Midi Olympique

OUI À 2019 !

- Par Émilie DUDON, envoyée spéciale emilie.dudon@midi-olympique.fr

Bien sûr, peu de personnes osaient émettre l’idée publiqueme­nt. Frédéric Michalak était de ces rares-là, il y a un mois, dans une interview accordée à Rugbyrama. « Est-ce qu’il faut tout miser sur 2019 ? Je trouverais plus intelligen­t de miser 2023, que le rugby français dans son ensemble pense à 2023 ». L’ancien ouvreur du XV de France, retraité depuis cet été, avait pour lui le mérite d’assumer son propos. Et de le développer. « 2019 pourrait être l’occasion de lancer des jeunes joueurs, de leur faire découvrir la Coupe du monde sans pression au-dessus de la tête. » À ces propos, Michalak trouva un écho froid chez les joueurs du XV de France actuel. On les comprend.

L’ancien Lyonnais, Toulonnais et Toulousain n’est pourtant pas franc-tireur. Il portait simplement sur la place publique une question devenue pesante, presque dérangeant­e mais que, loin des micros, le rugby français se posait jusque dans ses sphères décisionne­lles : le XV de France devait-il, pour la première fois de son histoire, « lâcher » une Coupe du monde (2019) pour être compétitif à la suivante (2023 qui se tiendra en France, faut-il le rappeler…) ? Le but étant, pour la faire courte, de surfer sur le titre mondial des Bleuets en juin dernier, pour leur offrir dès maintenant l’occasion d’engranger une expérience déjà précieuse.

Une victoire plus tard, tout est-il transfigur­é ? On ne va pas s’emballer, ni se voir débarquer au pays des sushis dans la peau des favoris. Le succès face aux Argentins, samedi soir, a pourtant changé quelque chose : les Bleus ont montré qu’ils pouvaient battre les Pumas ! Pas de quoi s’enflammer ? Pour rappel, ils n’y étaient parvenus que six fois ces seize dernières années pour dix défaites encaissées, dont quatre à domicile. Surtout, ce succès net et sans bavure est intervenu au meilleur moment, à moins d’un an de nos retrouvail­les avec nos bêtes noires pour le premier match de poule du Mondial. Forts de cette victoire lilloise, on aura sûrement un peu moins la pétoche le 21 septembre prochain sur les coups de 9 h 15, quand les Tricolores ouvriront les hostilités dans la capitale nippone.

LUEUR D’ESPOIR

Anecdotiqu­e, diront les esprits chagrins ? Pas pour le demi d’ouverture argentin Nicolas Sanchez en tout cas : « Tous les matchs entre la France et nous sont des matchs au mental. Et la tête, c’est important. L’équipe qui gagne ce week-end aura de fortes chances de gagner à la Coupe du monde », avait ainsi déclaré le futur Parisien durant la semaine. Les Bleus auraient donc pris un avantage psychologi­que certain sur leurs frères latins. Son sélectionn­eur Mario Ledesma, qui connaît bien la France et les Français, a freiné des quatre fers en assurant que cela n’aura « rien à voir pendant la Coupe du monde ». Son homologue Jacques Brunel aussi d’ailleurs : « Je l’avais dit et je le maintiens : les conditions seront totalement différente­s dans un an, a-t-il déclaré samedi soir après sa deuxième victoire en douze matchs face aux Argentins. Pour moi, cette victoire n’aura aucune incidence sur le match de début de Coupe du monde. »

Cela ne nous empêchera pas, toutefois, d’y voir une éclaircie, un rayon de soleil dans la nuit qui s’abattait sournoisem­ent sur le rugby français, un peu plus à chaque match raté. Ce succès d’automne l’a prouvé : oui, ces Bleus sont capables de battre l’Argentine pour sortir des poules. Et oui, c’est un point de départ et un premier capital de confiance pour se lancer dans ce Mondial d’ici quelques mois. C’est déjà ça, non ?

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