Meilleurs vieux !

Ah, le fameux amalgame entre les jeunes et les anciens… Tirade, banale au point d’être propulsé au rang officiel de cliché dans notre métier, qui nous est servie à longueur d’interviews en conférence de presse quand il n’y a rien de plus intéressant à dire. Bien sûr, on se doute qu’il vaut mieux avoir dans son groupe quelques promesses géniales entourées d’expérimentés encore performants. Une évidence. Mais il faut bien reconnaître que, ces derniers mois, nous spécialistes et observateurs du monde ovale avons été frappés de « jeunisme » exacerbé. Aucun regret, on assume. Et le titre de champion du monde glané par nos moins de 20 ans en juin nous a procuré tant de bonheur, au coeur d’un ciel français assombri par de trop longues années de fiasco à répétition, qu’il convenait - sous le charme des Bamba, Joseph, Carbonel, Ntamack, Laporte et consorts - de s’emballer enfin. Et de réclamer leur présence sur la moindre feuille de match qui passe pour remplacer ces mecs de dix ou douze ans leurs aînés, recrutés à l’autre bout de la planète. Mais allez, en ces périodes de fêtes qui incitent pourtant à la déraison, faisons aussi preuve de sagesse et avouons que c’est aussi parfois dans les vieux pots que… Vous connaissez la suite. L’idée nous est venue voilà quelques jours, après la prolongation de Julien Puricelli au Lou. À 37 ans, le capitaine lyonnais n’a jamais été aussi bon. Car il a su, à force de rigueur et d’intelligence, faire évoluer sa façon de se préparer et adapter son hygiène de vie pour durer et s’épanouir encore. Forcément, une aubaine quand on sait son influence sur le groupe. Idem pour Tekori (35 ans) et Kaino (35) à Toulouse, Ryan (35) au Racing, Zirakashvili (35) à Clermont, Cobilas (35) à Bordeaux, Taufa (35) à Grenoble ou Messam (34) à Toulon. Ceci quand James, à 37 ans, tient la baraque en l’absence de Jalibert à l’UBB. Et Castres aurait-il été champion sans Capo Ortega et ses 38 printemps dans le groupe ? Poser la question, c’est y répondre. Alors, s’il y en a qui prolongent le plaisir d’une carrière un peu trop à notre goût (et à celui du trésorier du club), il y en a d’autres qui vieillissent bien, très bien même, et qui méritent d’altérer notre prétendue mauvaise foi.