Des crampons, pas des rollers...

Le côté chambreur des Argentins m’a toujours agacé. Quand mon vieux pote Mario Ledesma dit dans Midol avant la rencontre que « La France se

trompe », j’ai envie de hurler. Mais où s’eston trompé, à Lille ? Où ça ? Mais dites le moi ! Je vous rappelle que les Pumas en ont pris 30, samedi soir ! La prochaine fois, Mario mettra des crampons vissés plutôt que rollers à sa première ligne, ça aidera peut-être… J’ai aussi entendu Gonzalo Quesada assurer qu’il ne comprenait pas que Brunel sorte Doumayrou du XV de départ. Mais il l’aurait mis, lui, Doumayrou, dans sa ligne de trois-quarts ? Peuton être honnête et arrêter de faire de la politique, pour une fois ? L’Argentine, hein… Stop ! Ça va ! C’est bon ! Je m’agace un peu mais sincèrement, je suis heureux. Enfin presque. Parce qu’à l’issue de ce match, me revient aussi en tête un mot que je déteste : « Dommage ».

C’est « dommage » que Baptiste Serin ne joue pas deux surnombres qui se sont présentés à lui. C’est aussi « dommage » que Wenceslas Lauret ne fasse pas la passe à Huget, décalé sur l’aile. Mais « dommage », ça ne vaut rien…

Passé ce léger coup de gueule, je me réjouis de voir que nos petits Bleus ont du caractère. Yoann Huget amène du dynamisme à notre ligne d’attaque : il traque le numéro 9, se bat sous les ballons hauts, joue le contre-ruck, montre qu’on n’a pas besoin d’être flanker pour avoir la hargne. À ses côtés, Camille Lopez a su ouvrir des intervalles : lui ne sera jamais Beauden Barrett, il n’a pas son physique mais il est beau- coup plus intelligent dans sa conduite du jeu que le All Black. Pour connaître un peu le poste de trois-quarts centre, je vous assure aussi que la paire Fickou-Bastareaud a un bel avenir devant elle. Quel match, Bastareaud ! Quelle puissance ! Et quel flair au moment de gratter les ballons ! Après ça, va-t-on encore entendre des tristes sires assurer qu’il n’est pas indispensable au XV de France ? Ou le débat est-il enfin clos ? Pour en finir avec les satisfecit, bravo à Guilhem Guirado. Je ne suis pas fan du joueur, je ne l’ai jamais caché. Mais il est un vrai leader de combat et son courage le hisse au niveau de talonneurs ayant beaucoup plus de talent que lui. […] C’est bien, c’est bon. Notre équipe pour le Mondial, on l’a presque. Tu rajoutes à ce groupe Willemse, Macalou, Fofana, Yacouba Camara et tu peux voyager serein. Et puis, tu fais surtout entrer dans le crâne de Teddy Thomas que s’il n’est pas encore le meilleur ailier du monde, ce n’est que de sa faute. Ce mec est un immense finisseur (pour sortir à hauteur de Fickou quand tu pars avec 30 mètres de retard, il faut du coffre, crois-moi…) mais sa nonchalance en défense et sous les ballons hauts m’énervent.

Si j’étais sélectionneur ? Je titulariserais face aux Fidji Demba Bamba, Chat, Galletier, Dupont et Belleau. À eux de nous montrer, maintenant, ce qu’ils ont dans le ventre. Moi, on m’a lancé à 21 ans dans un match pourri, contre la Roumanie en Coupe latine. Juste pour voir. J’y suis resté et d’autres ne sont jamais revenus. Mais au moins, on était tous fixés…

« Notre équipe pour le Mondial, on l’a presque. Tu rajoutes à ce groupe

Willemse, Macalou,

Fofana, Yacouba Camara et tu peux voyager serein. »