« Toulouse devra cette fois imposer son rythme »

L’OEIL DU YACH Dimitri Yachvili - consultant beIN SPORTS, diffuseur de la Champions Cup

TOULOUSE - WASPS

Toulouse a fait le match parfait à l’extérieur pour s’imposer chez les Wasps : bons sur les ballons de récupération, opportuns en s’appuyant notamment sur le talent de Kolbe et solides devant. Tout n’était pas parfait, bien sûr, parfois même brouillon mais dans le désordre, ils ont été très dangereux. Surtout, je retiens cette solidité dans leur jeu. C’est d’autant plus à leur honneur qu’ils le font avec beaucoup de jeunes joueurs français au physique de rugbymen, pas de bodybuilders. Regardez Kolbe, ce qu’il fait avec moins de 80 kg sur la balance : il illumine le terrain tous les week-ends ! Idem pour les petits Ntamack ou Ramos. Ces mecs prouvent qu’il n’y a pas besoin de faire 120 kg et qu’un rugby de vitesse peut être un rugby qui gagne. Cette équipe me fait plaisir. Ce sera encore le fil rouge pour ce match retour. Même si, désormais, j’attends d’eux qu’ils prennent l’initiative du jeu, à l’image de ce qu’ils avaient fait contre le Leinster. Toulouse devra imposer son rythme.

LEICESTER - RACING 92

Sur le match de la semaine dernière, le Racing 92 était à deux vitesses. Ils avaient déjà le bonus offensif à la mi-temps, ce qui a provoqué un relâchement compréhensible. La blessure d’Eddy Ben Arous a aussi jeté un froid sur tout le monde, les joueurs comme le staff. Malgré tout, les Racingmen n’ont jamais semblé en danger. Ils ont des joueurs de classe supérieure qui leur donne de la marge. On a vu un grand Finn Russell, par exemple. Un grand Leone Nakarawa, aussi. Celui-là, il est vraiment exceptionnel. Je n’en connais pas d’autres aussi forts, dans ce profil. Pour ce match retour, à l’extérieur, je les imagine dans un schéma solide plus équilibré, avec une grosse défense et une grosse conquête. Ça ne suffira pas, bien sûr, mais avec trois victoires en trois matchs, ils peuvent se permettre de gérer un peu plus. Finn Russell doit aussi pouvoir apporter cela. C’est un joueur avec d’immenses facilités techniques, qui lui permettent d’ouvrir seul des espaces comme sur l’essai de Zebo la semaine dernière. Mais Russell reste un AngloSaxon, il ne sera pas gêné dans un jeu de gestion. Les ouvreurs anglo-saxons ont cette culture tactique, qui leur permet de rester dans les clous stratégiques préétablis et d’assumer un plan A, B ou C.

MONTPELLIER - TOULON

Le résultat de la semaine dernière laisse les deux équipes en vie dans cette poule, mais sans aucune marge.Toulon et Montpellier doivent désormais valider un parcours parfait jusqu’à la fin des phases de poules pour espérer se qualifier en phase finale. Les Toulonnais de la semaine dernière m’ont plu. Ils ont retrouvé de la vitesse et de la fluidité dans leur jeu. Le retour de Mamuka Gorgodze leur a aussi permis de jouer dans l’avancée, ce qui les a aidés. Il a réalisé 50 minutes de haut vol et les autres ont suivi son sillage. J’ai trouvé la charnière un peu en dedans mais la paire Savea-Fekitoa a été efficace au milieu du terrain. Cette performance doit enlever cette chape de plomb qui pesait sur les Toulonnais de- puis le début de la saison. Pour la rencontre de ce week-end, il faut qu’ils continuent sur cette lancée, qu’importe le contexte de match à l’extérieur. Bien sûr, leur situation délicate en Top 14 reste à gérer en priorité mais cette équipe a besoin de confiance, il faut qu’elle reste sur ces schémas qui lui ont bien réussi. Côté montpelliérain, je retrouve toujours les mêmes travers. Un jeu d’affrontement, de défi physique dont ils ne parviennent que rarement à sortir. Certes, leur effectif est construit autour de joueurs de ce profil, notamment les Sud-africains. Mais leur talent doit leur permettre de faire autre chose. C’est frustrant et dommage.

CASTRES - MUNSTER

Je l’avais dit la semaine dernière : face au Munster, il faut être à l’initiative. Sinon, vous dérouillez. C’est ce qui s’est passé, avec le CO qui a eu trop peu de ballons. Je reste pourtant persuadé qu’ils sont capables d’autre chose. De mieux. C’est une équipe à réaction, on le sait. Mais il ne faudra pas se rater ce week-end. Cette réaction doit être immédiate. En Coupe d’Europe, la part aléatoire est très réduite. Les hold-ups sont très rares, les surprises aussi. Il faut être meilleur que l’adversaire, point barre. Les Castrais en sont capables. Généralement en Coupe d’Europe, ils sont à l’aise dans leurs murs de Pierre-Fabre. Il faudra qu’ils prennent vite la possession du match, qu’ils marquent vite pour gagner en confiance. Et qu’ils gagnent absolument en précision par rapport à la semaine dernière.

GLASGOW - LYON

Pierre Mignoni disait, après le match de la semaine dernière, que son équipe n’était « pas invitée ». Cette analyse lucide est tout à son honneur. Effectivement, un demi-finaliste du Top 14 prend quarante points, à domicile, en Coupe d’Euroope. On voit là toutes les limites de notre championnat. Glasgow joue bien, oui, dans les schémas de l’équipe d’Écosse, mais ce n’est une équipe qui compte parmi les meilleures anglo-saxonnes. En Écosse, il reste aux Lyonnais l’honneur d’un maillot à défendre, le travail de tout un club à respecter. Pour la qualification, c’est clairement fini mais les Lyonnais doivent se servir de ce match pour accumuler cette expérience qui leur manque aujourd’hui. Cela doit les servir pour rivaliser lors des prochaines saisons.

« Les Toulonnais de la semaine dernière m’ont plu. Ils ont retrouvé de la vitesse et de la fluidité dans leur jeu. […] Bien sûr, leur situation délicate en Top 14 reste à gérer en priorité mais cette équipe a besoin de confiance, il faut qu’elle reste sur ces schémas qui lui ont bien réussi. »