XV de France
Nouvelle vague de forfaits
Àl’époque, on cherchait tous un truc : une gueule, un sourire, un talent à la fois capable d’aider le XV de France à s’arracher au marasme et au pays de reconsidérer l’ovale avec les yeux de Chimène. Dans le Times, l’ancien demi d’ouverture du XV de
la Rose Stuart Barnes écrivait : « Il faut du talent pour faire passer, d’une chistera malicieuse, les All Blacks pour des idiots. Serin a ce talent en lui. Il peut devenir le demi de mêlée français le plus rapide, le plus flashy depuis que Jérôme Gallion a tiré sa révérence. » Quoi d’autre ? « Dans le jeu que veut mettre en place le staff tricolore, analysait Guy Accoceberry, la vivacité de Baptiste est précieuse. Il colle au ballon, anticipe les courses de ses coéquipiers et, surtout, sa passe est une merveille : un vrai laser. De la même façon que Conor Murray est la plaque tournante de l’équipe d’Irlande, Baptiste peut devenir celle du XV de France. » En a-t-on trop fait autour de Serin lorsque le Bordelo-Béglais
(24 ans, N.D.L.R.) débarqua chez les Bleus en 2016 ? Raphaël Ibanez, son ancien entraîneur à l’UBB, n’est pas de cet avis : « Si Baptiste Serin a alors récolté les lauriers, c’est qu’il le méritait. On n’allait pas se bander les yeux, quand même, si ? » SON PÈRE PHILIPPE : « IL A VÉCU DES MOMENTS DIFFICILES »
Passé un début de carrière supersonique, l’enfant de Parentisen-Born a ensuite marqué le pas, tout à la fois parce que la concurrence de Yann Lesgourgues était en club plus encombrante que prévu et parce qu’ailleurs, en équipe nationale, le poste de numéro 9 s’avérait aussi précaire que celui d’ouvreur. Vincent
Etcheto, un autre des mentors du môme, explique : « Baptiste est amoureux de l’UBB, le mot n’est pas trop fort. Quand il a vu que le club tournait moins bien, que les coachs allaient et venaient, il l’a mal vécu. Et ça s’est ressenti sur ses performances. » Ce n’est pas
tout : « Ce joueur possède un bon jeu au pied, des cannes de dingue et une passe superbe, poursuit l’entraîneur des trois-quarts
bayonnais. Alors par moments, il veut tellement peser sur le match qu’il en oublie son rôle premier : celui de distributeur. Et nous, on en oublie presque qu’il y a un demi d’ouverture à Bordeaux… Les tests de novembre approchant, il a néanmoins rationalisé sa partition et réalise de très grosses performances. » Débutera-t-il face à l’Afrique du Sud ? C’est qu’il se murmure aujourd’hui. « Personnellement, conclut son père Philippe, j’avais trouvé que tout était allé trop vite au départ. Derrière ça, il a vécu des moments difficiles à Bordeaux. Les commotions ne l’ont pas aidé, le départ de Jacques Brunel non plus. Il sentait que Rory Teague avait une préférence pour Yann Lesgourgues. Était-ce vrai ? Je ne sais pas. Mais comme je lui ai dit, tout ça n’a pu le faire que grandir et aujourd’hui, je le sens très fort au sein du groupe de l’UBB.
La semaine dernière, un dirigeant bordelais m’a même dit : « La façon dont ton petit a parlé avant le match contre Lyon n’est pas celle d’un mec qui veut partir. Il a remobilisé tout le monde. »
Bordeaux restera son club de coeur ; il se battra jusqu’à la fin pour l’UBB. »