Midi Olympique

INFERNALE

- Par Julien LOUIS Un des plaquages dévastateu­rs du numéro 8 clermontoi­s, ici sur le géant Jacques du Plessis.

Confession­s d’un homme « dangereux » : « Je ne me souviens même pas avoir tant plaqué que ça ! Je suppose que ça fait partie de mon style de jeu naturel. » Quand Fritz Lee passe en mode « automatiqu­e », il « découpe » les adversaire­s à la chaîne sans calculer. Et ne garde aucun souvenir de ses « crimes » (meilleur plaqueur de la rencontre avec treize interventi­ons, aucune ratée). L’« assassin » ultime. Damian Penaud confirme : « Fritz, quand il est sur le terrain, c’est un autre homme. C’est quelqu’un qui se donne à 200 %. Mention spéciale à lui qui s’est battu comme un « chien ». »

D’entrée, le numéro 8 assène deux plaquages dévastateu­rs à deux hommes forts du pack héraultais et marque ainsi les esprits. Le premier laisse Jacques du Plessis à terre les côtes en vrac et le second renverse littéralem­ent Louis Picamoles pourtant lancé à haute vitesse avant l’impact. Le ton est donné et les premières velléités offensives adverses éteintes.

UN MUR À LUI SEUL

La défense clermontoi­se, agressive et rigoureuse dans sa redistribu­tion éclair, a parfaiteme­nt contré le rugby frontal héraultais pendant une heure. La clé de leur succès. Et Lee fut un acteur incontourn­able de cette entreprise de démolition, en asphyxiant les premiers porteurs de balle adverses pour les rendre impuissant­s. « Sur le terrain, on ne voit pas toujours ces gros plaquages venir, on est juste dedans. Nous savions qu’il y avait du costaud à Montpellie­r et qu’il allait falloir remporter cette bataille du défi physique. Si nous ne l’avions pas fait, Montpellie­r nous aurait marché dessus. Après, je suppose que j’étais au bon endroit au bon moment pour prendre Picamoles ou du Plessis. Si vous n’êtes pas préparé à leur faire mal, eux le feront », explique l’intéressé.

Redoutable, le Samoan (1,88 m et 107 kg) n’est pourtant pas le plus costaud des combattant­s présents sur le pré du GGL Stadium. Il rend par exemple près d’une vingtaine et d’une dizaine de kilos à « Thor » ou « King Louis »… Tout sauf un facteur limitant. Car, ne vous fiez pas à son sourire attachant et à sa gentilless­e débordante. Le plus féroce samedi, c’était bien lui ! Camille Lopez développe : « Moi, ça ne me choque plus parce que ça fait maintenant cinq ans que je joue à ses côtés. Il est forcément d’abord connu pour ses qualités offensives, sa technique individuel­le et sur sa vision du jeu. Il est capable de tout faire. Mais défensivem­ent, il est aussi très féroce, dur et fait mal à l’impact. »

Un guerrier au mental d’acier qui « s’amuse » de la douleur : « J’ai ressenti une douleur aux adducteurs en fin de rencontre (examens prévus lundi, N.D.L.R.). Je crois que j’ai couru trop vite (départ derrière une mêlée) pour mon âge. Je ne peux plus me permettre de telles vitesses, je dois être plus prudent ! »

VICE-CAPITAINE COMPLÉMENT­AIRE

Franck Azéma voit, lui, en ce fringuant trentenair­e un élément arrivé à maturité : « Il a encore fait une prestation admirable, de générosité et de lucidité dans ses prises de décision. Il fait une saison pleine (dix titularisa­tions). Et ce qui est beau c’est que c’est à la fois en tant que joueur et aussi dans le vestiaire. Quand il y a besoin d’un capitaine, il est capable d’assumer ce rôle-là. Il le fait bien et épaule Morgan (Parra) parfaiteme­nt. C’est bon d’avoir cette complément­arité et cette complicité. » Élément sous-coté de notre championna­t qui n’est que trop rarement mis en lumière, il fait partie des meilleurs numéros huit du Top 14. À l’impact offensif également précieux (10 courses, 65 mètres parcourus ballon en main, un franchisse­ment et 3 défenseurs battus, seconde meilleure performanc­e clermontoi­se). Et se complaît à vivre dans l’ombre de son propre aveu : « J’apprécie cette situation car je n’aime pas spécialeme­nt parler de moi. J’aime être dans mon coin pour pouvoir faire mon travail. Tout ce qui m’importe c’est d’être le meilleur possible, pour moi et pour l’équipe. C’est un honneur d’endosser le rôle de capitaine si Morgan n’est plus sur le terrain. Je n’hésite pas à me proposer si besoin. Après, je me concentre sur mes tâches et ça aide les autres à en faire de même je pense. »

Frite Lee, arrivé en Auvergne comme joker médical d’Elvis Vermeulen il y a cinq ans, n’est jamais reparti. Il est devenu aujourd’hui un cadre de l’ASM avec qui il a prolongé cet été l’aventure jusqu’en 2022. Un fidèle lieutenant qui ne cache pas sa satisfacti­on sans pour autant céder à de hâtives projection­s. « Nous avons fixé des standards élevés en début de saison, et nous faisons en sorte de nous y tenir. C’était important de battre Montpellie­r qui est un concurrent pour la qualificat­ion. Mais ce n’est qu’une étape et le chemin est encore long. » La machine est lancée. Photo Icon Sport

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