Toulon veut un autre All Black
LA SORTIE DU GROUPE FRANCE DE RABAH SLIMANI AU PROFIT DE DEMBA BAMBA ILLUSTRE NON SEULEMENT UN PASSAGE DE TÉMOIN ENTRE GÉNÉRATIONS, MAIS SURTOUT UNE RÉVOLUTION CULTURELLE TRÈS LONGUE À ACCEPTER.
Ce n’était même plus une surprise, tant son nom avait fuité un peu partout, y compris évidemment dans ces mêmes colonnes. Mais tout de même, la sélection de Demba Bamba, avait de quoi interpeller, étant donné que le champion du monde moins de 20 ans n’a jamais connu qu’une quinzaine de feuilles de match au niveau professionnel, jamais en tant que titulaire en Top 14… Précipité, comme promotion, à l’image de celle de Matthieu Jalibert ? « C’est d’abord une satisfaction que d’avoir un pilier droit de 20 ans en équipe de France, qui récompense en premier lieu la filière française et les clubs, corrigeait le président de la FFR Bernard Laporte. C’est quelqu’un de très fort, j’allais dire un extraterrestre. J’ai eu la chance de les suivre à travers le Mondial U20 et il a un potentiel formidable. »
LES CONSIGNES DE WORLD RUGBY
Un potentiel qui illustre, surtout, un changement de cap. Car au-delà de sa tenue en mêlée, c’est en premier lieu pour ses qualités de déplacement et de manieur de ballon que le Briviste a eu les honneurs de la sélection. Une petite révolution… Car jusqu’alors, toutes les sélections tricolores avaient toujours pris soin de garder sous le coude, au cas où, un pur pilier de mêlée, rôle qu’incarnait à merveille Rabah Slimani. Parce que ce profil de pilier demeurait une exception culturelle française, à laquelle les Bleus se sont régulièrement raccrochés pour obtenir leurs derniers succès de prestige ses dernières années (grand chelem 2010, victoire sur les Gallois en 2017, et on en passe…). Une mêlée de sauvetage, héritage du Top 14, à laquelle les Bleus ont sciemment tourné le dos en vue des tests de novembre. En effet, les profils des trois droitiers sélectionnés (qu’il s’agisse de Uini Atonio, Cedate Gomes Sa et donc Demba Bamba) sont clairement similaires, et directement en phase avec les consignes de World rugby, désireuses d’expurger le jeu des empoignades « de spécialistes » en mêlée, autrement
dit d’en finir avec les mêlées effondrées ou à refaire, hautement chronophages. L’éviction de Slimani, dans le viseur des arbitres et du lobbying des autres nations depuis de longues saisons, est là pour en attester. Un bouc émissaire tout trouvé pour marquer le début d’une nouvelle ère. Celle d’une mêlée française qui va devenir, comme pour tous les pays du monde, rien d’autre qu’une rampe de lancement et non plus un moyen de marquer l’adversaire. Pari payant pour les Bleus ? On en saura plus dans un mois…