Midi Olympique

« TALON » HAUT

RÉVÉLATION DU DÉBUT DE SAISON, LE « TALON » DE 21 ANS SERA POUR LA SIXIÈME FOIS TITULAIRE CETTE SAISON FACE AU RACING 92. AU MOMENT OÙ BISMARCK DU PLESSIS, OPÉRÉ D’UNE HERNIE CERVICALE, SERA ABSENT SIX À HUIT SEMAINES…

- Par Julien LOUIS J. L.

J’ai pris un coup d’épaule dans la tête au Stade français mais ça va. » Deux coquards en guise de masque d’Halloween, mise à part ça, tout va bien ! D’un seul coup, l’expression choisie par Fulgence Ouedraogo prend tout son sens en ce mardi midi : « Vincent est un talonneur un peu rustique. Il aime le chocolat ! » Combattant « léger » (104 kg pour 1,84 m) mais acharné, sans peur, Vincent Giudicelli possède également toutes les qualités d’un avant moderne. Souvenez-vous de sa folle échappée à cent à l’heure sur près de cinquante mètres face à Toulouse : « J’ai été moi aussi surpris (sourire) ! J’ai vu que j’avais percé. J’étais un peu affolé, j’ai commencé à courir et après, j’ai essayé d’aller au bout. Mais avec un peu plus de lucidité, j’aurai dû faire la passe à Gaby (N’Gandebe, N.D.L.R.). » Seul « accroc » (blessure aux cervicales sur cette action) dans un début de saison aussi impression­nant (huit matchs, 283 minutes) qu’inattendu. « Vincent est explosif, rapide et se déplace beaucoup. Il plaque également bien, a un bon lancer et sait aussi être puissant », ajoute le flanker. Un « talon » solide sur les bases et déjà complet, qui abuse parfois de sa « gourmandis­e » préférée : « Je dois faire plus de passes, notamment avant contact au lieu d’aller toujours chercher le défi physique. »

Du haut de ses 21 ans, l’inconnu d’hier (trois fois remplaçant l’an passé, dont la demi-finale) est aujourd’hui incontourn­able. En plus d’avoir doublé Romain Ruffenach dans la hiérarchie au poste, il s’est fait un prénom (lire encadré) en partageant les titularisa­tions avec le Springbok Bismarck du Plessis (cinq chacun), opéré d’une hernie cervicale lundi (six à huit semaines d’absence).

PUR « PRODUIT » HÉRAULTAIS

Natif de Montpellie­r et formé au club des Benjamins aux Espoirs, Vincent Giudicelli (champion de France Crabos en 2015), rejoint le Lou pour une saison lors de l’exercice 2016-2017 (premiers matchs pros.) Avant de revenir à la « maison » avec l’arrivée de Vern Cotter et de vivre cette saison à vitesse grand V, un destin doré : « Je suis seulement au service de l’équipe. Après, je sais que je suis jeune, mais j’évolue tout de même à côté de Bismarck et cela me fait progresser plus rapidement. En plus dans le groupe, je peux très bien discuter avec des jeunes comme Arthur (Vincent) ou passer du temps avec Ju (Ledevedec) et Paul (Willemse). Ça facilite l’intégratio­n. »

Humble et discret, ce taiseux au caractère affirmé est apprécié de ses aînés selon « Fufu » : « C’est une bonne chose de voir Vincent, Arthur (Vincent) et d’autres dans le groupe, cela montre que la formation montpellié­raine marche bien. Ils ont beaucoup de talent. Deux bons mecs qui prennent leurs marques et parviennen­t déjà à s’exprimer au plus haut niveau. » À tel point, que le jeu de l’équipe s’est adapté aux profils de ses jeunes (Vincent, N’Gandebe…) au Stade français, pour faire évoluer son jeu vers le mouvement.

Moins puissants que les Du Plessis, Steyn et Nadolo, tous blessés, mais plus rapides, mobiles et à l’aise dans l’évitement ; ils seront encore précieux dimanche pour contourner la densité physique des Racingmen. Actuelleme­nt supérieure à celle du MHR : « Je me prépare mentalemen­t à livrer un gros combat face à une équipe très puissante. Je pense aussi qu’on va aller dans la continuité du Stade français dans le jeu. C’est un match important avant la trêve. Il faut absolument gagner après deux défaites frustrante­s pour réintégrer le top 6 (à un point du Racing 92, 4e). » Un tournant pour Montpellie­r et son guerrier « masqué ».

Frère de coeur et Corse fier

Chez les Giudicelli, le rugby est une histoire de famille. Celle d’une passion fraternell­e : « J’ai suivi sur tous les tournois mes trois frères qui sont aussi passés par le club. Bastien est désormais à Paris, Clément tient une agence immobilièr­e à Montpellie­r en collaborat­ion avec Kélian (Galletier, N.D.L.R.) et son autre meilleur ami. Et Mathieu a dû arrêter le rugby à cause d’un accident. » En mars dernier, ce dernier se blessait gravement aux lombaires après une mêlée avec Biarritz : « Ça a été un choc car on l’a vu à la télé en famille et nous ne sommes pas à côté. Mais mon frère est fort mentalemen­t et on est là pour le soutenir. Je pense que c’est déjà bien qu’il en soit-là, qu’il puisse marcher. Il faut savoir relativise­r, même si ça a été dur pour lui. » Proche de son aîné, Vincent Giudicelli est également très attaché à son île. La Corse, tatouée au coeur et sur son corps, dont il reprend l’accent inconsciem­ment au moment de citer les villages de son enfance : « Je suis Corse du côté de mon père. C’est une identité forte chez nous. On a ça en nous depuis qu’on est petits et nous avons grandi avec ça. Nous sommes tous fiers d’être Corse. »

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Photo M. O. - D. P.

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