TROIS HOMMES, UN COMBAT
BIEN MIEUX CLASSÉS QU’ILS NE L’ÉTAIENT L’AN PASSÉ À PAREILLE ÉPOQUE, LES SOLDATS ROSES SONT POURTANT TORTURÉS PAR DE MULTIPLES DÉBATS. LE TEMPS EST VENU DE LES TRANCHER.
Plus que nulle autre équipe du Top 14, le Stade français est actuellement déchiré par de brûlants débats. Une partie des supporters réclame d’abord le retour en grâce de Jules Plisson, l’enfant du club, quatre titularisations sur dix-sept possibles depuis le début de la saison. Samedi dernier, l’ouvreur international s’est une nouvelle fois échauffé un long moment sans ne jamais être appelé par son staff technique et, par voie de fait, le quatrième arbitre. On ne souhaite évidemment ça à personne. A Plisson pas plus qu’à un autre joueur. Mais si l’on s’arrête cinq minutes, si l’on considère cette situation avec le recul nécessaire et de la façon la plus abrupte qui soit, sans affect ou pulsion destructrice, y a-t-il vraiment scandale à ce que ledit Jules soit actuellement troisième dans la hiérarchie des ouvreurs parisiens ? D’évidence, non.
Fin 2018, Morne Steyn reste une inébranlable garantie pour tout coach souhaitant passer une soirée sereine. Quant à Nicolas Sanchez, s’il n’est ni Finn Russell, ni Johnny Sexton ni Beauden Barrett, il demeure l’un des quatre meilleurs joueurs du monde à son poste. « La situation est difficile, plaidait Heyneke Meyer samedi soir. J’ai trois excellents éléments à ce poste. Mais Nicolas Sanchez vient d’arriver, il a besoin de jouer et contre Grenoble, je me voyais mal le sortir du terrain à vingt minutes de la fin. Son jeu au pied d’occupation nous était alors trop précieux ».
DJIBRIL CAMARA, LE GRAND ABSENT
Du côté de la Porte d’Auteuil, personne n’a jusque-là démenti le mal-être de Jules Plisson ni ses velléités de départ, évoquées dans ces colonnes il y a huit jours. Il semble même acquis que l’ange blond jouera à Clermont l’an prochain et, si son probable départ déchirera les coeurs de ses défenseurs les plus ardents, il n’est en rien, on le répète, la conséquence d’une malveillance ou pire, d’une injustice. Au Stade français, l’autre querelle concerne Alexandre Flanquart. La semaine dernière, le deuxième ligne international (22 sélections) s’est ému de son triste sort (quatre titularisations sur treize posibles en championnat) chez nos confrères de L’Equipe. Le concernant, on comprend tout à fait qu’il envisage encore de participer au Mondial japonais sous le maillot tricolore, bien que ses chances soient aujourd’hui infimes, Paul Willemse obstruant un peu plus un horizon déjà fort bouché. Au sujet de Flanquart, on conçoit aussi qu’il ait besoin de se montrer après une année blanche et une saison en enfer. De là à penser qu’il est aujourd’hui plus fort que Yoann Maestri ou Paul Gabrillagues, il y a un pas que l’on ne franchira évidemment pas. « J’ai vu ce qu’avait déclaré Alexandre, confiait Meyer samedi soir. Croyez le ou pas, mais nous avons une très bonne relation tous les deux. Là-aussi, la situation est complexe : Yoann Maestri est notre capitaine et, après avoir très peu joué au mois de novembre avec le XV de France, Paul Gabrillagues avait besoin d’enchaîner. Mais Alexandre aura beaucoup plus de temps de jeu dans les prochaines semaines ». C’est dit.
Le dernier des litiges, de loin le plus sérieux, concerne le poste d’arrière. Depuis le début de saison, Kilian Hamdaoui (treize titularisations sur treize possibles en championnat) brille sous le maillot parisien, à tel point que Jacques Brunel et ses adjoints suivent de très près ses performances en vue du prochain Tournoi des 6 Nations. Pourtant, ces trois dernières années, Djibril Camara (trois titularisations au poste d’ailier depuis la reprise) était à nos yeux le meilleur arrière du championnat et mérite mieux qu’un temps de jeu réduit à peau de chagrin. Dur sur l’homme, agressif au plaquage, bon sous les ballons hauts et fort sur les relances, l’autre gamin du « Stade » n’a que peu d’équivalent en France. Il est caractériel, vous dites ? Il n’est ni facile à vivre, ni facile à gérer ? Personne n’a jamais dit le contraire. Il n’empêche : sa grinta ne serait pas de trop au moment d’aborder l’hiver et son funeste cortège… Légèrement touché aux cotes depuis un mois, Gaël Fickou n’a pas participé aux deux derniers matchs des soldats roses face à Agen et Grenoble. « Je n’ai voulu prendre le moindre risque avec lui, expliquait récemment Heyneke Meyer. D’abord, Gaël devra être prêt pour le Tournoi des 6 Nations et sa courte absence nous a également permis de voir des joueurs tels Julien Delbouis, que je tiens comme un futur international ». Dès lors, Fickou devrait être de retour samedi, pour la réception de l’Usap à Jean Bouin.
C’est à l’échauffement que Steven Setephano, le capitaine grenoblois, s’est fait mal à l’ischio-jambier. Il a dû déclarer forfait pour ce match et fut remplacé par le jeune Antonin Berruyer.