de poids, j’avais peur que ce ne soit pas suffisant. » Cancoriet s’est alors inscrit dans une salle de sport, à côté de chez lui. Avec un programme individualisé et deux coachs à disposition. « Ces deux-là, ils m’ont martyrisé ! »
« QUAND J’ALLAIS ME COUCHER, J’AVAIS DÉJÀ FAIM »
L’autre volet touchait à l’alimentation. La partie qui le fera le plus souffrir. « Je pesais tous mes aliments. Je pouvais manger de tout, mais les quantités n’étaient pas énormes. Le soir, je devais aussi manger plus tôt. Quand j’allais me coucher, j’avais déjà faim… » Le programme est concocté par Willy Trussardi, frère de Charly jeune demi de mêlée prêté par Clermont à Béziers - et ingénieur en nutrition du sport. Il porte ses fruits. Et délesté de ses kilos, Cancoriet retrouve sur le terrain ce temps d’avance qu’il avait perdu. « Au départ, je craignais de perdre en densité. C’est tout l’inverse : je me sens très bien sur les points d’impact. Pour le reste, je me sens vraiment mieux sur le terrain, plus longtemps en zone de confort physique. J’ai toujours été capable de jouer un match complet mais désormais, je termine les quatre-vingts minutes en maintenant une bonne activité. Pour faire simple : je me sens mieux et dans tous les secteurs. » Avec un espoir : maintenir ce haut niveau de performance en club pour retrouver au plus vite l’équipe de France, où son absence de la dernière liste de Jacques Brunel l’a « un peu déçu… (il marque une pause) Non, en vérité, ça m’a beaucoup déçu. Je vais bosser pour y revenir. » C’est bon signe.