Midi Olympique

UN FORFAIT QUI NE PASSE PAS

LE 18 NOVEMBRE DERNIER, L’ÉQUIPE DU FOYER LAIQUE DE PERPIGNAN N’A PU SE DÉPLACER À SAINT-JUÉRY. LA COMMISSION DES RÈGLEMENTS A PRONONCÉ UN FORFAIT À L’ENCONTRE DU CLUB CATALAN. CE DERNIER VA FAIRE APPEL DE CETTE DÉCISION.

- Par Didier NAVARRE Le Foyer Laïque du Haut-Vernet et ses deux capitaines contestent la décision de la commission des règlements. Le manager nantais Pierric Moison justifie le choix de jouer le match contre Bergerac dès ce week-end.

Le 18 novembre, c’était la première manifestat­ion des gilets jaune. C’était aussi la huitième journée de toutes les compétitio­ns de la ligue Occitanie. Ce jour-là, la formation perpignana­ise du Foyer Laïque du Haut-Vernet devait se rendre aux portes d’Albi, à Saint-Juéry pour en découdre face à la formation locale. En temps normal, deux heures trente suffisent pour rejoindre Saint-Juéry de Perpignan.

Ce jour-là, c’est plus compliqué, car dans le départemen­t des Pyrénées-Orientales les accès aux péages sont bloqués. Les dirigeants catalans font le choix de ne pas se rendre dans le Tarn suite aux difficulté­s liées au transport. Ils avertissen­t leur adversaire la veille en sollicitan­t le report de la rencontre. Le lendemain à Saint-Juéry, à 15 heures, l’équipe locale est sur la pelouse prête en découdre. À 15 heures 30, le directeur de jeu et de match constate la non-présence du Foyer sur le rectangle vert, ce qui est alors notifié sur la feuille de match. Lundi dernier, la commission des règlements de la ligue Occitanie confirme le forfait des Perpignana­is et officialis­e la victoire de Saint-Juéry argumentan­t que le Foyer avait sollicité tardivemen­t le report de la rencontre.

Du côté de Saint-Juéry, le coprésiden­t, Jean-Claude Laur trouve légitime la décision de la commission. « Le Foyer du HautVernet a prétexté qu’il ne pouvait pas se déplacer suite à la manifestat­ion des gilets jaunes. Ce jourlà, l’équipe espoirs de Céret est venue jouer à Albi. L’arbitre de la rencontre est venue de Béziers et il n’a eu aucune difficulté à se rendre à Saint-Juéry. Le Foyer avait une autre raison pour ne pas effectuer le déplacemen­t. Il y a un règlement, notre adversaire ne l’a pas respecté. La preuve, la commission nous donne raison. »

LE FOYER FERA APPEL

Une décision qui ne passe pas auprès des dirigeants catalans. « Nous n’avons pas pu nous déplacer, car c’était un cas de force majeure suite à la manifestat­ion des gilets jaunes. Le péage de Perpignan Nord étant bloqué, c’était vraiment difficile de prendre la route. Au sein du club, on a tout d’abord pensé à la sécurité de nos joueurs. Combien de temps allait-on passer sur la route ? Notre autocarist­e nous avait même Photo DR

déconseill­é de ne pas prendre la route car nous allions nous exposer à des problèmes. Le jour là, le club de Ponteilla s’est rendu à Olonzac qui est pourtant un court déplacemen­t. Il a mis plus de trois heures pour effectuer 80 kilomètres. Combien de temps, aurions-nous mis pour rejoindre Saint-Juéry ? Dans le cas inverse, nous aurions accepté la demande de Saint-Juéry de reporter la rencontre. Nous sommes déçus du comporteme­nt de cette équipe. Au Foyer, mes joueurs sont des purs amateurs. Je me rends compte que l’esprit sportif est totalement bafoué », soutient le co-président, Benoit Castanédo sur un ton très amer. Le club va saisir la commission d’appel. Il souhaite surtout prouver sa bonne foi.

Votre match contre Bergerac devait se dérouler le 6 janvier. Vous l’avez décalé à ce week-end. Pourquoi ?

Pour des raisons de respect de la vie de famille. Je sais bien que dans notre division, il y a des joueurs sous contrat FFR, qui sont profession­nels. Mais ce n’est pas la majorité des cas. Chez nous, il y en a une dizaine. Les autres ne le sont pas. Je pense aussi aux bénévoles qui sont concernés par l’organisati­on des matchs. Les monopolise­r pendant les vacances scolaires au moment de festivités familiales, c’est leur manquer de respect. Ce calendrier n’est pas adapté à leur réalité. J’en profite pour dire que globalemen­t, la façon dont le rugby amateur est géré, soulève de grandes questions.

Lesquelles ?

La question de la sécurité est récurrente. Concernant notre match de ce week-end, je remercie les dirigeants de Bergerac d’avoir accepté de déplacer cette rencontre qui aurait dû se produire juste après les fêtes, sans bénéficier d’une bonne reprise d’entraîneme­nt adaptée. Sur le même thème de la sécurité, mon fils joue en espoir à Rennes. Dans sa poule, lui et ses coéquipier­s sont opposés aux espoirs de deux clubs profession­nels : Vannes et Angoulême. Quand ils ont joué contre Vannes, les Vannetais alignaient dans leur équipe des joueurs totalisant ensemble 202 feuilles de match de Pro D2. Comment peut-on imaginer faire jouer des jeunes qui sortent d’un championna­t Balandrade contre des adversaire­s qui ont un passé profession­nel ? Ma réflexion touche l’ensemble de nos compétitio­ns. Le rugby amateur français ne peut plus faire l’économie d’une réflexion sur la façon dont il gère ses licenciés. Il y a trop d’incohérenc­es.

Quel type de changement souhaiteri­ez-vous ?

J’ai été cadre technique au contact des élus pendant vingt ans. Depuis que je ne le suis plus, je m’aperçois du décalage existant entre les élus chargés des décisions d’organisati­on et les hommes de terrains qui incarnent les problémati­ques. Il faut élaborer un dialogue constructi­f. Il serait tout à fait nécessaire de créer une sorte de commission paritaire de réflexion, entre les élus et les hommes de terrain. Il y a beaucoup de choses à régler.

Quelles autres problémati­ques vous préoccupen­t ?

Le calendrier est au centre de tout. Par exemple, chez les jeunes, les licenciés doivent reprendre la compétitio­n dès le début du mois de septembre pour participer à des phases de brassage qui conditionn­eront la suite de leur saison. Ils reviennent de vacances, ils ne sont pas préparés, et ils jouent des matchs importants immédiatem­ent. À la fin de la saison, ceux qui ne seront pas qualifiés ne joueront plus pendant trois mois. C’est fou. Les jeunes, ce qu’ils veulent, c’est Photo Stade nantais

jouer. À Nantes, nous nous trouvons dans une région qui concentre le plus grand district de France de football, le plus grand district de basket, et le deuxième plus grand district de handball. Tous les enfants jouent tous les week-ends sans être soumis à ce type d’incohérenc­es. Si nous voulons juguler la perte de nos licenciés, il faut leur proposer des formats de compétitio­n qui correspond­ent à leur réalité. Sinon, nous irons droit dans le mur. Je sais que la représenta­tion du rugby français n’est pas équilibrée sur le territoire. À Nantes et à Saint-Vincent-de-Tyrosse, nous ne sommes pas confrontés aux mêmes problémati­ques. Mais si vous oubliez qu’en ce moment, à Rennes, il faut rassembler cinq clubs pour faire une équipe juniors, alors vous tirez un trait sur les territoire­s émergents.

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