« Il y a des espaces dans le dos de la défense »
Quel regard portez-vous sur le triangle arrière des Pumas composé par Delguy, Boffelli et Moyano ?
Ce sont des joueurs très dangereux en attaque, qui marquent beaucoup. Les deux ailiers ont des appuis incroyables. Boffeli, lui, est plus grand et plus costaud et peut jouer à n’importe quel poste dans la ligne d’attaque. Il a d’excellents « skills », un jeu au pied long et une solide assurance sous les ballons hauts. À la différence des deux ailiers, Boffelli n’a pas joué à VII. Delguy et Moyano sont en revanche de vrais septistes, et jouent d’ailleurs encore pour leur sélection dans les deux disciplines.
Le jeu de l’Argentine s’appuie-t-il sur ses ailiers, de la même manière par exemple que le jeu d’Exeter repose en grande partie sur les ailiers Santiago Cordero et Jake Nowell ?
Non, je ne crois pas. Assurément, ces ailiers ont beaucoup de liberté et peuvent venir intervenir où ils veulent dans la ligne, et quand ils le veulent. Pour autant, le jeu argentin ne repose pas sur eux comme c’est le cas à Exeter où Cordero touche effectivement chaque ballon d’attaque.
Comment l’ouvreur Nicolas Sanchez parvient-il à utiliser ses ailiers en attaque ?
Ils ont très une bonne connexion. Comme les ailiers sont très mobiles, ils viennent souvent se proposer à l’intérieur ou à l’extérieur de Sanchez. Et comme il s’agit d’un ouvreur qui aime attaquer la ligne, il trouve souvent un soutien intérieur. J’ai aussi remarqué que les Pumas utilisent un peu plus le jeu au pied offensif que par le passé. Avant, ils ne tapaient jamais de diagonales au pied pour les ailiers. Mais l’arrivée de Gonzalo Quesada dans le staff a dû changer les choses.
Comment expliquer que la majorité des essais encaissés par les Pumas sont sur les extérieurs alors ? Les trois joueurs cités sont-ils de mauvais défenseurs ?
Non. On n’arrive pas au niveau international à XV et à VII en étant un mauvais défenseur, c’est impossible. Je ne pense pas que le problème soit individuel. Mais comme ils sont très mobiles sur le terrain, il arrive assez régulièrement qu’ils soient mal placés. Ça, ça s’apprend avec l’expérience. Et puis, le système défensif pratiqué par les Pumas est risqué : comme il se base sur des montées très agressives, avec notamment l’arrière qui intègre assez tôt le premier rideau pour compenser les surnombres, il y a des espaces libres dans le dos de la défense. C’est une défense agressive, qui peut être très efficace, mais qui peut aussi bien être risquée.
Les septistes que sont Moyano et Delguy n’ont-ils pas un peu de mal à s’adapter à la défense à XV ?
Non, je ne crois pas. Il est plus facile de défendre à XV qu’à VII, puisqu’on a beaucoup moins de largeur, donc de terrain à garder. Et puis Delguy et Moyano jouent autant dans une discipline que dans l’autre. Après, tout simplement, il ne faut pas oublier qu’il s’agit de joueurs très jeunes, surtout Delguy (21 ans, N.D.L.R.) qui n’en est qu’à sa première saison internationale. Il a besoin d’un peu de temps pour s’adapter et lire plus rapidement les attaques au niveau international.
Quel conseil donneriez-vous aux Bleus pour défendre ?
De rester très concentrés pendant toute la partie, et de se méfier de tout. Ces mecs-là sont capables de bonifier un ballon qui semble à première vue mauvais à jouer. Il faut leur laisser le moins d’espace possible, car la vitesse et les appuis leur permettent de tirer profit de la moindre faille. Et puis, ils sont en pleine confiance après avoir signé de bonnes performances en Rugby Championship et en Super Rugby avec les Jaguares.