Midi Olympique

CONTOURNER LES « COUPEURS DE TÊTE »

SI LA DÉFENSE AGRESSIVE DES FIDJIENS SE VEUT DISSUASIVE, CELLE-CI N’EN OUVRE PAS MOINS D’ÉNORMES ESPACES. À CONDITION POUR LES BLEUS D’ÊTRE ASSEZ ORGANISÉS ET ADROITS TECHNIQUEM­ENT POUR LES EXPLOITER...

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Àchaque affronteme­nt du XV de France avec une formation venue du Pacifique, ce sont les mêmes rengaines qui ressortent, qui font la part belle à la nécessité de « rester bien gainé après la passe » sous peine de perdre quelques côtelettes… Le truc ? C’est que, même si on déteste donner raison aux lieux communs, l’antienne se vérifie à chaque fois. Parce que les Samoans, Tongiens et autre Fidjiens raffolent du défi physique et de faire mal à l’adversaire, ceux-ci ont régulièrem­ent tendance à perdre leur organisati­on après plusieurs temps de jeu pour revenir sur de la défense individuel­le, le but étant pour ces derniers d’anticiper et de monter très vite pour prendre l’adversaire en même temps que le ballon. De fait, il n’y a aucune raison d’imaginer que les Fidjiens aillent contre leur nature profonde face aux Bleus, samedi au stade de France. Ce qui constituer­a un test grandeur nature pour la ligne d’attaque des Tricolores, dont on pourra mieux mesurer la progressio­n après les promesses entrevues le week-end dernier contre l’Argentine.

REPRISE DE LA PROFONDEUR

À ce titre, la performanc­e réalisée par les Écossais le 10 novembre (54-17) constitue le meilleur exemple pour les Bleus, qui vit le XV du Chardon prendre patiemment le dessus dans le combat d’avants pour user les Iliens, avant de lâcher les chevaux dans le dernier quart d’heure. Ce qui fut fait, là encore, avec méthode… Conscients que les Fidjiens allaient, sur la fatigue, céder à leur péché mignon de la défense individuel­le, les Écossais avaient mis en place un système d’animation en « double leurre », proche de ce que l’on observe régulièrem­ent dans le rugby à XIII, qui berna complèteme­nt leurs adversaire­s. En clair, en plus du traditionn­el troisquart­s dans le dos de la cellule d’avants après relance de jeu, les Highlander­s sont parvenus au milieu du terrain à faire trancher le deuxième bloc d’avants devant un deuxième trois-quarts. « On savait qu’en fin de match, des espaces allaient s’ouvrir lorsque les Fidjiens allaient vouloir réussir le plaquage décisif plutôt que rester bien en ligne, commentait après coup le sélectionn­eur Greg Townsend. Tout ce que nous avions à faire, C’était de bien communique­r depuis l’extérieur, et trouver les bons timings pour les attaquer en reprenant de la profondeur. » Une méthode parfaiteme­nt exécutée sur le troisième essai de Tommy Seymour (voir ci-dessus), dont le XV de France serait bien inspiré… de s’inspirer, à défaut de le copier ! Car s’il semble illusoire d’attendre des Bleus qu’ils improvisen­t en moins d’une semaine une animation offensive que les Écossais ont mis des mois à peaufiner, on peut au moins espérer voir les trois-quarts français attaquer avec suffisamme­nt de profondeur pour battre la défense sur la simple qualité du jeu de ligne, en négociant classiquem­ent les surnombres. La défense fidjienne s’y prête, en tout cas. Qui pourrait permettre aux Bleus de conclure ces tests de novembre avec quelques sourires, à condition de s’en créer les conditions.

Newspapers in French

Newspapers from France