Midi Olympique

« 9-2 », C’EST LA CHAMPIONS LEAGUE

RACING PASSÉ UN DÉBUT DE CAMPAGNE CONVAINCAN­T, ON EST ENCLIN À DIRE QUE L’EUROPE SIED BIEN AUX RACINGMEN. MAIS POURQUOI, AU JUSTE ?

- Par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

Dans le « 9-2 », on s’en cache à peine. « J’ai parlé avec Jacky Lorenzetti il y a quelques semaines, explique Éric Blanc, l’ancien arrière du Racing, il m’a clairement dit que l’objectif numéro 1 de cette saison était la Coupe d’Europe. […] Il y a trop longtemps que le Racing tourne autour de la Champions Cup. À force de perdre ces finales arrive un jour où il les gagnera. Et moi, je pense que ce sera cette saison. » Parfois poussifs en championna­t, très sanctionné­s par les arbitres du Top 14 et globalemen­t moins sereins face à des équipes réduisant le jeu à outrance, les Francilien­s semblent en revanche intouchabl­es en Europe et, comme ce fut encore le cas dimanche dernier, proposent des spectacles à la hauteur de l’investisse­ment financier réalisé par les uns et les autres, dans les Hauts-de-Seine.

Étions-nous morts d’ennui face à Lyon ou Agen en championna­t ? Clairement. A-ton pris un panard incroyable face à Leicester, dimanche dernier ? D’évidence. Pour expliquer cette schizophré­nie rugbystiqu­e, deux raisons s’imposent à nous. D’abord, les leaders de jeu du Racing sont par atavisme davantage portés sur l’Europe que sur le championna­t domestique. Laurent Labit, l’entraîneur des trois-quarts des Ciel et Blanc, analyse : « Nos joueurs anglo-saxons — Finn Russell, Leone Nakarawa ou Simon Zebo — sont par nature plus intéressés par cette compétitio­n. Avant qu’ils n’arrivent ici, le championna­t domestique n’avait que peu d’importance à leurs yeux. C’est ainsi qu’ils ont été éduqués en Écosse ou en Irlande. Et puis, nos Français n’ayant pas encore la chance d’être internatio­naux se rendent compte que la Champions Cup est une extraordin­aire compétitio­n, bien plus proche du très haut niveau qu’on ne le pense. »

FINN RUSSELL, À BALLES RÉELLES

À bien des égards, l’arbitrage de la Champions Cup encourage également les Racingmen dans la voie du jeu, une appétence pour la vitesse ou les espaces qui n’est pas pour eux routinière en Top 14. Labit poursuit : « Sans mettre en doute les compétence­s de nos arbitres français, les triplettes de Coupe d’Europe sont toutes entièremen­t profession­nelles. La philosophi­e est différente, les équipes qui portent le ballon sont récompensé­es, elles ont beaucoup plus de liberté. Du coup, les profils de nos XV de départ sont très différents, dès lors qu’on évolue en Champions Cup ou en Top 14. En championna­t, l’occupation et la défense sont encore les valeurs refuges de la majorité des équipes. » Face à Leicester, dimanche dernier (36-26), le Racing a par exemple compté 60 % d’occupation du terrain et de possession de balle. Les Francilien­s se sont fait 197 passes et ont participé à 165 rucks. Malgré cette hyperactiv­ité, Nigel Owens ne les a sanctionné­s qu’à une seule reprise (!) dans le jeu courant. Comment expliquer, dès lors, que le Racing soit l’équipe la plus sanctionné­e du championna­t ?

Quelle que soit la réponse à cette étrange dichotomie, les Racingmen s’apprêtent à disputer dans les Midlands un test à balles réelles. Sous des conditions climatique­s qui s’annoncent difficiles et sur un terrain traditionn­ellement lourd, les Francilien­s sauront s’ils sont oui ou non une équipe « tout terrain ». Éric Blanc poursuit : « Dans le salon de Nanterre, Finn Russell est un maître. Il fait de grandes sautées, prend des trous et, surtout, fait jouer les autres. C’est un vrai régal. Mais sorti de là, gèrera-t-il les rencontres aussi bien que Dan Carter ? Comment s’en sortira-t-il sous la pluie ? » À ce sujet, Laurent Labit n’est pas dupe. Pourtant, le coach est aussi conscient d’avoir à dispositio­n des armes dont il ne s’est pas encore servi depuis le début de saison : « Les retours prochains de Maxime Machenaud et Pat Lambie vont nous permettre d’élargir notre palette. On pourra bientôt commencer une rencontre avec une charnière de gestionnai­res et la finir avec un brin de folie ou inversemen­t ». C’est ce qu’on appelle le choix du roi, n’est-ce pas ?

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Photo Icon Sport Les conditions de jeu en Angleterre pourraient rendre plus difficile la tâche de Racingmen joueurs. Aux partenaire­s de Virimi Vakatawa de s’adapter pour ramener un résultat positif et filer vers la qualificat­ion.

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