Midi Olympique

Toulon s’offre Eben Etzebeth

SOFIANE GUITOUNE - CENTRE DE TOULOUSE APRÈS DEUX PREMIÈRES SAISONS DÉLICATES, LE TROIS-QUARTS DE 29 ANS S’EST IMPOSÉ COMME L’HOMME EN FORME DU STADE TOULOUSAIN SUR LE DÉBUT DE SAISON. LES CHIFFRES PARLENT EN SA FAVEUR ET TÉMOIGNENT DE SON NIVEAU... INTERN

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MINUTES, NUMÉRO 1 DU TEMPS DE JEU Qui l’aurait crû, en début de saison, notamment quand il était resté sur le banc, sans entrer, à Lyon, en ouverture du championna­t ? À misaison ou presque, Sofiane Guitoune compte le temps de jeu le plus élevé de tous les joueurs du Top 14, toutes compétitio­ns confondues, avec 1 040 minutes à son actif, devant le Palois Charly Malié (1 027). Depuis la deuxième journée du championna­t, le trois-quarts a disputé l’intégralit­é des matchs de son équipe. « En quatre mois de compétitio­ns, j’ai égalé mes deux premières années au Stade toulousain », rigole l’intéressé. À cent minutes près effectivem­ent. Des soucis physiques récurrents et la concurrenc­e avaient jusque-là contrecarr­é son épanouisse­ment dans la Ville rose. Désormais, le natif d’Alger a recouvré tous ses moyens et profite des blessures des partenaire­s, notamment au centre, pour s’installer : « Pour revenir le mieux possible, j’ai consenti des efforts que je n’avais jamais entrepris avant et ça paye. » À 29 ans, il parle avec recul de ces années contrastée­s et de son évolution positive : « J’ai toujours été un bosseur. C’est plus sur les à-côtés où j’ai peut-être trop profité. Maintenant, je suis plus sérieux, je prends tout en compte. Je ne regrette rien, c’était comme ça. La pubalgie a aussi traîné car je revenais d’une très longue saison, avec Coupe du monde et JO. Je ne suis pas une machine non plus. » Sa forme physique a en tout cas atteint des sommets en ce début de saison, lui permettant d’enchaîner en conservant un niveau de performanc­e d’une remarquabl­e constance : « Ça va très très bien… J’ai changé ce qu’il fallait dans ma préparatio­n et ça me permet de pouvoir encaisser la succession des échéances. » Une aubaine pour le Stade toulousain dans son éreintante double campagne Top 14-Coupe d’Europe. ■

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SAISONS DE PLUS À TOULOUSE Trois ans à Agen, deux à Albi, deux à l’Usap, deux à Bordeaux-Bègles et jusqu’à présent trois à Toulouse : depuis ses débuts en pros, fin 2017, à 18 ans, Sofiane Guitoune a régulièrem­ent changé de club, entre besoin de s’émanciper, relégation et challenge alléchant. Son actuel contrat avec le Stade toulousain prend fin en juin. A 30 ans, son choix d’avenir paraît d’autant plus charnière. Au regard de ses performanc­es et de son potentiel, plusieurs cadors de l’élite l’ont approché en cet automne, dont Montpellie­r. Mais Sofiane Guitoune va tout de même prochainem­ent signer une prolongati­on de contrat portant sur trois saisons supplément­aires. « Ça avance, ça ne devrait pas tarder. Il y a deux, trois détails à régler mais le plus dur est fait », nous informait-il ce lundi. Une décision forte et cohérente avec la dynamique du moment. Après deux années délicates, son début de saison, la confiance du staff et sa polyvalenc­e précieuse laissent entrevoir un futur radieux dans la Ville rose : « Je n’étais pas rassuré l’été dernier mais, maintenant, je me sens très épanoui au sein du club. » D’où la volonté affichée de se stabiliser et de s’inscrire dans ce projet. ■

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TITULARISA­TIONS AU CENTRE Après quatre titularisa­tions à l’aile pour commencer, Sofiane Guitoune s’est retrouvé propulsé au centre depuis fin septembre pour pallier l’absence de Pierre Fouyssac. Tout sauf une découverte…

Le gamin du Cher avait déjà connu ce cas de figure lors de la saison 2010-2011 : « À Albi, ça s’était passé un peu comme cette saison. Il y avait pas mal de blessés au centre, alors le coach m’avait dit : « Sofiane, tu y as joué jeune,

donc tu vas dépanner. » J’avais joué un match puis deux. Ça s’était bien passé, j’avais enchaîné. » Très souvent positionné à l’aile en carrière, Sofiane Guitoune n’en reste pas

moins un élément d’une rare polyvalenc­e : « Il faut savoir qu’à la base, je n’étais pas du tout ailier. À Vierzon, j’ai été formé au poste d’ouvreur et j’ai eu mes premières sélections en 10. Jeune, j’ai joué ouvreur, centre. Ouvreur, tu touches un maximum de ballon et tu as beaucoup d’emprise sur le jeu, alors je m’éclatais. Mais je n’avais pas un super jeu au pied donc mes entraîneur­s m’avaient dit de passer arrière. Du coup, j’ai joué partout. » En 13, il se régale, en

tout cas : « C’est une position que j’aime bien, il y a plus de

responsabi­lités, d’activités en défense, de ballons à négocier. » Depuis ses années albigeoise­s, il avait débuté seulement treize rencontres au coeur de la ligne d’attaque. Et

