MONSIEUR PROPRE
LE RACINGMAN HONORERA SA TROISIÈME TITULARISATION AVEC LA FRANCE SAMEDI, FACE À L’ARGENTINE, ET SEMBLE AVOIR LES QUALITÉS POUR S’INSTALLER DURABLEMENT AU PLUS HAUT NIVEAU.
À son sujet, les doutes ont souvent surclassé les certitudes. Trop fragile en mêlée fermée, pas assez costaud, voilà ce qui était dit. Mais ça, c’était avant. Cedate Gomes Sa est désormais en passe de faire taire les critiques. Certes, sans l’absence de Uini Atonio, il n’aurait pas commencé la rencontre de samedi dernier face à l’Afrique du Sud. Mais sa prestation, pour sa deuxième titularisation seulement en bleu, a été qualifiée de « propre ». Rien d’époustouflant mais rien à lui reprocher non plus. Au contraire. « Il a tout pour être un des meilleurs à son
poste, affirme son entraîneur au Racing, Laurent Travers. Il a beaucoup de force et d’explosibilité, sa capacité de déplacement est immense. Il aime défendre. À mon sens, il a tous les outils du haut niveau. » Rien d’anodin donc si ce pilier droit de 25 ans a disputé tous les matchs du XV de France sous l’ère Brunel. En clair, Cedate Gomes Sa répond au standard du rugby de très haut niveau. Ce que recherche le sélectionneur, c’est, a minima, un pilier droit capable de conjuguer performance en mêlée fermée et une grande capacité de déplacement. Un portrait-robot qui colle au profil du Racingman. « C’est plus un joueur de Champions Cup et de niveau international que de Pro D2, sans faire injure à cette compétition, image encore
Travers. C’est un joueur propre, qui a beaucoup d’activité avec ou sans ballon. Si par bonheur il évolue dans un jeu propre, il peut donner le meilleur de son potentiel. C’est pourquoi ses meilleurs matchs sont en Champions Cup ou avec l’équipe de France. »
CAPACITÉ DE DÉPLACEMENT
Décrypté, le message souligne combien parfois dans un jeu lent où la bataille des rucks fait rage et où les mêlées sont interminables, Gomes Sa peut apparaître en difficulté. La description vous fait penser au Top 14, c’est de ça dont il s’agit. Or, quand le jeu s’accélère, que les mêlées se font plus stables, moins embrouillées, le natif de Canchungo en Guinée-Bissau s’épanouit et affiche l’étendue de son potentiel. Samedi dernier, aucune pénalité n’a été sifflée contre lui. Ni en mêlée fermée, ni dans le jeu courant. Un véritable « Monsieur propre ». Sa capacité de déplacement lui a permis de porter cinq fois le ballon, presque autant que son talonneur Guilhem Guirado (6). Tout sauf anecdotique.
Face aux Pumas, il va donc enchaîner pour la première fois de sa jeune carrière une deuxième titularisation consécutive. Une opportunité qui arrive à point ? Rabah Slimani apparaît en délicatesse aux yeux du staff, Uini Atonio est absent, l’occasion est belle de bousculer la hiérarchie. De devenir le numéro un avec le trois dans le dos. Une perspective qu’il avait repoussée sèchement en amont du match face aux Springboks. « Il n’y a pas de numéro 1 en équipe de France. On est quatre ou cinq postulants. Le sélectionneur fait son choix selon ses besoins. » Ça tombe bien, pour l’instant, Brunel a besoin de lui.