HANSEN ET SCHMIDT AU COUDE À COUDE
QUI DEVIENT FAVORI DU PROCHAIN MONDIAL ? LES DEUX ENTRAÎNEURS SE SONT RENVOYÉS LA BALLE. ET SI L’UN SUCCÉDAIT À L’AUTRE.
Ce fut une bataille diplomatique. Steve Hansen était à peine entré en salle de presse qu’il déclarait : « L’Irlande est désormais favorite pour la Coupe du monde ». On imagine le soulagement du coach des All Blacks de s’enlever un (petit) peu de pression. Il fallait bien trouver un peu de positif dans cet aprèsmidi sans essai. Et vivre deux défaites dans la même année, pour lui, ça ressemble à une alerte (avec le même ratio, l’entraîneur de l’Italie serait un héros national). Évidemment, Joe Schmidt a essayé de se dégager de ces compliments embarrassants : « C’est une plaisanterie. Nos adversaires sont numéro un depuis neuf ans et un match changerait tout ? Ne nous emballons pas, nous étions à domicile avec un public phénoménal alors qu’eux sortent d’une série de matchs un peu partout dans le monde. En plus, pas mal de petites choses ont tourné en notre faveur dans cette partie. Vous me parlez du prochain Mondial ? Je vous réponds qu’il faudra travailler dur avant de jouer contre les États-Unis samedi. »
CONCURRENCE CROUSTILLANTE
Entre les coachs des deux meilleures nations de la planète ovale, la concurrence entre les deux hommes est particulièrement croustillante. Joe Schmidt est néo-zélandais et il devrait dire, le mois prochain, s’il veut rester à la tête de l’Irlande après le Mondial. Quant à Steve Hansen, bientôt 60 ans, il ne s’est pas encore exprimé sur son futur. Le sélectionneur des All Blacks est dans le staff des Noirs depuis quinze ans (comme adjoint de Graham Henry d’abord, avant de prendre les rênes en 2011). Il a vécu deux titres mondiaux et certains pronostiquent son retrait après 2019. Beaucoup imaginent que Joe Schmidt (53 ans) pourrait revenir dans son pays natal pour devenir le successeur de Hansen. Schmidt a quitté les antipodes en 2007 pour rejoindre Clermont comme adjoint de Vern Cotter. Il n’était alors qu’un entraîneur adjoint méconnu des Auckland Blues. Il a fait bien du chemin depuis. Affable dans le privé, il est d’une prudence de sioux quand il s’exprime en public mais ce qu’il a réussi avec l’équipe d’Irlande en a fait un gourou du rugby mondial. On verra ce que décidera la NZRU. Organisera-t-il un appel d’offres comme elle l’a déjà fait dans le passé ?
Mais samedi, soir dans l’euphorie du centre de Dublin, les gens préféraient jouir de l’instant présent. Les plus vieux ne pouvaient même plus se réfugier dans la nostalgie. Jamais l’Irlande n’a été aussi forte, même pas à l’époque de Brian O’Driscoll, ni à celles de Mike Gibson ou de Jack Kyle. Et personne n’a encore vu le XV du trèfle gagner un match de phase éliminatoire de Coupe du monde. .■