Midi Olympique

« J’ai prouvé que j’avais du caractère »

ENCORE DÉCISIF LORS DE LA VICTOIRE À PAU SAMEDI, L’INTERNATIO­NAL, REPOSITION­NÉ AU CENTRE DEPUIS PLUSIEURS SEMAINES, VIT UNE VÉRITABLE RENAISSANC­E.

- Propos recueillis à Pau par Jérémy FADAT jeremy.fadat@midi-olympique.fr

Toulouse n’a pas livré sa meilleure prestation mais a gagné. L’an passé, à Pau, la physionomi­e était la même mais vous aviez perdu d’un point. Est-ce un signe ?

Je ne sais pas mais il y a eu pas mal de chance en notre faveur. L’an passé, la situation était inversée, nous avions raté des occasions et des coups de pied. Là, leur buteur loupe trois pénalités, dont deux assez faciles. En première mi-temps, nous avions le ballon mais il y avait toujours cette passe de trop, ce ballon rendu car chacun voulait pousser l’action un peu trop loin. En deuxième mi-temps, il y a aussi eu vingt minutes difficiles. Il ne faut pas oublier que le groupe revenait de deux semaines de coupure, c’est positif de l’emporter ainsi même si ça remet les pieds sur terre. On doit garder la tête froide.

Au vu du classement, la pression n’était pourtant pas immense sur vos épaules…

En Top 14, on a le couteau sous la gorge chaque weekend. Après la victoire contre Bordeaux-Bègles (40-0), j’avais d’abord dit aux autres : « Génial, on fait un super début de saison. » Puis j’ai regardé le classement et vu que tout se tenait en cinq ou six points jusqu’au neuvième. Donc nos adversaire­s ont aussi réalisé un bon départ. Personne ne peut se permettre de se relâcher. Sur le papier, ce n’était peut-être pas vital de l’emporter à Pau mais je suis persuadé que ces points vont compter à la fin.

Depuis votre arrivée au club en 2016, aviezvous déjà vu cette équipe toulousain­e aussi sereine qu’actuelleme­nt ?

Si je compare à la saison durant laquelle j’ai débarqué, il est certain que la dynamique est totalement différente puisqu’on avait fini douzièmes… Ce club s’est reconstrui­t. Pas juste cette année. On en parle beaucoup mais la saison dernière a été excellente. Chacun s’est dit ce qu’il fallait en face et savait qu’on ne pouvait que mieux faire. D’autres anciens sont partis l’été passé mais en laissant les choses proprement. Même si l’intersaiso­n a été délicate. Il y avait beaucoup de jeunes et les leaders n’étaient pas forcément définis. Il a fallu que certains se révèlent.

Avez-vous douté à cet instant ?

Franchemen­t, j’étais le premier inquiet à la reprise le 20 juin. J’étais le plus vieux et je me disais : « Merde, ça va être dur. » Puis on perd en amical à Colomiers et à Perpignan… Il y avait encore eu des départs et on avait peur que ce soit la fin. Je l’avais justement confié à Florian Fritz au terme de la saison passée. Il m’avait répondu : « Ce n’est jamais la fin. Moi, quand je suis arrivé, c’était pareil : Garbajosa et les autres s’en vont, ce sera difficile. Mais, au Stade toulousain, il y a toujours ce vivier de jeunes qui sortent du lot pour faire perdurer les choses. » Finalement, tout le monde a haussé son niveau. Les jeunes ont poussé et je peux vous certifier que les anciens n’ont pas envie de lâcher. Il y a aussi une Coupe du monde qui n’est pas loin pour les internatio­naux. Ils ont envie d’y aller. C’est bien pour le groupe, pour le club.

N’avez-vous pas l’impression que le geste défensif miraculeux de Maxime Médard à Bath a fait basculer votre saison ?

Oui, il nous fait du bien mais, ce que je veux retenir, ce n’est pas ce geste. Pour moi, c’est la défaite à domicile contre Castres. Voilà ce qui nous a vraiment fait basculer. On n’a pas le droit de mener de vingt points contre le champion de France devant notre public, ou même le champion de Pro D2 d’ailleurs, pour se faire remonter et perdre. Là, ce fut un déclic.

Après deux saisons gâchées par les blessures, vous êtes dans une forme étincelant­e depuis trois mois. Vous sentez-vous libéré ?

On me parle des deux ans de frustratio­n mais, pour moi, c’est même quasiment deux ans et demi sans rugby car mon histoire à Bordeaux s’est mal finie et je ne jouais plus trop les six derniers mois. J’ai senti dès la fin de saison passée que j’allais mieux physiqueme­nt, que je pouvais avancer. J’ai pu bosser normalemen­t cet été, enfin réaliser une vraie préparatio­n et revenir plus fort mentalemen­t, prêt à tout casser. Au départ, ça a été dur et nous nous sommes un peu chamaillés avec Ugo (Mola). J’estimais que je méritais de jouer dès le début de saison. Or, je suis remplaçant lors de la première journée, je ne rentre pas. Je le lui ai dit. Puis j’ai eu un brin de chance avec l’appel de Cheslin (Kolbe) avec l’Afrique du Sud qui m’a donné une place. Là, j’avais un match et l’interdicti­on de passer au travers. J’avais gueulé la semaine précédente et savais que tout le monde m’attendait. J’ai saisi l’opportunit­é. Au-delà du rugby, j’ai prouvé que j’avais du caractère.

Le numéro 13 dans le dos vous porte chance…

Oui, et je pense le garder pour un petit bout de temps avec les blessures de Pierre (Fouyssac) et Théo (Belan). C’est un poste que je connais. J’y ai beaucoup joué en jeunes, puis à Albi en Pro D2 quand on avait terminé la saison en finale contre Bordeaux-Bègles. Certains le découvrent mais je sais jouer centre (sourires).

Vous parliez du Mondial tout à l’heure. Vous aviez disputé le dernier, et, vu votre niveau actuel, osez-vous penser au Japon ?

On peut le dire mais Jacques

Brunel a construit un groupe et n’entend pas trop le chambouler. C’est légitime. Quand j’étais en équipe de France, j’étais le premier à défendre qu’il ne fallait pas changer les joueurs à chaque match en fonction des prestation­s des uns et des autres. Je le comprends mais je reste un compétiteu­r et je mentirais si je disais que je n’y pense pas du tout. Ce n’est pas moi qui choisis mais je vais continuer à tout donner.

Vous êtes en fin de contrat, discutez avec Toulouse et intéressez d’autres clubs. Cette situation ne semble pas vous perturber…

Elle ne me préoccupe vraiment pas car j’ai connu de bien plus grosses galères que ça. Très jeune, j’ai aussi eu des problèmes de contrat et cela m’a forgé. J’ai cette expérience, je vais bien et je ne me fais pas de soucis là-dessus. Je sais également que le Stade toulousain veut me conserver, que j’aimerais bien rester ici. Donc j’espère qu’on va trouver un terrain d’entente sous peu.

Votre priorité est donc de prolonger…

Bien sûr. Je dois encore beaucoup à ce club.

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