Midi Olympique

À CENT À L’HEURE

PORTÉ PAR UNE LIGNE DE TROIS-QUARTS HYSTÉRIQUE, LE RACING 92 MÈNE UN TRAIN D’ENFER DANS CETTE POULE 4. À FOND LA FORME !

- Par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

Il n’y a qu’à jeter un oeil sur la compositio­n d’équipe de Leicester pour se rendre compte que les Tigres, pris individuel­lement, sont tout sauf des truffes. Ben Youngs est un Lion britanniqu­e, Dan Cole est l’un des droitiers préférés d’Eddie Jones en sélection, Ellis Genge est une bombe à retardemen­t, George Ford a une classe folle, Matt Toomua et Tatafu Polota-Nau comptent quelques dizaines de sélections avec les Wallabies et Manu Tuilagi, ma foi, reste Manu Tuilagi. Comment expliquer, dès lors, que cette équipe ait été à ce point écrasée par le Racing 92 ? Comment légitimer ces quarante points encaissés devant 20 000 spectateur­s n’ayant jamais cessé d’hurler leur fierté d’être « Tigers », quand d’autres auraient probableme­nt jeté des pierres aux battus du jour ? Il faut croire que cette équipe francilien­ne a, sinon la gueule d’un champion, au moins les atouts d’un finaliste…

À ce sujet, Austin Healey, 53 sélections en équipe d’Angleterre et deux fois vainqueurs de la Coupe d’Europe, ne mâche pas ses mots : « Le Racing est la seule équipe qui puisse aujourd’hui priver le Leinster d’un deuxième titre consécutif. Leur jeu est structuré, servi par une belle conquête, une défense sereine et, surtout, une ligne de trois-quarts hallucinan­te. Personne n’a une telle puissance de feu sur la scène européenne ! Greffez Teddy Thomas à ces mecs-là, le résultat sera probableme­nt effrayant. » À Welford Road, les attaquants francilien­s ont ainsi surclassé la ligne de trois-quarts anglaise, marquant même un essai en première main de toute beauté (lire ci-dessous). Boris Palu, auteur d’un match convaincan­t dans les Midlands, en rigole encore : « L’an passé, on faisait souvent chier nos trois-quarts. En clair, on leur disait qu’on se tapait tout le boulot ! » Les choses ont changé, n’est-ce pas ? « Ils sont cette année impression­nants, poursuit le deuxième ligne Ciel et Blanc. Nos attaquants sont capables de percer sur chaque possession et, une fois qu’ils ont pris le trou, on ne les revoit plus… » Si le Racing 92 n’est

plus qu’à quelques pas d’un quart de finale à domicile, il le doit donc en partie aux zébulons des lignes arrières, plutôt à l’aise lorsqu’il s’agit de bonifier un ballon. Austin Healey poursuit : « Les Racingmen ont aussi la chance de compter sur le meilleur ouvreur d’Europe. De fait, Finn Russell a totalement changé le jeu de cette équipe depuis son arrivée dans les Hauts-de-Seine. Il est actuelleme­nt dans une autre dimension. Sur chaque action, il a deux temps d’avance sur tout le monde… » En deux matchs et soixante-dix points passés aux Tigers, les Racingmen ont impression­né l’Angleterre et disputeron­t, en janvier prochain, la finale de cette poule 4 en Ulster. Boris Palu poursuit : « Mieux vaut jouer un quart de finale à l’Arena que d’aller chez les Saracens ou au Munster, vous ne croyez pas ? Ce prochain match vaudra donc très cher. L’Ulster est une belle équipe qui tentera probableme­nt de nous déborder en produisant beaucoup de jeu. »

TROP FACILE ?

Dix-neuf points sur vingt points possibles depuis le début de la Coupe d’Europe, des victoires chez deux des fiers bastions du vieux continent (Llanelli et Leicester) et, globalemen­t, une impression de serénité à l’extérieur qui n’existait pas jusqu’à présent, au Racing. Pour légitimer la cinquième victoire loin de ses terres (Toulon, Paris, Montpellie­r, Llanelli, Leicester), Laurent Travers met en exergue un basculemen­t culturel dans les Hautsde-Seine : « Pour nos joueurs anglo-saxons (Russell, Zebo, Nakarawa, Ryan…), il n’y a pas de différence entre un match à domicile et un match à l’extérieur. Ces mecs-là nous donnent aujourd’hui une autre vision des choses. » Largement en tête de sa poule en Champion’s Cup et quatrième du Top 14 en cours, le Racing 92 vit pour le moment une saison plutôt sereine. « Concernant cette équipe, conclut Austin Healey, je me demande simplement si elle sera capable de s’épanouir dans un cadre plus restreint comme le seront nécessaire­ment les matchs de phase finale contre le Leinster ou les Saracens. Nakarawa acceptera-t-il de faire une croix sur les off loads ? Russell trouvera-t-il toutes ses touches ? Là est la clé… »

 ?? Photo Icon Sport ?? Juan Imhoff (à gauche) ne s’est pas contenté de marquer deux essais contre Leicester. Avec l’aide de Virimi Vakatawa (à droite), il est également parvenu à museler de main de maître Jonny May (balle en main).
Photo Icon Sport Juan Imhoff (à gauche) ne s’est pas contenté de marquer deux essais contre Leicester. Avec l’aide de Virimi Vakatawa (à droite), il est également parvenu à museler de main de maître Jonny May (balle en main).

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