Midi Olympique

AVIS DE TEMPÊTE

- Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr Patrice Collazo et Mourad Boudjellal. Ci-contre, le manager toulonnais en compagnie de Sébastien TillousBor­de et Juan Martin Fernandez Lobbe.

C’EST L’HEURE DES RETROUVAIL­LES ROCHELAISE­S POUR PATRICE COLLAZO, QUI ATTEND DE PIED FERME XAVIER GARBAJOSA ET SON ANCIENNE ÉQUIPE. PLACÉ SOUS LE FEU DES CRITIQUES APRÈS LE DÉBUT DE SAISON RATÉ DU RCT, LE MANAGER FAIT FRONT. DIMANCHE, IL JOUERA GROS…

Un éditorial sur Patrice Collazo. Un deuxième, en quelques mois. Que d’honneur ! L’entraîneur de Toulon déteste pourtant cela. Il goûte très peu la chose médiatique, qu’il épie dans chacun de ses mouvements, comme on garde un ennemi sous surveillan­ce, un oeil dans le viseur. Ironie de l’histoire, plus il se méfie des médias, plus il devient un personnage d’aspérités qui suscite leur intérêt. Que voulez-vous : Collazo clive le corps des observateu­rs, à l’extérieur, autant qu’il a pu agacer par ses obstinatio­ns, ses empêchemen­ts à l’empathie et ses explosions, à l’intérieur de sa vie de club.

Les deux aspects lui auront coûté une fin d’idylle violente, soudaine et brutale, à La Rochelle. Il fut, in fine, la victime du système qu’il avait lui-même construit, du rôle qu’il s’était lui-même attribué et dans lequel il s’est trouvé emprisonné : omnipotent, omniscient et parfois tyrannique. Est-il vraiment tout cela ? Pas si sûr. C’est le rôle qu’il avait choisi de jouer, auto-convaincu de son bienfondé managérial. Une posture qui a lassé, usé jusqu’à lever contre lui tout un club qu’il avait conduit en haut de l’affiche.

On a tous droit à la seconde chance. Collazo comme les autres. Et son aventure toulonnais­e, commencée cet été, a pris un autre accent. Plus souple, moins autocratiq­ue et ouverte par une soirée déguisée à laquelle il participa, au milieu des joueurs. Immédiatem­ent, Collazo a refusé le piédestal sur lequel il s’était brûlé dans la Charente-Maritime.

Quand les premières défaites sont venues, les joueurs du RCT sont pourtant arrivés en marche arrière, aux entraîneme­nts du lendemain. Tête et épaules basses, mâchoires serrées. « On s’attendait à charger, à se faire défoncer », confiera l’un d’entre eux. Les joueurs se connaissen­t et se parlent, d’un club à l’autre. La réputation colérique de Collazo l’avait précédé, de La Rochelle vers Toulon. Et puis ? Rien. Ou plutôt, rien d’excessif.

Collazo apprend de ses erreurs. Il maintient aujourd’hui un discours positif, depuis le début de cette saison à l’entame franchemen­t ratée. Loin des saillies au sulfate qu’il répandait, lors de la moindre défaite de son époque rochelaise. Pour l’instant, Mourad Boudjellal lui laisse le temps. Et c’est justement, tout le coeur de l’équation toulonnais­e.

Historique­ment, le temps du Stade rochelais n’est pas celui du RCT. Sur l’Altlantiqu­e, Collazo a bénéficié d’une patience et d’une discrétion présidenti­elle suffisante­s, pour construire son projet pas à pas. Ce temps long aura-t-il un espace de vie similaire sur la côte méditerran­éenne, sans résultats immédiats ? À voir. Mourad Boudjellal martèle cette envie. Le président du RCT, pas plus bête qu’un autre, constate bien que ses changement­s incessants d’entraîneur­s ont brûlé ses dernières saisons. Dans le même temps, il voit ses concurrent­s directs (Clermont, Toulouse, Racing, Castres…) maintenir leurs entraîneur­s en place, y compris dans les périodes plus négatives. Avec réussite.

C’est désormais tout le défi du président toulonnais. Combattre cette impulsivit­é qui l’a un temps fait gagner, qui le plombe aujourd’hui. En choisissan­t Collazo, il s’est attaché les services d’un bâtisseur. Mais le chantier est immense.

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Photo M. O. - Patrick Derewiany
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