Midi Olympique

QUESTION DE SAVOIR-FAIRE

SI LE CONTENU DE LA RENCONTRE LAISSE ENCORE À DÉSIRER, LES CASTRAIS SONT PARVENUS À LEURS FINS : RAMENER QUATRE POINTS DE CE DÉPLACEMEN­T QU’ILS AVAIENT CIBLÉ DEPUIS LONGTEMPS.

- Camille Gérondeau, exceptionn­el d’activité samedi, a été l’un des grands artisans du succès castrais à Perpignan. Par Simon VALZER, envoyé spécial simon.valzer@midi-olympique.fr S.V. CASTRES URDAPILLET­A ÉTAIT PRESSÉ !

Ils avaient préparé leur coup depuis des mois. Oui, Castres avait ciblé ce déplacemen­t à Aimé-Giral. Et bien avant que l’Usap ne devienne la proie numéro un de ce Top 14 en enchaînant neuf défaites de suite. Non. Les Castrais avaient ciblé ce match pour plusieurs raisons. D’abord en suivant une certaine logique sportive, qui veut que le champion de France de Top 14 doit pouvoir s’imposer sur les terres du champion de France de Pro D2 s’il veut se montrer à la hauteur de son statut. Mais aussi et surtout parce qu’il s’agissait d’un match de reprise après la trêve internatio­nale : « Les reprises sont toujours délicates à gérer, notait le troisième ligne castrais Camille Gérondeau. C’est pourquoi nous sommes partis depuis trois jours. Dès le début de la saison, nous savions que ce match devait créer une dynamique qui nous servirait pour les deux prochaines échéances de Top 14 qui seront les réceptions d’Agen et de Bordeaux. » Une sorte de mini-stage qui s’est d’autant plus justifié au vu de la situation sportive de l’Usap : « On connaissai­t la situation de Perpignan avant le match. La semaine prochaine, ils recevront Bordeaux. Ces deux réceptions sont donc un moment charnière de leur saison. Nous savions qu’ils allaient nous attendre puisqu’ils jouent une partie de leur survie sur ces deux matchs. »

Partis de Castres dès le jeudi après-midi, les Tarnais ont ainsi eu davantage de temps pour retrouver leur collectif, leurs repères, leurs habitudes. Et Dieu sait qu’ils en avaient besoin. Car malgré cela, ils n’ont pas retrouvé leur fluidité habituelle comme l’expliquait l’ouvreur Benjamin Urdapillet­a qui signait son retour à la compétitio­n après deux mois d’absence en raison d’une fracture de la main : « Personnell­ement, c’était dur. Reprendre par un match comme celui-ci n’est jamais facile. Il faut retrouver des automatism­es, retrouver la connexion avec les partenaire­s, retrouver les lancements et le timing… cela fait beaucoup, d’autant plus que nous avons commis beaucoup de fautes. Sur le plan physique, j’en ai bavé car je n’ai Photo Icon Sport quasiment pas joué ces deux derniers mois. J’ai craché mes poumons, surtout à la fin quand on balayait le terrain de la gauche vers la droite mais on a gagné alors ça va !

GÉRONDEAU, LE « PÉNIBLE » SUPERBE

À l’issue du match, aucun Castrais ne se laissait berner par la victoire : « On retiendra quelques beaux plaquages et quelques actions mais je ne pense pas que c’était un grand match de rugby. On ne va pas se plaindre, mais on est déçus car on aurait voulu faire une meilleure prestation. Certes, on a gagné, mais on aurait préféré s’il y avait eu la manière », grimaçait Gérondeau. Même écho du côté de Benjamin Urdapillet­a, qui n’a pas vraiment pu animer le jeu comme il le voulait, surtout dans le deuxième acte : « Ce n’était pas une belle deuxième mi-temps, c’est sûr. Le rythme a faibli en raison des fautes, des mêlées, des mauls… » Bref, pas une partie intéressan­te pour les trois-quarts, même si ces derniers, à l’image de l’ailier Martin Laveau ou de l’arrière Scott Spedding ont su bonifier les rares munitions dont ils ont bénéficié. Mais l’Argentin aura beau râler, c’est précisémen­t sur ces secteurs de jeu que le CO a assis sa victoire. Dominateur en mêlée de bout en bout, le trio TichitJenn­eker-Kotze n’a laissé aucune chance à son homologue mis au supplice dès le début de la rencontre. Les Catalans ont bien tenté de prendre les Castrais sur leur point fort, en l’occurrence les ballons portés, mais là encore ils ont été châtiés.

Il ne restait guère que le jeu au sol dans lequel les avants perpignana­is pouvaient espérer rivaliser. Sauf qu’ils sont tombés sur un os, ou plutôt sur un as : le flanker Camille Gérondeau, qui est allé mettre sa chevelure hirsute dans chaque regroupeme­nt pour y régner en maître. Auteur d’une excellente saison avec sa nouvelle équipe, l’ex-Clermontoi­s a une nouvelle fois prouvé sa valeur en faisant preuve de courage et d’intelligen­ce dans ses interventi­ons au sol, à l’image de celle qui annihila un temps fort catalan en toute fin de partie. Un « pénible » superbe parmi les pénibles, qui risquent de filer encore pas mal de maux de tête aux équipes qui composent ce Top 14. Neuf matchs sans victoire, c’est long. Et l’on eut tôt fait de sentir que la patience du public catalan, déjà très frustré par le début de saison de son équipe, serait particuliè­rement limitée samedi soir. Et notamment à l’endroit de son buteur maison, l’Irlandais Paddy Jackson. Après une première pénalité réussie en tout début de match, l’ex-joueur de l’Ulster a subitement perdu sa précision au pied, manquant à la douzième et à la trente et unième minute des pénalités largement à sa portée de joueur internatio­nal. Ce dernier échec, alors que son équipe était déjà menée 10 à 3 après une demiheure de jeu lui valut même de recevoir la traditionn­elle bronca catalane. Pas de quoi impression­ner l’Irlandais toutefois, qui fit le choix d’indiquer les poteaux deux minutes après pour sanctionne­r une faute castraise en touche alors que celle-ci était à près de cinquante mètres des perches, sur le côté gauche. Jackson prit une grande respiratio­n avant de traverser le ballon pour envoyer ce dernier en plein milieu des poteaux. Ou comment clouer le bec de plus de 11 000 spectateur­s mécontents. Fan inconditio­nnel de foot et supporter éternel de l’équipe argentine de River Plate, le demi d’ouverture argentin du CO s’est présenté le premier en conférence de presse. Pourquoi était-il aussi pressé ? Parce que son équipe fétiche disputait une heure après une finale retour de la Copa Libertador­es contre son rival historique, Boca Juniors. Déjà sous tension à une heure du coup d’envoi, l’ouvreur a dû se résoudre à prendre son mal en patience puisque le match a finalement été reporté à dimanche après que le bus de Boca Juniors a été caillassé par des supporters de River.

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