Midi Olympique

À la source clermontoi­se ?

COMMENT FAIRE RÊVER À NOUVEAU ? EN GAGNANT DIRONT LES UNS. EN PRATIQUANT UN JEU SPECTACULA­IRE JURERONT LES AUTRES. MAIS SI LES DEUX N’ÉTAIENT PAS ANTINOMIQU­ES ? ON PEUT RÊVER, APRÈS TOUT…

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Un constat, d’abord, passée l’émotion. En trois matchs contre l’Afrique du Sud, l’Argentine et les Fidji, l’équipe de France a livré trois prestation­s diamétrale­ment différente­s en matière de stratégie. Face à la défense ultra-agressive des Boks, les Bleus ont ainsi opté pour un plan de jeu axé essentiell­ement autour des pieds de Serin et Lopez (quitte à en abuser) tandis que, contre une défense argentine plus en contrôle, les Tricolores n’ont pas hésité à aller chercher les couloirs extérieurs à la main, avec une certaine réussite malgré un réel déchet. Quant à la stratégie mise en place face aux Fidji ? On peine encore à la déceler tant celle-ci fut anéantie par la domination physique des adversaire­s, au point de se résumer à quelques ballons portés poussifs et du défi physique stérile.

L’unique trait commun entre ces trois matchs, au final ? Il est que les Bleus avaient choisi de marier une grosse défense, une mêlée solide et un jeu orienté autour de Mathieu Bastareaud au milieu du terrain. Rien de nouveau depuis le grand chelem 2010 ? Eh non, rien. Rien qui puisse en tout cas être assimilé à une identité profonde de jeu, ainsi que peuvent dégager des sélections comme la Nouvelle-Zélande, l’Irlande, l’Afrique du Sud, l’Argentine… Toutes les autres sélections au monde, en fait ! Celle des Bleus, empruntée au Top 14, consistant en premier lieu à essayer de faire déjouer l’adversaire. Un rugby qui oppose plutôt qu’un rugby qui impose, en somme ? C’est exactement cela. Et à ce sujet, on ne peut que constater un retour en arrière par rapport aux années Novès, qui avait vu le XV de France tenter (sans grand succès il est vrai) de se bâtir une identité autour d’un jeu de passes après contact, probableme­nt un peu trop ambitieux mais qui avait au moins ce mérite-là, quand bien même les joueurs n’y adhéraient manifestem­ent pas tous.

AUTOMATISM­ES DE CLUB

Mais à quoi adhèrent-ils, au juste, ces joueurs ? Au vrai, on se le demande, avec leurs phrases d’après-match toutes faites et ces sempiterne­ls « on va se remettre en question et retourner au travail » qui donnent la désagréabl­e impression de transforme­r des joueurs de rugby en travailleu­rs à la chaîne. Au vrai, l’un des principaux problèmes rencontrés par le XV de France réside là : faute de pouvoir s’appuyer comme voilà quinze ans sur l’ossature d’une ou deux équipes de club dominantes (les forfaits en série de joueurs clermontoi­s avant la tournée n’ayant pas favorisé la tâche des Bleus, avec les forfaits de Parra, Fofana ou Lamerat, tous titulaires potentiels), les Tricolores se retrouvent dépourvus d’automatism­es et réduits à aller toujours au plus simple. Pas l’idéal pour viser un rugby ambitieux susceptibl­e de faire rêver les foules et gagner des matchs internatio­naux, vous dites ? Certaineme­nt pas... Sauf que la reconquête du public passera aussi par là et, à ce titre, le sélectionn­eur et ses adjoints vont devoir prendre des risques dans les prochaines semaines, sous peine de voir s’installer durablemen­t la sinistrose. Voilà pourquoi Jacques Brunel doit certaineme­nt prier pour que l’effectif de Franck Azéma ne soit pas ponctionné par les blessures comme ce fut le cas début novembre, afin de pouvoir compter sur une matière première un peu plus rodée…

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Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany Camille Lopez et la ligne clermontoi­se d’attaque pourraient redonner de l’allant au jeu tricolore.

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