Midi Olympique

Merci Cheslin !

- Par Jérémy FADAT

Il a fallu, il y a neuf jours, que ce mec-là pénètre sur la pelouse du Stade de France pour que le match change radicaleme­nt de dimension. Cheslin Kolbe, à peine

1,70 m pour un brin plus de 70 kg, que seuls un crochepied de Dupont et un plaquage haut d’Iturria ont empêché de crucifier les Bleus dix minutes avant l’inéluctabl­e. Et il convient, même là et malgré notre préférence franchouil­larde assumée (n’en déplaise à Lauret), de tomber encore un peu plus sous le charme de ce joueur hors du temps et des codes. Pardon de ne citer tous ceux qui, comme lui, existent différemme­nt dans un rugby bodybuildé, stéréotypé et aseptisé. Mais le lutin sud-africain va plus loin. Il domine chaque week-end des adversaire­s à qui il rend vingt centimètre­s et trente kilos. Quel pied ! Nous renvoyant à l’essence même de ce sport, que l’on pratique parce qu’on est trop gros pour faire du foot ou trop petit pour le basket. Parce que lui, et comme tant d’autres, a dû vaincre les préjugés. Jusqu’à quitter son pays à 23 ans (où tous les débats le ramenaient à son physique) et marcher sur le Top 14 pour prouver à quel point il avait sa place en sélection. Il a fallu aussi qu’Ugo Mola et Pierre-Henry Broncan se battent à Toulouse pour convaincre leur direction de le recruter, d’abord frileuse au vu de ses mensuratio­ns. Aujourd’hui, il est peut-être le meilleur joueur du championna­t, dont les statistiqu­es ne suffisent à refléter son immense influence sur les résultats rouge et noir. Mais c’est dire les maux actuels de ce sport. Ce sont pourtant pour des Kolbe que les gens achèteront toujours leur place au stade et en auront pour leur argent. Pour voir cet ovni prendre le moindre intervalle, en créer d’autres impossible­s, multiplier les offrandes, filer des cartouches terribles, s’accrocher avec quiconque cherche à l’intimider et même brancher Freddie Burns quand il célèbre son essai avant d’avoir aplati. Suivre le Stade toulousain depuis un an et demi, c’est s’assurer ce luxe depuis la tribune de presse. Mais ne le disons pas trop fort, le président biarrot serait capable de vouloir le recruter à tout prix pour réclamer à chaque journalist­e de payer son billet.

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