COMME SI DE RIEN N’ÉTAIT
ACCULÉS AU CLASSEMENT, LES FRANCILIENS DOIVENT IMPÉRATIVEMENT S’IMPOSER. MAIS CHEZ EUX, PAS DE REMANIEMENT DE STAFF, NI DE CHANGEMENT DANS LES HABITUDES.
C’est à la fois totalement désespérant, et en même temps, c’est fou à quel point cette période qui vient de s’écouler n’a pas atténué leur optimisme. Depuis leur reprise en main et leur double succès contre Brive et Biarritz, qui avait mis un terme à leur mauvaise série de sept revers consécutifs, les Massicois ont de nouveau perdu quatre rencontres sur les cinq dernières qu’ils ont disputées. Ils stagnent un peu en dessous des 20 % de succès, ce qui sera tout à fait insuffisant pour prétendre au maintien.
En les décortiquant, trois de ces revers ressemblent à s’y méprendre à des victoires échappées de leur main par leur difficulté à matérialiser leurs occasions de scorer. Celui à Carcassonne, où ils se sont montrés incapables de rentabiliser leur domination outrageante de la première mitemps, celui à domicile subi contre Aurillac, où encore une fois, ils ont manqué une énorme occasion de tourner aux citrons avec près de vingt points d’avance, au lieu de ce 12 à 6 trop maigre au regard de ce qu’ils avaient produit, et le dernier à Montauban, qui restera marqué par cet essai casquette raté par une maladresse du troisième ligne Julien Dumoulin. « C’est fou, parce que sur ce coup-là, on a eu tous les rebonds pour nous et, même là, on n’a pas su concrétiser », déplorait en début de semaine l’entraîneur des avants, Benoît Larousse. Un autre constat : depuis le début de saison, ils ont souvent été devant leurs adversaires à la pause. Si les matchs s’étaient achevés au bout de quarante minutes, ils seraient classés dans le premier tiers.
AU COMPLET
Leur manque de réalisme associé à leur difficulté à maintenir leur niveau d’activité durant l’intégralité des rencontres, ont plombé les Massicois à cette dernière place dont ils ne sortiront pas avant le début des matchs retours. La venue de Colomiers infirmera cette tendance ou les enfoncera encore un peu plus. Ce match contre l’équipe qui les devance peut leur permettre de se lancer en restant collés à ceux qui les précèdent. Ou bien ils sombreront, et devront s’en remettre à une improbable « remontada » à la carcassonnaise. Ils n’ont pas changé leurs habitudes avant cette rencontre. Pas de rendez-vous présidentiel, pas de séance spéciale au programme. « Nous sommes sur la continuité de ce que nous faisons depuis trois ans car nous croyons que nous sommes dans le vrai, même si le classement nous met en difficulté », assure Benoît Larousse. Un fait majeur avant ce match : ils sont quasiment au complet et retrouveront pour l’occasion Youri Delhommel et John Madigan. Ce qui pourrait leur permettre, enfin, de tenir un rythme constant durant quatre-vingts minutes et prétendre au succès dans cette partie à jouer le couteau entre les dents. Massy est une équipe en recherche de points. Elle maîtrise son fond de jeu comme elle l’a prouvé en mettant un bonus offensif à Aix-en-Provence (victoire 38 à 16 le 16 novembre, 12e journée). C’est également une formation solide sur ses bases, qui sait pratiquer un jeu de mouvement. Si nous ne sommes pas prêts et que nous ne nous montrons pas solidaires, elle sera très dangereuse. Il faut se dire qu’on ne se déplace pas chez le dernier mais plutôt que c’est un gros match qui se présente à nous. Il faut avoir l’ambition et l’envie de se donner les moyens pour réaliser la meilleure prestation possible. Nous avons fait le choix de monter tous dans un même bateau. Il va falloir prendre tout ce qu’il y aura à prendre. Les saisons se suivent et ne se ressemblent pas. Et c’est tant mieux pour Beka Sheklashvili. Pour sa première saison sous les couleurs de la Colombe, le droitier géorgien s’était retrouvé en délicatesse avec ses mollets, qui ne l’avaient pas laissé tranquille. Résultat ? Cinq titularisations pour une petite dizaine de feuilles de matchs et une dernière présence sur le banc le 12 janvier dernier contre Narbonne. « C’est la première fois que j’avais ça. C’était vraiment l’enfer et, à un moment donné, j’ai pensé arrêté », avoue l’expérimenté gaillard barbu (1,88 m, 128 kg) de 32 ans. Celui qui a commencé le ballon ovale à 16 ans à Tbilissi a trimballé durant dix ans son imposante carcasse du côté de Montauban, Agen, Béziers et Albi. À Colomiers, malgré ses blessures, ce diplômé en droit de l’université de Tbilissi a pris son mal en patience. Entouré des siens et de ses coéquipiers. « Ils ont été vraiment compréhensif avec moi, je les en remercie, personne ne m’a jamais fait de remarques. Cela prouve aussi la mentalité de ce club et de ce groupe », lâche-t-il. Débarrassé des pépins physiques, même si il a eu une alerte à un adducteur en octobre, il enchaîne et a déjà atteint son temps de jeu de la saison dernière avec sept titularisations en huit feuilles de matchs. « Il ne nous manque pas grand-chose, un peu de chance, mais maintenant il faut tout donner », reconnaît-il malgré la situation comptable peu avantageuse. « Beka s’est remis au travail, il va faire tous les efforts pour aller rechercher son meilleur niveau avec une belle concurrence à droite. Il progresse de match en match », délivre Marc Dantin son entraîneur des avants, qui compte plus que jamais sur lui pour faire avancer Colomiers.