« On se reverra Jacques, même si ce n’est pas sur terre »

Comment avez-vous réagi à l’annonce du départ de Jacques ?

Je suis dévasté. C’est terrible ! Nous avons perdu un gardien du temple. Un passionné et un homme passionnant. J’avais beaucoup d’affection pour lui. J’ai aimé la façon dont notre relation s’est construite. Nous étions tous deux de Toulouse, on s’est croisé sur les terrains de rugby. Il faisait son métier. J’avais été frappé par sa qualité d’écoute et son intégrité. C’était une autre époque, celle où les journalistes rentraient dans nos vestiaires. Il était à sa place car il était encore joueur dans l’âme. Il savait rester à sa place. Je me souviens de son immense discrétion quand nous l’invitions à un repas ou à nos troisièmes mitemps. Ce n’était pas le genre à faire tourner les manivelles au milieu de la salle. Nous l’avions adoubé. Il est d’abord entré dans la famille, puis au fil du temps il est devenu mon ami. Je n’arrive pas à parler de Jacques au passé...

Vous en aviez fait un authentique Barbarian, alors qu’il n’avait jamais évolué au plus haut niveau rugbystique…

Et pourtant il en était le plus méritant. C’était et il sera toujours un Barbarian. Il l’était le plus d’entre nous. Ces dernières semaines encore, c’était l’un des meilleurs défenseurs de l’institution. Cet homme si délicat savait poser et insuffler ses convictions. Jacques était quelqu’un d’extrêmement sensible aussi, il cherchait à le cacher pour se protéger, mais dans l’intimité quand il tombait le masque, il m’inspirait beaucoup de respect. Rugbystiquement, il avait toujours un recul sur le jeu.

Quels souvenirs avez-vous envie de raconter ?

Notre dernière rencontre. Je l’avais trouvé rajeuni, je lui avais dit que sa retraite n’était pas une petite mort. Il avait mille projets, notamment de bouquins. Il devait venir prochainement me voir aux États-Unis. La vie en a décidé autrement. T’inquiète pas Jacques, on se reverra même si ce n’est pas sur terre ! Ce n’est qu’un passage ! C’est difficile pour nous, pour sa famille, mais on va se retrouver.