Midi Olympique

Si les jeunes poussent...

SI RAKA ET WILLEMSE ONT OBTENU LEUR PASSEPORT ET PRÉTENDRON­T À UNE SÉLECTION DÈS LE TOURNOI, LA RÉCONCILIA­TION ENTRE LE XV DE FRANCE ET SON PUBLIC POURRAIT PASSER PAR UN RAFRAÎCHIS­SEMENT DES TROUPES, DONT ON AIMERAIT QU’ELLES INSUFFLENT UNE DOSE DE SPONT

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

La publicatio­n au Journal Officiel date du 10 novembre pour l’un, et du 29 novembre pour l’autre. Alivereti Raka et Paul Willemse sont donc officielle­ment naturalisé­s français, et définitive­ment sélectionn­ables pour le XV de France en conformité avec la volonté fédérale incarnée par Bernard Laporte. On applaudit des deux mains, alors ? On le pourrait, après tout, tant la qualité des deux joueurs n’est plus à démontrer, qui éclate chaque week-end aux yeux des suiveurs du Top 14. En effet, les Éric Melville, Abdel Benazzi, Pieter de Villiers et autres Tony Marsh (liste non exhaustive) ont défendu les couleurs bleues avec talent et ardeur, et on voit mal au nom de quoi on pourrait pester lorsque deux garçons comme Willemse ou Raka en manifesten­t l’envie.

Reste qu’un malaise subsiste au sujet de cette solution des plus court-termistes, qui ne saurait résoudre les problèmes de fond du XV de France, et encore moins du rugby français. D’autant que Raka comme Willemse vont se heurter à un degré d’attente extrêmemen­t élevé de la part du grand public, qui ne leur pardonnera rien. « Quand tu es étranger et que tu portes le maillot bleu, tu as moins le droit à l’erreur que les autres, nous avait confié l’ex-trois-quarts centre du XV de France Tony Marsh du côté d’Auckland, lors d’une rencontre organisée avec Bernard Le Roux. On ne te regarde jamais comme un autre, et cela pèse forcément sur tes performanc­es. Cela peut en transcende­r certains, comme en inhiber d’autres. Si tu es bon, tu deviens le meilleur, et si tu es mauvais, tu deviens le plus minable, celui à qui on ne pardonne rien. »

À ce titre, dans quelles dispositio­ns se trouveront Raka et Willemse ? On en aura, on l’imagine, un élément de réponse lors du prochain Tournoi. Même si on peut d’ores et déjà jurer qu’il serait illusoire d’attendre d’eux qu’ils changent la face des Bleus, étant donné que de par leur poste qu’ils dépendront étroitemen­t de la dynamique de l’équipe et des performanc­es des leaders de jeu…

RETROUVER DE L’INSOUCIANC­E AVEC DES JEUNES ?

Au sujet des performanc­es des leaders ? Seule la forme du moment les guidera. Mais au sujet de la dynamique, en revanche, il n’est pas vain d’attendre de la part du staff quelques aménagemen­ts après la gifle fidjienne. Parce que la génération actuelle semble marquée au fer rouge par le fléau de la défaite, parce que ce cercle vicieux les ronge manifestem­ent de l’intérieur, pourquoi ne pas ouvrir le groupe à quelques éléments rafraîchis­sants, susceptibl­es d’insuffler un peu de vie, de peps, d’enthousias­me ?

L’idée peut se défendre, à l’évidence. Parce que les nouveaux venus ne pourront, quoi qu’il arrive, pas faire pire que les anciens, et évolueront naturellem­ent sans pression. Parce que l’on pardonne plus naturellem­ent à la jeunesse, et que le XV de France a aujourd’hui plus que jamais besoin de spontanéit­é et d’insoucianc­e. Les champions du monde U20 ne sont pas encore totalement invités au niveau internatio­nal, ainsi qu’on a pu le voir avec l’entrée en jeu de Bamba ou de la performanc­e des Barbarians français contre le Tonga ? La belle affaire… On rétorquera à ceux qui décrètent prématuré de lancer ses jeunes dans le souci de « ne pas les griller » que si on devait attendre une équipe de France performant­e pour le faire, ces Bleuets pourraient ne pas être alignés avant qu’ils aient atteint la trentaine… On se souvient qu’en 2008, Morgan Parra et François Trinh-Duc avaient été envoyés au feu par Marc Lièvremont sans véritables références en championna­t. Qui sait si les Geraci, Joseph, Ntamack, Laporte et consorts n’attendent pas simplement une occasion de nous étonner…

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