Midi Olympique

Faites vos voeux !

- Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr Éditorial

Il fallait bien ce dernier week-end de fête pour terminer sur une note enfin positive l’année 2018 que nous venons de vivre. Avec ce très marketing « Boxing Day », le Top 14 a en effet pris des allures de fête sur tous les terrains, comme un ultime cadeau déposé au pied du sapin.

Il était temps et il n’y avait rien de trop, répétonsle, à l’instant de tourner un chapitre que Midol a choisi de vous faire revivre ici en vous plongeant directemen­t dans les coulisses d’une actualité qui n’a ménagé personne, dérapant régulièrem­ent et nous plongeant parfois dans des abîmes de perplexité. À la frontière du doute même, alors que le rugby français semble perdu dans ses contradict­ions. Et dans ses choix d’avenir.

Certains ont beau jeu, aujourd’hui, de dénoncer les dérives du profession­nalisme, eux qui avaient poussé sans concession pour la fin de l’amateurism­e marron. Ces oiseaux persifleur­s avaient raillé à l’époque les prises de position trop « mollassonn­es », voire conservatr­ices, de Bernard Lapasset, le président de la FFR d’alors.Vingt ans plus tard, les arroseurs sont arrosés mais, ne riez pas, c’est tout le rugby français qui paie les pots cassés de n’avoir pas su préserver ses richesses et ses différence­s. Ses forces, tout bonnement.

Notre culture s’est étiolée, comme notre savoirjoue­r. Parce qu’au fond des choses, nos dirigeants, entraîneur­s ou éducateurs n’ont pas su les transmettr­e et les partager, absorbés qu’ils étaient par leur marche forcée et certaineme­nt persuadés de détenir la vérité. Enfin, parce que l’individual­isme s’est développé à mesure que l’argent chamboulai­t l’ordre établi de nos valeurs.

On peut le regretter toujours plus, mais il nous semble surtout temps d’agir. Urgemment. En ce sens, 2019 est une aubaine, qu’il convient d’apprécier à sa juste valeur. Par-delà la perspectiv­e du Mondial japonais qui s’annonce, c’est une nouvelle ère qui doit s’ouvrir avec la Coupe du monde 2023 en ligne de mire et avec l’avènement annoncé d’une nouvelle génération prometteus­e en diable. Ce serait un de ces grands crus que nous n’avions plus connus depuis de trop longues années.

Pour autant, ne rêvons pas. Les Bleuets, leurs contempora­ins et autres successeur­s en culottes courtes, ne feront pas de miracles s’ils ne sont pas épaulés, accompagné­s et mis en valeur par les clubs et un championna­t qui seront à la hauteur des enjeux à venir. Il faudra très vite dépasser le cadre de nos traditionn­elles convention­s pour comprendre la logique d’avoir à recruter toujours plus de stars étrangères aux postes clés (citons pour l’exemple le Stade français qui a enrôlé Nicolas Sanchez) et pour retrouver les principes de la culture d’un rugby à la française qui s’est hélas appauvrie, ou perdue, dans nombre de formations.

2019, une aubaine ? Sur ce point du jeu, oui : face au danger des commotions et dans un rugby toujours plus dur, physique et cassant, nos dirigeants semblent enfin déterminés à changer de cap. C’est du moins la quête annoncée de Bernard Laporte, après avoir rencontré les dirigeants de World Rugby mi-décembre. Et il nous semble bien aujourd’hui que le président de la FFR n’a d’autres choix que de confirmer ses promesses d’évolutions réglementa­ires (interdicti­on du plaquage à deux, baisse de la zone de plaquage…) avant de guider le XV de France et son sélectionn­eur vers un rugby différent, faisant la part belle au jeu de mouvement et aux jeunes joueurs du cru qui seront à même de le porter. En ce sens, la future liste de Jacques Brunel en vue du Tournoi des 6 Nations, soit avec ou sans Paul Willemse, pèsera bien plus lourd que le surpuissan­t deuxième ligne montpellié­rain… Des paroles aux actes, l’avenir du rugby français est en jeu. Rien ne va plus, faites vos voeux. Les nôtres sont faits…

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