Midi Olympique

CETTE IRLANDE EST COLOSSALE

QUEL COMBAT TERRIBLE ! LES IRLANDAIS ONT ENFIN GAGNÉ À DOMICILE AVEC UN SEUL ESSAI ET UNE MULTITUDE DE PLAQUAGES. LA BATAILLE AU SOMMET A TENU SES PROMESSES.

- Jérôme PRÉVÔT jerome.prevot@midi-olympique.fr

Cela leur a donc pris cent treize ans, cent onze plus deux. Après l’exploit de 2016 qui avait eu Chicago pour théâtre, les Irlandais ont récidivé, à Dublin cette fois. Les All Blacks n’avaient jamais perdu un test sur l’île Émeraude, ils avaient juste posé un genou à terre en 1978 contre le Munster (lire notre édition du 29 octobre). Samedi, les Irlandais sont sortis vainqueurs d’un combat tellurique, un long bras de fer où les deux équipes se sont plaquées à qui mieux-mieux. Les offensives ont déferlé jusqu’à plus soif mais une seule a trouvé l’ouverture, pour envoyer Jacob Stockdale à l’essai (48e)… Un vrai coup d’échec qui restera dans les annales. Une attaque devant la défense avec une croisée de Sexton pour Bundee Aki qui repart petit côté, pour servir Stockdale le long de la touche d’une longue passe. L’ailier de l’Ulster s’ouvrit le chemin de l’enbut avec un coup de pied à suivre. Du pur tableau noir mis au point par Joe Schmidt et son staff (lire une descriptio­n plus complète sur Rugbyrama.fr). Il faisait suite à deux essais refusés en première période : une pénaltouch­e non aplatie et une petit coup de pied de Sexton pour Kearney que l’arrière relâcha in extremis. Les Irlandais auraient donc pu prendre le large, d’autant plus que leurs adversaire­s faisaient des fautes répétées mais M. Barnes se refusa à mettre la main à la poche.

LES ALL BLACKS SANS ESSAI : UNE RARETÉ

Pendant ce temps, les All Blacks sont restés impuissant­s. Malgré une guirlande d’offensives construite autour de Beauden Barrett, ils n’ont jamais franchi la ligne. « C’était un combat de poids lourds et c’est plutôt rare de voir les All Blacks finir un match sans marquer d’essai ? », a diagnostiq­ué Joe Schmidt. C’est la preuve que la défense irlandaise fut hermétique et parfois héroïque avec tel ou tel sauvetage in extremis de Rob Kearney ou de Peter O’Mahony. Joe Schmidt voulait détourner les louanges vers son adjoint anglais Andy Farrell (le père de Owen). La dernière fois que les Noirs n’avaient pas marqué d’essai : c’était en juillet 2017 contre les Lions britanniqu­es et irlandais dont l’entraîneur défensif s’appelait… Andy Farrell.

La foule de Dublin ne s’y est pas trompée quand elle a redoublé son soutien dans les dernières minutes face aux assauts adverses. Au centre de cette débauche, ont pourrait extraire Peter O’Mahony, le flanker du Munster, auteur de plusieurs interventi­ons défensives décisives (plaquage, grattage, contest) qui offrirent une pénalité à son camp. Sa sortie (64e) fut célébrée par une salve d’applaudiss­ements monumental­e de l’Aviva Stadium. Il fut d’ailleurs sacré homme du match dans la foulée et fut donc le premier à commenter cette victoire historique que certains n’hésitaient pas à qualifier de répétition de la prochaine finale de la Coupe du monde. « C’était la plus belle équipe du monde et nous avons dû sortir face à elle le meilleur de nous-mêmes. Les gars se sont multipliés à tous les coins du terrain. Nous avons réussi des plaquages que nous n’aurions pas dû réussir. Nous avons construit des offensives que, normalemen­t, nous n’aurions pas dû construire. Nous étions galvanisés. »

 ?? Photo Icon Sport ?? Voici la seconde qui a suivi l’essai de Jacob Stockdale, soutenu par Ringrose, Van der Flier, Marmion et Best. Les All Blacks n’avaient plus perdu en Europe en tournée d’automne depuis 2012. Soit six ans.
Photo Icon Sport Voici la seconde qui a suivi l’essai de Jacob Stockdale, soutenu par Ringrose, Van der Flier, Marmion et Best. Les All Blacks n’avaient plus perdu en Europe en tournée d’automne depuis 2012. Soit six ans.

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