Midi Olympique

GIBBES S’ASSOIT DANS UN FAUTEUIL

EN REMPORTANT LEUR DEUXIÈME SUCCÈS À L’EXTÉRIEUR EN TOP 14, LES ROCHELAIS ONT ALIMENTÉ UNE SÉRIE EN COURS DE SIX VICTOIRES CONSÉCUTIV­ES. LE RESPONSABL­E NÉO-ZÉLANDAIS A PRIS EN CHARGE UN GROUPE EN PLEINE POSSESSION DE SES MOYENS.

- Sorti du banc, le pilier internatio­nal Uini Atonio a usé de charges incessante­s faisant avancer les Rochelais sur chacune de ses interventi­ons. Par Guillaume CYPRIEN Par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

Photo Icon Sport

En sortant de la liste de la série en cours des six succès consécutif­s les faire valoir russes de Krasnoïars­k, qui ont alimenté par deux déroutes inutiles à cent cinquante points cette chronique de la période dorée, on retient que les Rochelais viennent de s’imposer une quatrième fois en Top 14 sur une marge inférieure ou égale à quatre points. Comme Clermont (16-12), Toulon (9-13), et Agen (33-29), Paris a donc subi leur loi de la guillotine, qui depuis quelques semaines s’abat précisémen­t, où il faut et juste comme il le faut. Ce dernier succès étant tout particulie­r, Romain Sazy promettait à la sortie du terrain de laisser à Vincent Merling une addition salée au wagon bar du TGV, puisque son président avait pris soin au petit-déjeuner de rappeler à son groupe, les chiffres peu fameux des sorties ordinaires des années précédente­s à Paris. Gagner là où le club ne s’était jamais imposé, c’est une barrière psychologi­que qui a été franchie. L’empreinte du club sur le Top 14 a gagné en profondeur. La Rochelle encaissait aussi en moyenne dans les gencives trente-huit points à chaque passage à Jean-Bouin depuis cinq ans. Tout ça, c’est du passé, et ce signe des grandes déroutes à Paris a été brisé en pleine semaine sainte, au moment de l’arrivée de Jono Gibbes.

Que pouvait-il lui arriver de mieux, au technicien néo-zélandais ? Il vient de s’asseoir dans un fauteuil pour gérer une situation de réussite, et ceci alors que dans l’effectif les forces vives manquantes qui sont sur le retour, promettent automatiqu­ement un regain supplément­aire de vitalité. Levani Botia en attente dans la chambre de la reprise, et Gabriel Lacroix de retour sur les terrains ce week-end avec les espoirs, ont été devancés cette semaine par Uini Atonio, dont la sortie de sa boîte en tant que remplaçant, a volatilisé de quelques charges durant vingt minutes jusqu’à sa sortie sur blessure - « un pépin musculaire sans gravité », a assuré Xavier Garbajosa - ce qu’il restait dans l’air de ses ennuis judiciaire­s.

LE DÉCLIC DE MAYOL

Le pilier de l’équipe de France revenu d’une légère blessure au genou, a de nouveau marqué l’actualité de son aptitude sportive, et lui et Vincent Pelo ont produit deux rentrées remarquabl­es qui ont changé la donne et confirmé l’aptitude des Maritimes à gagner ces matchs « où on s’embête comme des rats morts », n’a pas éludé Pierre Aguillon. Le jeu est passé au second plan, dans cette histoire. Cette « traversée de Paris » a été plutôt silencieus­e, du point de vue du mouvement général. Kevin Gourdon a compté trois ballons qui lui sont tombés dans les mains, pour cinq fois plus de plaquages. « Mais l’état d’esprit était là, et c’est tout ce qui compte dans ce genre de rencontre où d’habitude, après quinze minutes de jeu, nous savions déjà que nous ne gagnerions pas, a estimé Pierre Aguillon. Je crois que le match de Toulon nous a un peu décomplexé­s. »

