Midi Olympique

LAIDLAW HABITE AU 9 BIS

NOMMÉ PARMI LES CINQ MEILLEURS JOUEURS DE LA DERNIÈRE COUPE DU MONDE, LE CAPITAINE DE L’ÉCOSSE VIT, EN AUVERGNE, DANS L’OMBRE DE PARRA. MIEUX QU’UN REMPLAÇANT, POURTANT.

- Par Léo FAURE, envoyé spécial leo.faure@midi-olympique.fr Auteur de dix-sept points et un 100 % au pied, Greig Laidlaw a remplacé Moragn Parra au pied levé, comme à son habitude.

Tout avait commencé de manière très profession­nelle, trop même, flirtant dangereuse­ment avec la limite du discours lénifiant qui saccage bon nombre de conférence­s de presse. « En première période, nous avons donné trop d’opportunit­és à Perpignan de se mettre en valeur. Nous avons rectifié ça avec une bonne deuxième mi-temps, qui nous a permis de sécuriser la victoire. Nous avons bien fait le boulot. » Laidlaw, vendredi, veille du match, devait commencer sur le banc. Avant d’être propulsé titulaire en dernière minute, après le forfait de Morgan Parra, malade. La situation aurait pu lui donner un peu de grain à moudre au moment de se confier, quelques minutes après sa superbe prestation, ponctuée d’un sept sur sept au pied. Alors ? Pas mieux. « Ce n’est pas grand-chose, pas un grand bouleverse­ment au regard de mon expérience. Et puis, le rôle du 9 est toujours le même : sentir le sens du match et prendre possession du rythme pour imposer celui qui convient le mieux à son équipe. »

« NON, JE NE SUIS PAS LE NUMÉRO 2 »

Laidlaw pose là, stoïque, visage peu expressif, voix grave et cet anglais d’Écosse, à l’accent lourd comme un menhir. « Je suis un pro, je connais mon boulot, que ce soit en titulaire ou remplaçant. Je suis toujours prêt à jouer, je crois que le match l’a montré. » Cette froideur apparente est aussi celle qui lui a permis d’apporter du calme à son équipe, samedi, quand l’Usap poussait pour recoller au score. L’Écossais a été recruté pour cela, il y a dix-huit mois. Son expérience immense du niveau internatio­nal (66 sélections), son sens tactique rare et sa capacité à rester froid, dans les moments décisifs, quand le reste de l’équipe prend la fièvre. Problème : ce portrait-robot ressemble étrangemen­t à celui de Parra, l’autre demi de mêlée internatio­nal du club. Et tout capitaine de l’Écosse qu’il est, Laidlaw vit dans l’ombre de l’enfant de Bourgoin. Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany Le sujet, d’ailleurs, apparaît sensible. À son évocation, Laidlaw brise son masque de fer et se fait plus ferme. Extraits de la conversati­on : —« Malgré votre statut, vous êtes souvent le numéro 2 à Clermont, derrière Morgan. Comment vivez-vous cette situation ? » —« Je ne suis pas le numéro 2. » —« Tout de même, on voit bien que, dans les matchs au sommet, il est le plus souvent titulaire. » —« À aucun moment je ne me considère comme un numéro 2. Jamais. »

PARRA, PARADOXALE­MENT, EST UNE

DES RAISONS DE SA VENUE EN AUVERGNE

Passé la froide réponse du compétiteu­r meurtri, Laidlaw développe. Et son propos s’entend aisément. « On me pose toujours cette question du temps de jeu et de la hiérarchie avec Morgan. Mais je n’ai pas besoin de jouer toutes les semaines, vous devez le comprendre ! Morgan est plus jeune, il peut encore se le permettre. Moi, j’ai 33 ans et je n’ai plus envie de ça. C’est d’ailleurs une des raisons qui m’ont convaincu de signer à Clermont. » Parce qu’il y avait Morgan Parra, justement. Parce que Laidlaw savait qu’avec ce niveau de concurrenc­e, il ne serait pas un titulaire indiscutab­le, attendu comme le sauveur et sur le pont tous les week-ends. « Mon choix était une réflexion globale. Je donne tout pour l’ASM quand j’enfile ce maillot. Mais le Top 14 est un championna­t long et éprouvant. À mon âge, je ne voulais pas y laisser trop de jus et compromett­re mes performanc­es avec l’Écosse. J’ai pu vérifier en novembre que la gestion de mon temps de jeu par le staff me permet d’arriver frais pour les rencontres internatio­nales. » Logique, en fait. Foin de polémique. Mais Laidlaw y revient pourtant. « Je le répète : je ne suis pas le numéro 2. D’aucune manière. »

Sur le sujet, Franck Azéma joue aussi la montre. « Leur concurrenc­e me plaît car les deux sont capables de s’effacer derrière les intérêts du collectif. Et les grands matchs ne sont pas encore arrivés. Quand ils viendront, je verrai bien qui je ferai jouer. Pour l’instant, ils ont un temps de jeu assez similaire. » Certes. Mais Morgan Parra, installé depuis 2009 à Clermont, tient dans sa poche les clés du stade, du vestiaire et des hommes qui le composent, ainsi que celles des deux Brennus du club auvergnat (2010, 2017). « Morgan, je n’ai pas vraiment de consignes à lui donner avant d’entrer sur un terrain, disait aussi Azéma il y a un mois. Il connaît le projet de jeu aussi bien que moi, peut-être mieux. » Impossible, alors, d’imaginer qu’au moment venu des grands matchs, un Parra à 100 % ne soit pas titulaire. Repoussant inexorable­ment Laidlaw sur le banc.

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