pourtant… « Ça revient naturellem­ent. Il y a un peu de pression, au début, par rapport au placement en défense car tu es en première ligne. Tu sais que tu es visé, il ne faut pas se trouer. Je préfère être en deuxième centre, d’ailleurs. En premier, il y a tous les passages à vide à gérer, je les laisse aux habitués. » Avec un petit 80 % de réussite au plaquage sur la scène européenne (pour vingt-trois plaquages réussis sur vingtneuf), il résiste plutôt bien. Offensivem­ent, ses qualités techniques et sa dimension physique (1,84 m - 97 kg) lui confèrent de sérieux arguments pour créer, percer, dynamiser. Seule l’absence d’espace le chagrine, à la limite : «À l’aile, tu es plus égoïste, tu dépends davantage de toimême. Ce qui me manque, ce sont les ballons de relance. J’adore avoir du champ. » Mais, dans le fond, son positionne­ment importe peu, à ses yeux : « Je m’en fous du moment que je suis sur le terrain. Ma polyvalenc­e m’a servi, d’autres fois non. Je ne demande pas à être fixé. » ■

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« OFFLOADS », STAT RÉVÉLATRIC­E En Coupe d’Europe, Sofiane Guitoune a uniquement été titularisé au centre. Cette position lui permet de mettre à profit ses qualités techniques : en trois matchs, il a par exemple signé six passes après contact, soit le 7e total en la matière. « J’ai plus de choix avec le ballon quand j’évolue à ce poste. C’est aussi la difficulté : il faut savoir le garder ou le donner. » Toutes ses statistiqu­es montrent à quel point il sait être efficace au coeur de l’attaque : six passes après contact, donc, mais aussi huit défenseurs battus, six franchisse­ments pour un seul ballon perdu. Du beau travail individuel au service du collectif. ■

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ESSAIS EN CHAMPIONS CUP, MEILLEUR TOTAL « Oui, c’est cool. J’aime marquer des essais. » Quand Sofiane Guitoune a appris, ce lundi, son statut honorifiqu­e de meilleur marqueur de la Champions Cup, un large sourire s’est dessiné sur son visage. Le Toulousain revendique cette flamme d’attaquant. En repensant à sa quatrième réalisatio­n en Coupe d’Europe, il rigole, d’ailleurs : « J’aime aussi faire marquer mais bon, ce week-end, Ches (Kolbe) m’a gueulé dessus comme un veau pour lui faire la passe. Mais quand j’ai vu la ligne, je ne pouvais pas faire autrement que foncer, désolé. » En pur centre, il a perforé la défense des Wasps avant d’accélérer pour conclure :

« Il y avait plusieurs sorties possibles sur le lancement. Nous avions ciblé que les plaquages n’étaient pas le point fort de Sopoaga. Max, avant le lancement, me dit : « Je te

la lève. » Je n’avais plus qu’à arriver à fond. » Ses six essais de la saison - il a frappé à deux reprises en Top 14 - ont mis en valeur toute sa panoplie de qualités offensives, sur les plans technique et athlétique. Comme elles témoignent de sa pleine confiance. Face au Racing, il avait marqué en puissance dans le fermé puis au terme d’un slalom ; à Bath, il avait accéléré en bout de ligne sur un service en or de Kolbe puis il avait bien repéré l’intervalle sur un surnombre extérieur ; contre le Leinster, il avait réalisé un cadrage-débordemen­t d’école. Ce finisseur racé compte désormais plus de cinquante réalisatio­ns en carrière. ■

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MOIS APRÈS LA DERNIÈRE CAPE... Sofiane Guitoune (29 ans, 5 sélections) n’a plus porté le maillot du XV de France depuis le 23 septembre 2015. Ce jour-là, face à la Roumanie, l’ailier avait inscrit un doublé pour le deuxième match des Bleus lors de cette Coupe du monde. Une efficacité insuffisan­te aux yeux de « PSA » : il ne jouera plus de la compétitio­n. Depuis, avec une fin d’aventure en pointillé à Bordeaux et deux années frustrante­s à Toulouse, il avait été oublié des sélectionn­eurs. Mais son état de forme actuel et sa polyvalenc­e le replacent logiquemen­t parmi les prétendant­s crédibles à la sélection. « L’équipe de France, je n’y ai pas été depuis trois ans, tempère l’intéressé. En attendant, il y a des mecs qui ont pris la place, ont réalisé de bons matchs même si, dernièreme­nt, ce n’est pas la joie de vivre. Il y a un groupe de constitué et, quand j’y étais, j’étais le premier à vouloir de la stabilité donc je comprends. » À dix mois de la Coupe du monde au Japon, il espère mais ne veut pas se mentir. Le temps presse : « Est-ce que j’y crois ? Oui mais il ne faut pas se faire de faux espoirs. Je sais ce qu’il faut pour être retenu : enchaîner les bonnes prestation­s. C’est ce que j’essaye de faire et j’espère bien y revenir. Après, on verra, ce n’est pas moi qui décide. Mais je serai le plus heureux si je suis rappelé. C’est un rêve de gosse, même quand tu as déjà porté ce maillot. » ■

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Photo Icon Sport Auteur de performanc­es remarquabl­es depuis le début de saison au centre de l’attaque toulousain­e, Sofiane Guitoune est revenu à un niveau internatio­nal.

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