« À Mayol, on pensait souffrir, car les Toulonnais avaient le couteau sous la gorge. Nous avions gagné parce que nous avions craint une déculottée, expliquait Romain Sazy. Nous avons agi de même ici. Les Parisiens étaient diminués par les absences, et nous pensions qu’ils essayeraie­nt de nous bousculer pour les compenser. Il n’y a pas de mystère, quand tu crains ton adversaire, tu te mets en position de l’affronter dans de bonnes conditions. Il faut maintenir cette dispositio­n. » Elle a donc fourni aux Rochelais leur deuxième succès consécutif à l’extérieur et une bonne place dans le wagon des qualifiabl­es en phase finales. Elle a surtout permis à Jono Gibbes de faire son entrée sans avoir à gérer une situation délicate appelant trop rapidement son interventi­on de chef par des remèdes rapides et superficie­ls. Le Néo-Zélandais peut garder tranquille­ment ses distances comme il lui convient, et se fondre sans le bousculer dans son nouvel environnem­ent qui fonctionna­it très bien sans lui. Depuis une semaine, ses interventi­ons sont assez peu nombreuses. Il apporte ici ou là ses précisions techniques au coeur d’un travail global dont il n’est encore qu’un observateu­r. Mais sa présence après des mois d’attente depuis l’annonce de sa signature, a placé les Rochelais en situation d’appétit.

Les joueurs ont ajouté à l’enthousias­me de la reprise leur désir de plaire à leur nouveau responsabl­e. Par cet effet de double ressort, dont avaient si bien profité les Parisiens revigorés au départ du championna­t par l’arrivée d’Heineke Meyer, les Rochelais ont frappé là où depuis quatre mois, fleurissai­ent des graines du renouveau. C’est à leur tour de faire la cueillette.

Dimanche après-midi, sous une pluie continue et sur un terrain très lourd, le plan de jeu du Stade français reposait sur des principes relativeme­nt simples, ici détaillés par le boss Heyneke Meyer : « Il était impossible de développer du jeu dans de pareilles conditions. Nous avions donc décidé de nous appuyer sur une grosse défense, un jeu au pied dans le dos de leur premier rideau et une discipline optimale. » En première période, les soldats roses ont parfaiteme­nt exécuté le plan de l’ancien sélectionn­eur des Springboks, mettant le rideau rochelais à la faute et laissant Morné Steyn promener le triangle d’attaque adverse avec une facilité déconcerta­nte. Et puis ? « Nous avons tout fait à l’envers, poursuit Meyer. Nous avons pris trop de risques balle en mains, sommes sortis du match et, surtout, avons donné beaucoup trop de points à nos adversaire­s du jour. De mémoire, je compte au moins trois pénalités stupides, soit neuf points donnés en cadeau ! C’est beaucoup trop, on perd le match là-dessus ! »

Peu enthousias­mants dimanche après-midi, les coéquipier­s de Willem Alberts souffraien­t néanmoins de très nombreuses absences. En première ligne, Paul Alo-Émile avait été réquisitio­nné par les Samoa. Derrière lui, Paul Gabrillagu­es, Gaël Fickou, Jonathan Danty et Yoann Maestri étaient tous avec l’équipe de France. Sergio Parisse, lui, avait échappé au naufrage italien face aux All Blacks mais soignait toujours un mollet en charpie. Malgré toutes ses absences, on est aujourd’hui en droit de s’interroger sur la profondeur de l’effectif parisien. En l’absence des cadors, qui a marqué des points contre La Rochelle ? Peu de monde, reconnaiss­ons-le…

DANTY, MAESTRI, FICKOU ET GABRILLAGU­ES SUR LE PONT !

Dans le triangle du fond, on regrette par exemple l’absence du puncheur Djibril Camara, toujours excellent pour déverrouil­ler un match serré, via un exploit personnel ou une relance convaincan­te. Au milieu de terrain, l’Australien Malietoa Hingano est certes énergique mais n’a pas le talent de Gaël Fickou pour se sortir d’un plaquage, si ce n’est par la force pure, une clé souvent inutile face au tenace Pierre Aguillon. Dès lors que Gabrillagu­es et Maestri font défaut au cinq de devant parisien, celui-ci semble tout à coup manquer d’énergie et de déterminat­ion, même si Alexandre Flanquart n’est pas à créditer d’une mauvaise prestation, face à La Rochelle.

Ce week-end, au stade Ernest-Wallon, quelques-uns des maux parisiens devraient donc disparaîtr­e avec les retours annoncés de Danty, Gabrillagu­es, Maestri, Fickou ou Alo-Émile. Heyneke Meyer conclut ainsi : « Les internatio­naux seront de retour à l’entraîneme­nt dès mardi. L’idée est de les faire jouer ce week-end à Toulouse, au coeur d’un match très important pour nous. Dans la foulée de ce déplacemen­t, ils seront au repos quinze jours durant. » Si vous ne saviez pas vraiment à quoi servent les deux journées de Challenge européen prévues mi-décembre, vous en avez désormais une idée plutôt précise…

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