ELLES EN VEULENT
CONSÉQUENCE DE LA FAIBLE DENSITÉ DÉMOGRAPHIQUE EN ARIÈGE, 28 HABITANTS AU KILOMÈTRE CARRÉ, DU MANQUE D’INFRASTRUCTURES AUSSI, LES RAMBAILLEUSES SONT CONTRAINTES DE S’ENTRAÎNER SUR TROIS SITES.
Ce soir-là, un mardi, elles sont treize à braver le courant d’air glacial qui balaie la Plaine de l’Ayroule, à Foix. Elles appartiennent toutes aux « Rambailleuses », sobriquet d’origine occitane, « rambalh », qui signifie « désordre », et disputent le championnat cadettes à dix en compagnie de Tournefeuille, Carcassonne, Saverdun… Charline Casteran par exemple, 18 ans, numéro 9 ou 10, vient du village d’Oust, dans le Haut-Salat, à une bonne soixantaine de kilomètres de là. Ailleurs, c’est quarante minutes de route, mais ici, compte tenu des lacets, des limitations de vitesse dans la traversée des villages, il faut compter une heure et 10 minutes. Au quotidien, la jeune fille est en Fac à Toulouse, première année de médecine, « une passerelle pour accéder en Staps »… Ce soir, comme elle n’a pas cours, c’est son père qui viendra la chercher (100 kilomètres aller-retour), elle et trois de ses copines qui habitent également la vallée du Haut-Salat. Pour économiser les déplacements, le club a adapté sa stratégie. Le mardi et le vendredi, en alternance avec Foix, selon la disponibilité du terrain, les filles du coin se retrouvent à Bélesta, situé à quarante kilomètres de là. Les autres, le groupe Haut-Salat, partagent en fin de semaine l’entraînement des garçons de l’USHS qui évoluent en Troisième-Quatrième Série. C’est d’ailleurs le papa de Charline qui fait office de coach. Heureusement tout ce joyeux méli-mélo s’oublie les jours de matchs et pour cause. « Ce qui me motive à faire autant de kilomètres ? s’interroge Charline, c’est l’ambiance. Le groupe vit bien, on s’aide, on s’encourage même si on doit progresser dans la gestion des matchs… »
CLARA, L’HERITAGE PATERNEL
Clara Ferré, 15 ans, trois-quarts centre est d’une certaine façon privilégiée puisqu’elle habite sur place, à Foix, mais un coup sur deux cependant, elle doit se rendre à Bélesta. Son grand-père a fait les beaux jours de Lavelanet lorsque le score se comptait en « poings », et son papa fut plus tard un ailier remarquable, toujours sous les couleurs olmaises. C’est à l’occasion d’une journée portes ouvertes qu’elle a adopté le rugby : « On est un groupe de copines, c’est ça qui nous motive… » Au fond, un exemple de situation qui relance plus simplement le récent débat sur la difficulté des déplacements dans nos zones rurales…