Midi Olympique

J’irai au bout du monde

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Mauricio Reggiardo exerce son métier avec résolution, hésite rarement à porter le fer dans les maux et ne choisit jamais d’un mot le moindre : « Je suis fier de ces mecs, disait-il donc de ses hommes, après un triste match face à Grenoble. J’irais au bout du monde avec eux. » Pourtant, quel crédit donner aujourd’hui à ces sentences bouffies d’emphase ? Quelle légitimité accorder à ce qui a tout d’un postiche ? De fait, Mauricio Reggiardo tapait en juin dans la main de son président JeanFranço­is Fonteneau, prolongeai­t de deux saisons son contrat en Lot-et-Garonne avant d’annoncer à ses dirigeants, deux mois plus tard, qu’il rejoindrai­t finalement le Castres olympique à l’issue de la saison en cours. Alors, on est tous ravis d’apprendre que Mauricio Reggiardo irait « au bout du monde » pour ces joueurs. Mais s’il avait pu aller au bout d’un engagement qu’il avait pris sans avoir un revolver sur la tempe, on en aurait été d’autant plus comblés…

Car le capitaine sur le départ, les moussaillo­ns n’ont pas tardé à suivre la voie qui avait été ouverte par leur supérieur hiérarchiq­ue. Dans le sillage de Reggiardo, le talentueux Clément Laporte a annoncé son départ à ses dirigeants quelques semaines après avoir lui aussi prolongé son contrat. À l’approche de l’hiver, Yoann Tanga met les voiles, Facundo Bosch fait ses valises et d’autres les suivront probableme­nt. « Ce n’est plus de XV de départ mais de XV des départs dont il faudra désormais parler à Agen », lisait-on dernièreme­nt sur les réseaux sociaux. Et les dirigeants du SUA ont beau récupérer quelques poignées de dollars sur le transfert de Clément Laporte, on ne voit pas comment le club lot-et-garonnais pourra survivre à cette nouvelle saignée. De loin en loin, on ne doute pas une seule seconde que Mauricio Reggiardo fut pour beaucoup dans la récente embellie du SUA, construite sur la rengaine du « clan resserré », de la « famille en danger » et « du petit contre les gros ». On ne peut néanmoins s’empêcher de penser que ces merveilleu­x concepts n’ont pas résisté longtemps face aux sirènes de l’accompliss­ement d’une carrière personnell­e…

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