JAMAIS SANS LES AUTRES
LE CENTRE PIERRE AGUILLON A INSCRIT UN DOUBLÉ SAMEDI. UNE PERFORMANCE QUI RAPPELLE COMBIEN LE JOUEUR, VICE-CAPITAINE DEPUIS CETTE SAISON, CULTIVE LE SENS DU COLLECTIF.
Et les Bagnards rochelais, supporters reconnaissables à leur tenue bariolée en jaune et noir, ont entonné son nom. En fin de match, pour la énième fois, c’était encore lui. Ils avaient raison les Bagnards. Pierre Aguillon, le centre gersois au bandeau, promu vicecapitaine cette saison, au même titre que Zeno Kieft et Romain Sazy pour épauler le capitaine Victor Vito, n’a pas manqué de taper dans l’oeil du public par sa performance, un doublé comme l’ailier Marc Andreu (sans oublier l’action de l’essai de pénalité). « Je ne vais pas mentir ! Quand ton nom est scandé dans un stade de 16 000 personnes, bien sûr que ça fait plaisir », réagi Pierre Aguillon.
Samedi, le centre a en effet donné du fil à retordre à la défense du Castres olympique. Comme sur son deuxième essai, au retour des vestiaires, où il hérite de la balle d’une passe croisée inspirée de Jérémy Sinzelle à hauteur de la ligne médiane. D’un crochet, il file droit à l’en-but, résistant à quatre plaquages. Imparable. « C’est parce que le terrain est gras, ça nivelle un peu. Moi, ma pointe de vitesse, elle ne bouge pas. Du coup, les autres vont un peu moins vite, c’est pour ça ! », sourit-il, non sans humilité, quant à ce sprint rageur de plus de 40 mètres, qui lui permet de comptabiliser quatre essais depuis le début de saison en Top 14, soit un de moins que Marc Andreu, le meilleur marqueur rochelais.
Sa performance du week-end a été saluée par le public mais aussi par Xavier Garbajosa. « Pierre était en jambes, plutôt dynamique et a amené une vraie plus-value », souligne l’entraîneur des arrières, tout en rappelant aussi pourquoi il est devenu vicecapitaine depuis quelques mois. « C’est un leader dans l’âme, il donne beaucoup. C’est un garçon qui se sacrifie pour les autres. »
IL SE PINCE POUR Y CROIRE
Aguillon, arrivé en 2015 sur les bords de l’Atlantique où il a prolongé jusqu’en 2021, s’est rapidement distingué par son punch et son entrain au sein de l’effectif. Le joueur de 31 ans est réfléchi, et posé. Mais c’est un compétiteur né une fois un maillot endossé. Il dit encore « se pincer » de jouer en Top 14, après de nombreuses saisons passées en Pro D2 à Auch, Grenoble et Carcassonne. Il n’est pas du genre - et certainement même l’un des derniers - à tirer la couverture pour lui-même. « C’est toujours sympathique de marquer des essais au rugby mais on ne fait pas ça tout seul. Un joueur seul sur le terrain n’est rien. Si tu as des espaces et que tu en profites, c’est que le travail a été fait avant. C’est toute l’équipe qui a su tenir son rôle malgré le peu de préparation. »
Ce statut de leader, Pierre Aguillon le porte, et l’assume comme lorsqu’il analyse cette reconquête du bonus offensif en fin de match, après les deux essais castrais. « Cette équipe, elle montre qu’elle a une grosse force de caractère en allant rechercher le bonus offensif. Et c’est bien, car quand tu n’as pas ça, c’est compliqué. Je dirais que c’est le minimum syndical mais c’est vrai que quand tu t’appuies là-dessus, tu peux déjà voyager. On est porté sur un jeu d’attaque, et ça fait du bien d’arriver à se faire des passes, d’arriver à breaker la ligne. Je pense que ça peut nous faire du bien pour la suite. On ne va pas bouder notre plaisir car c’est une victoire à cinq points mais il faut rester mesuré. » Le staff rochelais compte sur Pierre Aguillon pour le répéter, si certains prendraient la grosse tête.