Midi Olympique

LA BATAILLE DU JEU

L’IMPRESSION DOMINE QUE LE STADE NANTAIS SE RAPPROCHE, ENFIN, DE SON GRAND OBJECTIF ET LE CREDO DE SON MANAGER EST À MÉDITER.

- Par Gérard PIFFETEAU G. P.

Qui n’a pas entendu un haut dirigeant fédéral formuler un jour le voeu de voir s’installer une structure profession­nelle à Nantes ? Plusieurs tentatives ont échoué, mais l’ancien président Olivier Massicot a eu le mérite d’amorcer la mèche. L’heure était venue pour les coprésiden­ts d’aujourd’hui, Jean-Marc Allègre et Hervé Maura, de tracer une nouvelle voie. Où conduira-t-elle le Stade nantais ? Il est trop tôt pour parier sur le futur mais les signaux venant de l’ouest peuvent être interprété­s comme une mise en conformité du club avec de légitimes ambitions que personne n’a envie de cacher. Le manager atypique, Pierric Moison, dépeint le tableau.

LE PARCOURS ACTUEL

« Nos performanc­es sont le fruit du travail et de la stabilité. Le groupe est plus mature même si ce n’est pas suffisant. Le but est d’intégrer dans deux ans le top 4 synonyme de demi-finale. Des prétendant­s à la Pro D2 il y en a de sérieux économique­ment, mais le projet n’est pas réaliste partout. Il faut avoir un mécène (qu’on n’a pas) ou des fondations solides. Nous n’ambitionno­ns pas dès cette année une deuxième place derrière Rouen, il y a des déplacemen­ts difficiles à venir et nous verrons si nous avons l’étoffe. Il faut afficher son ambition mais aussi son humilité. »

LE RENFORCEME­NT

« Notre équipe espoirs, deuxième entre Vannes et Angoulême, est une vraie équipe de moins de 23 ans. Cependant, cette année je suis allé chercher de jeunes espoirs de clubs pros comme Touchkaief­f, Labouchère ou Tsukhishvi­li, Taulanga, Bouillon. Nous devons construire et en deux ans je souhaite faire venir un joueur expériment­é par ligne. La ville de Nantes est attractive, il y a des atouts, la structure est saine. Je ne veux pas entraîner des jeunes sur un projet bancal. Je ne veux pas leur mentir et plutôt leur donner l’envie de performer. Il faut passer à l’étape suivante mais la Fédérale 1 est hybride, sa gestion est complexe. »

LE JEU ET LA CULTURE

« La bataille aujourd’hui se fait sur le jeu. On n’est plus sur la passion ou la culture qui s’est diluée. C’est la culture du travail et du jeu qui fait la différence. Par contre, la culture du terroir reste vraie. J’ai participé durant 11 ans à l’aventure de Vannes, à Nantes nous n’avons pas cette forte entité bretonne. Les Pays de la Loire c’est neutre, nous devons nous accrocher à Nantes. Tous les sports pros existent à Nantes, il faut gagner notre place et ce n’est pas facile. On dérange aussi peut-être un peu. À Nantes il faut un jeu spectacula­ire pour conquérir le public (nous sommes dans le top 5 national des affluences), et nous pratiquons un rugby attractif. Nous avons autant de bonus offensifs que Rouen et notre attaque est deuxième au plan national. Avec le directeur sportif Pierre Magimel, les coachs Bertrand Guilloux et Manu Patte et l’ensemble du staff nous faisons un bon travail. »

L’ESPRIT

« Chaque dimanche je n’ai pas peur du match. Je ne joue pas ma tête. Il faut que les joueurs n’aient pas peur du match, c’est un bonheur absolu pendant une heure trente et ils n’ont pas le droit de passer à côté. Le rugby c’est une expression de soi et si le joueur est inhibé le jeu le sera. Il ne pratique pas un métier. En aucune façon l’entraîneur agit sur le jeu, il agit sur le joueur. Au Stade nantais tous les jeunes sont inscrits dans un double projet, avant de gagner de l’argent du rugby ils doivent gagner leur rugby. C’est pour eux un équilibre de vie et je ne veux pas leur mentir. »

 ?? Photo Tibophoto.fr ?? Entre les coachs Bertrand Guilloux (à gauche) et Manu Patte, le manager Pierric Moison est au centre de l’alléchant projet sportif nantais.
Photo Tibophoto.fr Entre les coachs Bertrand Guilloux (à gauche) et Manu Patte, le manager Pierric Moison est au centre de l’alléchant projet sportif nantais.

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