UNE CHARNIÈRE FRAGILE
LE DÉBUT DE SAISON MANQUÉ DES VAROIS A ENTAMÉ LE CAPITAL CONFIANCE DES JOUEURS, À L’IMAGE D’UNE CHARNIÈRE EN PLEIN DOUTE.
La peur est le chemin vers le côté obscur… La sagesse de maître Yoda colle à l’actualité des « Stars varoises ». Depuis plusieurs semaines, la peur de malfaire, de se tromper, a envahi les troupes toulonnaises. Enfonçant un peu plus le groupe de Patrice Collazo dans le doute en même temps qu’il tombe dans les bas-fonds des classements en Champions Cup et en Top 14. Même si la rengaine du « Toulon n’a plus les mêmes joueurs » peut paraître recevable, il n’en reste pas moins que ce groupe comporte encore des joueurs de talent et d’expérience. Mais chaque passe, lancer en touche ou jeu au pied transpirent l’appréhension. Et la charnière symbolise parfaitement cette crispation. Depuis le début de la saison, Patrice Collazo et son staff ont essayé plusieurs formules. Sans Rhys Webb, blessé depuis la réception de Castres, Éric Escande et Anthony Méric ont alterné à la mêlée, sans parvenir à faire oublier le Gallois. En témoigne le match compliqué de l’ancien Montpelliérain face à Newcastle, alors que son jeune partenaire, s’il n’a pas démérité bien au contraire, est désormais écarté des terrains pour une blessure à un genou. À l’ouverture, Anthony Belleau et Louis Carbonel s’étaient partagés les premiers matchs, avant le retour de François TrinhDuc. Depuis, ça tâtonne, les demis d’ouverture alternant entre les postes 10 et 12, dans un RCT en manque de repères. « De l’extérieur, sans porter de jugement, on peut s’interroger sur ces changements perpétuels. Surtout, en début de saison dans une équipe en construction », se demande Aubin Hueber. « Le travail offensif est la chose la plus compliquée à mettre en place. Il faut arriver à trouver un certaine alchimie, trouver le bon timing dans les passes et les déplacements. Ça prend du temps », poursuit l’ancien demi de mêlée du RCT, désormais en charge de l’équipe de France des moins de 20 ans.
UN PROBLÈME GLOBAL
Le temps, c’est malheureusement ce qui manque dans un club en perpétuel chantier depuis 2016. « C’est compliqué pour les joueurs d’avoir un fil conducteur, surtout à ces postes-là, avec un projet différent chaque saison », précise le champion de France 1992. Et de détailler : « On sent un manque de confiance à la charnière. Les joueurs se compliquent la tâche, essaient de tenter l’impossible. C’est un cercle vicieux car tout te fait douter. » Exemple avec les touches non trouvées par Anthony Belleau contre Newcastle et ses sorties de camp manquées à Édimbourg, ou encore la passe de Trinh-Duc interceptée à cinq mètres de sa ligne face aux Écossais. Si la charnière bafouille, elle n’est pas la seule responsable. « Ça manque de densité devant », analyse Hueber. Si ce RCT a du mal à avancer, il pioche également en phase de conquête ce qui ne lui permet pas d’avoir des lancements de jeu propres. Depuis le début de la saison, Patrice Collazo, dresse le même constat : « Faisons les choses dans l’ordre. Soyons bons devant, que l’on avance. Après, on arrivera à mettre en place ce que l’on souhaite. » Le temps presse, alors que se profilent deux réceptions charnières pour la suite de la saison.