Midi Olympique

Mouvement dans le staff et chez les joueurs

LE CONTRAT DE VINCENT ETCHETO NE SERA PAS RENOUVELÉ. IL VA DONC QUITTER L’AVIRON BAYONNAIS, SON CLUB DE COEUR. IL DRESSE UN BILAN SANS LANGUE DE BOIS.

- Propos recueillis par Jérôme PRÉVÔT jerome.prevot@midi-olympique.fr Photo M. O. - D. P.

Cette non-reconducti­on fut-elle une surprise, sur le fond et sur la forme ?

Non, je ne dirais pas que c’était chronique d’une mort annoncée, mais je sentais qu’après la fin de mon contrat, je n’allais pas être conservé, même si on travaille bien ensemble et que ça pouvait continuer. Sur la forme, je n’ai rien à dire, ça s’est passé entre gens de bonne compagnie. On a fait un bilan et on s’est engagés à bien finir la saison.

Vous a-t-on donné des arguments précis ? À vrai dire, on a le sentiment que vous et Yannick Bru n’avez pas le même style.

Nous sommes différents mais complément­aires. Yannick Bru a connu le haut niveau tout de suite. Mon parcours a été différent. Lui était talonneur, moi ouvreur. Nous avions sans doute une vision différente. Mais je comprends aussi qu’il ait eu envie de redémarrer d’une page blanche, de se sentir plus libre. J’étais plus vieux que lui, j’étais là depuis quatre ans, identifié comme très bayonnais. Peut-être que de mon côté, je trouvais que mon terrain d’expression était limité. Je pense que, en dépit de ce qu’on dit de moi — ego surdimensi­onné, ingérable — j’ai accepté d’être numéro 2, dans l’ombre et que je l’ai fait avec pudeur et profession­nalisme, alors que j’avais été numéro 1 entre 2015 et 2017. Yannick est plus cartésien que moi, mais c’est aussi le rôle d’un manager d’avoir un regard global sur la performanc­e de l’équipe, en termes de préparatio­n athlétique par exemple. Moi, quand j’étais manager… je ne l’étais pas vraiment. Ce qui me plaisait beaucoup, c’était le jeu offensif, je le fais encore, même si Yannick Bru intervient plus que Pierre Berbizier l’an passé. En fait, c’est aussi pour ça qu’on se sépare, nous n’avions pas tout à fait la même sensibilit­é. À un moment donné, on aurait eu des mésentente­s, même si ce n’est pas arrivé pour l’instant et que ça n’arrivera pas cette saison.

Pourquoi ce tweet un peu énigmatiqu­e qui dit que les supporters seront contents de votre départ ?

Je voulais dédramatis­er ce moment. Il y a un peu de provocatio­n car j’ai été adulé quand on est montés en 2016, puis très critiqué par la suite. Je fais remarquer que nous avions quand même gagné six matchs plus trois matchs nuls. Quand je vois que Perpignan est toujours à zéro victoire avec un super staff, et après une super saison en Pro D2… J’ai vécu une forme de dépit amoureux. Je n’oublie pas les commentair­es pas sympas vis-à-vis de Pierre Berbizier et de moi la saison dernière.

Vous êtes-vous bien entendu avec Pierre Berbizier l’an passé ?

Oui, très bien. Franchemen­t, il m’a beaucoup appris, j’ai beaucoup de respect pour lui. Mais il n’aurait peutêtre pas dû revenir sur le terrain. Il y avait un décalage entre lui et les plus jeunes. Mais son problème, c’est qu’il est arrivé dans un club perturbé en coulisses. C’est la différence avec Yannick Bru qui travaille avec un président qui est son ami. Il évolue en confiance.

Quels sont vos meilleurs souvenirs ?

Le super rugby qu’on a joué en Pro D2 en 2015-2016 avec une première victoire à Albi très importante. Je crois que j’y étais pour quelque chose. Quel plaisir on a pris alors qu’au premier entraîneme­nt, avec Nicolas Morlaes, nous avions trouvé treize joueurs.

Avez-vous des regrets à propos de votre saison de Top 14 ?

Oui, je n’ai pas été assez dur avec moi-même, avec les joueurs, et avec mon jeune staff qui n’a pas répondu aux exigences. Dewald Senekal s’est coupé de l’équipe, ce qui l’a coupée en deux. Les présidents ont aussi laissé partir Du Plessis à Montpellie­r. Des recrues internatio­nales comme Cittadini et Donnelly ont été trop décevantes. Le banc n’était pas au niveau, on ne pouvait pas faire de rotation. On prenait des roustes à l’extérieur.

Avez-vous le sentiment d’avoir permis l’éclosion de jeunes talents ?

Oui, Baptiste Chouzenoux, Martin Laveau, dont l’entraîneur des espoirs me disait qu’il n’avait pas le niveau ; Toma Taufa, Julien Tisseron. Sur 43 joueurs utilisés cette année, il y en a 37 qui jouaient dans les trois dernières années. Même si ça n’a pas toujours été facile de travailler avec le secteur amateur de l’Aviron.

L’Aviron de cette année, vous le trouvez satisfaisa­nt ?

Oui, mais on ne se libère pas assez offensivem­ent. Nous devrions mettre plus d’huile dans les rouages sur le plan collectif, car nous n’avons pas de joueurs surpuissan­ts pour faire la différence individuel­lement. Nous sommes une équipe typique de Pro D2 avec une très bonne condition physique grâce à Ludovic Loustau, et une bonne défense grâce à Eric Artiguste.

Avez-vous des pistes pour votre avenir ?

Non ! Ce n’est pas que je n’en veux pas, mais pour l’instant, j’ai envie de me poser car je vais être papa dans un mois. J’entraîne depuis quinze ans, alors j’attends une propositio­n qui me plaise vraiment.

Votre style, proche de vos joueurs, capable de boire des coups avec eux, est-il toujours d’actualité ?

Ce n’est pas une question d’actualité, mais de personnali­té. Je suis comme ça, j’aime discuter avec les jeunes, mais aussi avec les vieux, vous savez. J’ai de l’empathie naturellem­ent pour les autres. Pour moi, le respect doit être naturel, je n’aime pas mettre de barrières. Le respect n’empêche pas de taper sur l’épaule, de demander comment va la famille. Et puis, je n’ai pas fait d’excès avec mes joueurs. On ne prête qu’aux riches et, avec moi, on a été généreux.

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