Midi Olympique

TANT PIS POUR LA DOUCHE

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Trois semaines qu’on s’acharne, qu’on relance chaque jour pour obtenir, en marge de la tournée des Bleus en Nouvelle-Zélande, un grand entretien de Steve Tew, le patron de la Fédé NZ. L’homme a un agenda du genre copieux, entre l’Europe, l’Asie et sur son île du Pacifique. Jusqu’ici, son attaché de presse nous répond toujours la même chose. « Je fais au mieux, mais difficile de trouver un créneau horaire… Je vous tiens au courant. » Par expérience, ça sent la version la version polie du « tu nous saoules. Oublie, tu ne verras jamais Steve ».

Malgré tout, on insiste. Au moins pour ne rien regretter. Deuxième semaine de tournée, à Wellington. 2 heures du matin, dans la nuit du jeudi à vendredi. Le téléphone

sonne, un mail vient de tomber. 2 heures du mat’, sérieuseme­nt ? « Steve est OK, demain à 11 heures dans son bureau de la NZRU. Vous aurez une demiheure. OK pour vous ? ».

Pas de problème, j’en fais mon affaire. Réveil à 8 h 30, petit-déjeuner et direction la douche. En chemin, un nouveau mail qui tombe. « Finalement, une seule possibilit­é,

à 10 heures. C’est bon pour vous ? » Il est donc

9 h 15, je ne connais pas une rue de Wellington et dans 45 minutes, je dois voir un top 3 des décisionna­ires du rugby mondial dans son bureau, dont j’ignore jusqu’à l’adresse. Tant pis pour la douche, je fonce. 9 h 55, le taxi me jette devant le siège de la NZRU. Pari réussi. Ça valait le coup. Au cours d’un entretien qui dura finalement

45 minutes, Tew aura livré les clés du modèle néo-zélandais et un oeil acéré sur celui du rugby français. « Votre système est certaineme­nt le pire. » Merci pour la franchise. Et cette confidence, en fin d’entretien. Le jour même, Julian Savea est annoncé en France du

côté du Toulon. « J’ai vu ça, effectivem­ent. Si c’est son choix de partir en France, je le respecte. Mais je vais vous faire une confidence : ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour le rugby néo-zélandais. C’est une mauvaise nouvelle pour vous, les Français. Julian Savea est un grand joueur, mais nous avons ce qu’il faut pour le remplacer. En revanche, chez vous, il va prendre la place d’un bon jeune qui, à terme, aurait pu prétendre à la sélection. C’est là tout votre drame. »

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