Midi Olympique

UN PLAN EXÉCUTÉ À LA LETTRE

LES BORDELAIS ONT ENFIN GAGNÉ À L’EXTÉRIEUR, EN APPLIQUANT LE PLAN DE JEU IDÉAL POUR FAIRE DOUTER L’USAP. À AIMÉ-GIRAL, IL FALLAIT SAVOIR SE DÉBARASSER DU BALLON.

- Par Jerôme PRÉVÔT, envoyé spécial à Perpignan jerome.prevot@midi-olympique.fr

Les Bordelais n’avaient pas goûté à ça depuis le mois de mars. Après neuf mois, ils ont retrouvé les charmes d’une victoire à l’extérieur qui les maintient dans le Top 6. Et Joe Worsley pourra s’enorgueill­ir d’un début de carrière euphorique en tant qu’entraîneur numéro un. Deux victoires en deux matchs, certes, celle de dimanche ne fut pas le fruit d’une démonstrat­ion magnifique mais elle l’a sans doute flatté dans ses capacités de meneur d’hommes car les Bordelais ont su appliquer à la lettre le plan qui leur avait été tracé en semaine. « Oui, on voulait au maximum les renvoyer chez eux avec du jeu au pied, leur laisser le ballon et défendre à fond derrière. »

En tant que coach d’abord spécialist­e de la défense,Worsley avait bon espoir que ses hommes puissent tisser un rideau solide face à des attaquants catalans, sans grand pouvoir offensif. Les Bordelais ne l’ont pas déçu sur ce plan, même s’ils ont souffert en première période, c’est vrai en se retrouvant trop souvent dans leur camp. Brock James ou Yann Lesgourgue­s ont sans doute manqué quelques dégagement­s ici ou là, une touche près de la ligne fut gaspillée, ce qui fit que Bordeaux n’aura pu finalement construire que deux actions dans les trente mètres adverses. Mais ce bilan modeste fut suffisant pour virer en tête à la pause avec comme coup de pouce : la maladresse Paddy Jackson au pied. « Ils étaient durs au contact, mais nous n’avons jamais été débordés et nous ne nous sommes jamais affolés. Nous avons dû garder une bonne ligne défensive en toutes circonstan­ces », analysait Nans Ducuing. Renseignem­ents pris à gauche et à droite, les technicien­s du Top 14 savent comment il faut prendre cette équipe de l’Usap très offensive mais pas assez tranchante : « Oui, on s’attendait à les voir produire beaucoup de jeu et on voulait les obliger à faire des séquences longues… », poursuivai­t Joe Worlsey. Les défenseurs bordelais ont perdu peu de duels, ils ont parfois un peu reculé mais jamais ils n’ont cédé : « Sur le premier essai, on a réussi à les mettre sous pression chez eux par un jeu d’occupation, et deuxième phase du plan, on a réussi à exploiter un ballon récupéré sur un turnover. L’essai est arrivé à point nommé car on sentait les Catalans proches de l’euphorie avec l’aide de leur public. Nous avons alors constaté que notre plan était le bon, notre truc surtout en première mi-temps, c’était de leur laisser les ballons et de jouer les bons coups », reprenait Nans Ducuing, qui ne voulait pas trop extérioris­er sa joie en tant qu’ancien joueur de l’Usap.

PREMIERS ESSAIS DE BUROS

Tous les joueurs croisés nous ont dit la même chose : ce déplacemen­t à Perpignan était destiné à exorciser le souvenir du 400 subi à Toulouse où les Bordelais n’avaient pas appliqué le plan prévu à l’époque par Rory Teague. Ils avaient voulu trop jouer dans leur camp par manque de confiance sur leur capacité à résister aux relances adverses. Perpignan n’est pas Toulouse, c’est sûr. Alors Joe Worsley et son staff ont quand même persuadé leurs hommes des bienfaits d’un rugby de contre surtout face à un adversaire mort de faim qui cherchait sa première victoire. Cette victoire restera forcément dans la mémoire de Romain Buros, auteur de ses deux premiers essais sous le maillot bordelais en Top 14. La dernière fois qu’il avait joué avec l’UBB, c’était déjà contre l’Usap en Coupe d’Europe (25-25). Il s’était jugé lui-même « catastroph­ique ». Il a profité de son dimanche après-midi pour rassurer ses entraîneur­s. « Même si sur mes deux essais, je n’ai pas grand-chose à raconter, ils étaient tous faits, je n’ai eu qu’à courir sur vingt mètres, puis sur trois mètres », confiait-il modestemen­t. Trop à notre goût, sa contributi­on à cette victoire fut claire, nette et précise. Il a fait sa part de boulot ingrat : « Nous tenions absolument à garder ce rideau fort. Leurs contacts ont été rudes, mais nous avons été rarement transpercé­s. »

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Photo Icon Sport Ducuing et Connor sautent pour se saisisr de ce ballon haut au nez et à la barbe.

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