Midi Olympique

SOIR DE PREMIÈRES

UN AN, PRESQUE JOUR POUR JOUR, APRÈS SA DERNIÈRE SÉLECTION, L’AILIER TOULOUSAIN A ENFIN PORTÉ LE MAILLOT BLEU SOUS L’ÈRE BRUNEL. ET BRISÉ LE MAUVAIS SORT.

- Par Jérémy FADAT, envoyé spécial jeremy.fadat@midi-olympique.fr

S’il n’a rien perdu de sa fougue, Yoann Huget est devenu un homme sage. Dans les ultimes minutes, c’est donc lui qui a tempéré les ardeurs d’Antoine Dupont. Il en rigole : « Je voyais qu’il avait du feu dans les jambes, qu’il avait réussi deux ou trois bouts de percées. Je lui disais : « Toto, mets le pied sur le ballon, on calme et on reste dans le schéma collectif. » » L’ailier était pourtant, lui aussi, comme un gamin sur la pelouse de Pierre-Mauroy. « Il y avait beaucoup d’émotion autour de ce match. Pour moi, c’était comme une première, avec un nouveau sélectionn­eur, et un retour à ma vraie première contre l’Argentine. » C’était en novembre 2010 à Montpellie­r. Depuis, le Toulousain a avancé, entre galères et rebonds. L’histoire de sa carrière, à laquelle l’actualité le ramenait encore. Huget n’était plus apparu en tricolore depuis un an, quasiment jour pour jour. Après une sortie ratée face à l’Afrique du Sud. Douloureux souvenir, remonté à la surface lilloise samedi : « J’étais sorti par la petite porte et j’avais envie de m’éclater, de prendre part à la fête. » Ce fut le cas avec une prestation aboutie et une interventi­on décisive sur le premier essai de Thomas. Marques d’un joueur épanoui mentalemen­t et physiqueme­nt. Voilà la principale différence. L’an passé, à la même période, Huget était gêné par un tendon d’Achille grinçant. Suffisamme­nt supportabl­e pour serrer les dents, pas assez pour être libéré. Lui n’en a parlé que plusieurs mois plus tard, au point de rater la tournée de juin en NouvelleZé­lande pour se faire enfin soigner. Il a payé pour apprendre : « Aujourd’hui, je passe moins de temps chez le kiné… Quand je me levais, j’avais un peu mal mais je voulais continuer. C’est une faute. Je suis attaché à ce maillot et je veux le défendre coûte que coûte. Parfois, il faut pourtant prendre recul et reconnaîtr­e qu’on n’est pas à 100 %. Cela s’est retourné contre moi. »

« JACQUES, SI TU ME LAISSES JUSTE CINQ MINUTES… »

Victime d’une alerte au mollet il y a six semaines, juste avant l’annonce de la liste pour la tournée d’automne, Huget n’était pas du premier cru. Il aurait alors pu croire que le sort s’acharnait : « Pas du tout. J’attendais avec impatience un signe et, lors des entretiens, j’ai toujours répété la même chose : « Jacques, si tu me laisses juste cinq minutes, je veux te montrer que je suis un compétiteu­r et que tu peux partir à la guerre avec moi. » Le reste, ce sont des aléas… » Mais, quand ils s’enchaînent, la crainte de ne plus jamais porter la tunique bleue existe. « J’ai eu peur. Face à ce maillot, nous ne sommes personne. Quand le groupe tourne bien, qu’il y a de l’enthousias­me, on se dit que des têtes sont tombées et qu’il y a un nouvel oxygène. Mais j’ai bossé calmement dans mon coin, j’ai essayé de revenir avec mon club. Lui seul peut nous ramener en équipe de France. Toulouse est en bonne position et je suis là. » À un an du Japon, le maudit des Coupes du monde a une revanche à prendre sur le destin. « Je prends ce qui vient. J’ai un peu d’expérience, je sais que le groupe peut évoluer pendant le Tournoi, que le Mondial est encore loin. » Et de conclure : « Aujourd’hui, je suis heureux. »

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