« Je rêve de jouer le Mondial en France »
CARTE POSTALE LE MASSICOIS MATHIEU LORÉE A HONORÉ SA PREMIÈRE SÉLECTION AVEC L’ALGÉRIE SAMEDI EN ZAMBIE LORS DE LA FINALE DE LA SILVER CUP. IL NOUS FAIT PARTAGER SES PREMIÈRES IMPRESSIONS APRÈS SON LONG VOYAGE EN AFRIQUE AUSTRALE.
« J’avais joué une fois pour l’équipe de France à VII lors d’un tournoi à Rome mais cette compétition informelle n’avait pas été déclarée officielle par l’IRB. Je n’étais donc jamais apparu dans une sélection française. C’est pourquoi les dirigeants de l’Algérie m’ont contacté il y a un mois et demi pour intégrer leur équipe nationale, mes grands-parents étant nés en Algérie. C’est Sofiane Chellat, mon nouveau coéquipier à Massy, qui leur avait soufflé mon nom. J’ai dit oui sans hésiter. Ma carrière touche à sa fin. J’ai aimé cette opportunité de disputer une rencontre internationale à l’autre bout de la terre. Le rendez-vous avait été fixé le mardi à 19 heures à l’aéroport Charles-de-Gaulle. J’ai retrouvé quelques copains avec lesquels j’avais joué, comme Jonathan Best à Grenoble. C’était marrant. Et nous voilà partis vers la Zambie pour quatorze heures de vol et une escale en Ethiopie. J’ai eu le temps, dans l’avion, de rencontrer tout le monde. En Zambie, nous avons dormi dans un hôtel super simple et très agréable, constitué de plein de petits bungalows. Quelques pannes d’électricité et l’interdiction de boire à certains points d’eau ont rappelé tout de même que nous n’étions plus dans le grand confort métropolitain français. Nous y avons été très bien accueillis. Les gens de l’hôtel nous demandaient des nouvelles de notre équipe tous les jours. Ils nous encourageaient. C’est drôle, ils pensaient davantage à nous qui étions à leurs côtés, qu’à leur équipe nationale. Nous avons rencontré aussi des enfants des rues. Les dirigeants algériens nous avaient demandé d’apporter des choses à leur donner. Avec deux filles à la maison, j’étais assez fourni en vêtements et en jouets. Nous avons commencé à nous entraîner le jour même de notre arrivée, le mercredi soir. Trois jours plus tard, après trois petites séances, nous sommes entrés le samedi à 15 heures sur la pelouse du stade de Mufulira (au nord du pays, à sept heures de route de la capitale, Lusaka, N.D.L.R.) pour disputer cette rencontre. L’avantmatch a été assez impressionnant. Les Zambiens chantaient ensemble quand ils se sont positionnés à côté de nous. Il faisait 30 °C. Quarante minutes plus tard, en seconde mi-temps, un orage énorme s’est déclaré. La température a chuté, d’un coup. Toutes les tribunes se sont vidées. Alors que nous avions débuté dans un stade comble, nous avons terminé devant des gradins pratiquement vides. Le stade était joli, comme un petit stade de
Fédérale 1, construit à l’époque par un prospecteur de cuivre. Les autorités locales avaient rajouté quelques tribunes pour faire face à la demande de billets. Ce match a fait recette… avant l’orage.
Nous nous sommes imposés, j’ai marqué mon premier essai international et l’Algérie s’est hissé en Golden Cup. Si elle se maintient à ce niveau durant les trois prochaines années, elle pourra prétendre disputer les qualifications à la Coupe du monde 2023 organisée en France. C’est dingue. J’en rêve. Je ne sais pas quand les responsables feront de nouveau appel à moi. Si on me le demande, j’apporterai mon concours. Finir ma carrière par une Coupe du monde en France, je ne sais vraiment pas si c’est possible mais le simple fait que la perspective existe, rend cette expérience complètement excitante. »