LA GALÈRE DU NON-JIFF
ACTUELLEMENT SUR UN NUAGE, L’INTERNATIONAL NE SAIT POURTANT PAS DE QUOI SERA FAIT SON AVENIR. LA FAUTE À UN STATUT…
Antonie Claassen (34 ans) est en fin de contrat au Racing et du côté du Plessis-Robinson, ils sont nombreux à croire que le grand blond réalise en ce moment la meilleure de ces cinq dernières saisons. Éric Blanc, fidèle observateur du club des Hauts-deSeine, pose un brin de couleur sur la pensée ambiante : « Claassen, il a fait des massages aux huiles essentielles tout l’été. Il est enfin sorti de la maison de retraite et fait beaucoup de bien à cette équipe. À l’intersaison, je craignais que Yannick Nyanga leur manque plus que de raison. Ce n’est pas le cas. » Hyperactif balle en mains, doté de très bonnes stats en défense et perforant sur la plupart des ballons qu’il est chargé de négocier, l’international français est devenu en quelques mois le chaînon manquant entre la ligne de trois-quarts la plus ébouriffante du vieux continent et un paquet d’avants musculeux.
Comment expliquer un tel regain de forme ? Comment légitimer le fait qu’Antonie Claassen ressurgisse à présent au premier plan après avoir disparu des radars pendant des années ? Laurent Travers, l’entraîneur des avants franciliens, analyse : « Il dira peut-être qu’il est bon parce qu’il enchaîne. De mon côté, je préfère dire qu’il enchaîne parce qu’il est bon ! Depuis le début de saison, Antonie a su se rendre quasiment indispensable. Il est excellent dans les airs et, surtout, sa technique individuelle nous permet d’avoir beaucoup de liant entre les avants et les trois-quarts. » Claassen, c’est onze feuilles de matchs sur quatorze possibles, toutes compétitions confondues. Claassen, c’est le vieux barbon ayant mis ses deux concurrents les plus féroces (Fabien Sanconnie, 23 ans et Jordan Joseph, 19 ans) à dix mètres. « J’ai arrêté de me
poser dix mille questions, explique l’intéressé. Aujourd’hui, je joue de la façon dont j’ai toujours aimé jouer. Le déplacement et la lecture de jeu font partie de mes points forts : j’ai juste essayé de revenir à ce que je savais faire le mieux. »
UN AVENIR ENCORE FLOU
« Numérobis » l’an passé, numéro 3 à l’époque de l’immense Masoe, l’international tricolore n’a pas toujours connu des jours heureux dans les Hauts-de-Seine. Il poursuit : « Chris (Masoe, N.D.L.R.) était intouchable et la « Nyangue » (Yannick Nyanga) a réalisé des matchs incroyables l’an passé. Pour rivaliser, j’aurais dû élever mon niveau de jeu et je n’ai pas été capable de le faire. Ce fut difficile à vivre et dans ces moments, la famille fut une bouée de sauvetage : à la maison, mon fils ne me demandait jamais pourquoi je n’étais pas titulaire en club… »
Antonie Claassen, qui pratique actuellement le meilleur rugby de sa carrière, ne sait pas encore ce qu’il fera l’an prochain. Lui qui aimerait poursuivre encore deux ans n’a pour l’instant la moindre touche. À 34 ans, il a surtout conscience que son statut ne l’aidera pas à arracher un dernier contrat, sauf à imaginer un sacrifice financier conséquent. « C’est malheureux, conclutil dans un haussement d’épaules. J’ai passé un tiers de ma vie ici, j’ai la nationalité française et chaque fois que j’ai été appelé en équipe de France (6 sélections), j’ai toujours tout donné pour ce maillot. Mais comme Scott Spedding, je ne suis pas Jiff. Que puisje y faire ? »